Avis :
Outre le fait de trouver une maison de disque, un label, pour avoir un peu plus d’argent pour faire ses disques, le plus dur dans un groupe, c’est de trouver un nom. Il faut quelque chose qui claque et qui a une signification, sinon, ça ne marche pas forcément auprès du public visé. Car oui, si on s’appelle Mammouth Rose et que l’on fait du Grindcore, il y a peu de chance que ça marche (quoi que). Pour les suédois de W.E.T., le choix a été vite fait. Car si le mot veut dire « mouillé » en anglais, et qu’il correspond au côté sirupeux in love de l’AOR que le groupe pratique, il a aussi une signification propre au groupe, à savoir les initiales des trois premiers groupes de chacun des membres (Work of Art, Eclipse et Talisman).
Earthrage est le troisième album de W.E.T. paru en 2018 chez Frontiers Music, un label qui se fait un malin plaisir de produire tous les groupes de Hard mélodique qu’il trouve sur son passage. Et globalement, ici, on n’aime pas vraiment l’AOR, car c’est trop dégoulinant, c’est trop mou, et l’ensemble manque d’une verve percutante. Est-ce le cas avec cet album, et ce groupe ? Oui et non. Le début est assez tonitruant. Watch the Fire débute avec une introduction plutôt sympathique, avec une bonne batterie et un bon riff, puis le chant est très typique du genre, mais il est juste et plutôt joli. La surprise sera donc au rendez-vous, surtout quand commence le refrain, assez classique, mais qui reste immédiatement en tête, et s’avère relativement fédérateur. Les suédois maîtrisent leur sujet et offrent un premier titre accrocheur et d’un point de vue musical, assez intéressant.
Burn va continuer sur ce bon chemin, malgré un démarrage très 80’s avec un clavier très omniprésent qui va adoucir les riffs. Néanmoins, le rythme est bon, et on va se surprendre à se prendre au jeu, même si on trouve ça un peu ringard. A vrai dire, il est difficile de ne pas imaginer ces types avec les cheveux longs, des lunettes de soleil new Age et un air charmeur à chaque pause dans le chant. Si au moins, c’était du second degré, ce serait drôle, comme pour le groupe Nestor, mais on sent bien que là, tout est premier degré. Puis Kings on Thunder Road continue cependant la bonne impression que l’on peut avoir du groupe. C’est assez nerveux, bien produit, on ressent un amour pour le Hard, et même si ça reste un peu cliché sur les bords, on prend du plaisir à l’écoute.
Mais les choses vont se corser avec Elegantly Wasted. Le titre débute de la pire des façons, avec des violons et un chant sirupeux, pour ensuite nous pondre un mid-tempo qui pue la ballade des années 80. Alors, la chance pour ce titre, c’est qu’il détient un refrain tellement cliché, qu’il rentre immédiatement en tête, et il est difficile de s’en défaire. Heureusement, le groupe rattrape le coup avec Urgent, un titre assez court, nerveux, et qui lorgne plus vers le Hard que le côté mélodieux à deux balles. On reprend du plaisir, surtout grâce à des riffs plus agressifs et une batterie qui se fait plus percutante. Dangerous ira un peu dans le même sens, même si on sera tout de même sur quelque chose de plus calme. Mais le refrain reste intéressant et plutôt bien fichu. Il y a un vrai sens de la mélodie là-dedans.
Bon, par contre, par la suite, il va falloir se fader des titres qui sont bien moins percutants. Calling Out Your Name fleure bon les sentiments amoureux et le rythme baisse drastiquement pour nous livrer un truc rose bonbon inepte. Puis Heart is on the Line sera le pompon avec une ballade désuète et complètement ringarde. On imagine le clip se déroulant sur un bord de mer, et on a envie de crier à l’aide. I Don’t Wanna Play That Game joue dans la même catégorie, avec un peu plus de nerf. Et The Burning Pain of Love sera du même acabit, malgré une volonté de pousser un peu plus. Et enfin, The Never-Ending Retraceable Dream manquera d’un truc en plus pour clôturer cet album. Ce n’est pas mauvais, mais ça reste très cliché, et le groupe ne s’extirpera jamais de cette image 80’s qui lui colle à la peau.
Au final, Earthrage, le troisième album de W.E.T. n’est pas un mauvais album en soi, mais il faut aimer ce style rétrograde qui semble fait pour les nostalgiques des années 80. Si certains titres sortent un peu du lot, ils sont tout de même loin de la « rage » promise par le titre de l’album. On reste donc dans de l’AOR assez balisé, sans une once de nouveauté, et c’est un peu dommage, car on sent que les suédois en ont sous la pédale, mais préfèrent se contenter d’un genre qu’ils apprécient, sans prendre de risque…
- Watch the Fire
- Burn
- Kings on Thunder Road
- Elegantly Wasted
- Urgent
- Dangerous
- Calling Out Your Name
- Heart is on the Line
- I Don’t Wanna Play That Game
- The Burning Pain of Love
- The Never-Ending Retraceable Dream
Note : 13/20
Par AqME