De : Dania Reymond-Boughenou
Avec Camélia Jordana, Khaled Benaissa, Shirine Boutella, Mehdi Ramdani
Année : 2024
Pays : France, Belgique, Algérie
Genre : Drame, Fantastique
Résumé :
D’étranges tempêtes de poussière jaune s’abattent sur la ville. Nacer, journaliste, couvre le phénomène pour son journal. Alors que les évènements inexpliqués se multiplient, sa femme Fajar réapparaît. Face à des vents de plus en plus menaçants et tandis que la ville semble sombrer dans la folie, Nacer devra dénouer un passé qui le hante.
Avis :
Réalisatrice franco algérienne, Dania Reymond-Boughenou est une nouvelle venue dans le paysage du cinéma, puisque la jeune femme de quarante-deux ans présente avec « Les tempêtes » son premier long-métrage. Mais avant d’en arriver là, Dania Reymond-Boughenou a fait des études aux beaux-arts en section cinéma, avant de se lancer dans la réalisation de courts-métrages en 2010. En dix ans, elle va réaliser trois courts-métrages qui vont se faire joliment remarquer en festival.
Avec « Les tempêtes« , Dania Reymond-Boughenou passe un cap, et réalise donc son premier long, et c’est un premier film plutôt ambitieux, puisqu’avec « Les tempêtes« , il va être question d’étranges phénomènes, avec une sorte de poussière jaune qui se répand petit à petit sur une ville, et avec elle, le retour de personnes disparues. Dès que je suis tombé sur sa bande-annonce, « Les tempêtes » m’a donné envie de m’y arrêter, car le projet avait l’air aussi intéressant que mystérieux, car en plus de tout cela, il proposait une enquête journalistique, ainsi qu’un dépaysement dans une ville quelque part en Algérie. Mais voilà, après une ouverture de film intrigante, « Les tempêtes » est un film qui peine vraiment à captiver, la faute à un scénario qui s’égare dans ses idées, et un manque de rythme qui fait que très vite l’ennui s’installe.
« »Les tempêtes » a son petit cachet. »
Une poussière jaune s’étend un peu n’importe où et personne ne sait vraiment d’où cela vient. Nacer, un journaliste, enquête sur ce phénomène et alors que des événements étranges se produisent, Nacer voit sa femme, Fajar, réapparaître après des années et des années d’absence. Comment est-ce possible ? Et que faire pour la réintégrer, alors qu’une tempête de poussière jaune approche et que la ville a l’air de sombrer dans le chaos.
En 2004, Robin Campillo, réalisateur césarisé pour « 120 Battements par minute« , sortait « Les revenants« , un film où, comme son titre l’indique, ceux qui ont trépassé revenaient à la vie et tout le film posait la question de quoi faire avec ces revenants ? Comment les réinsérer dans la société et dans leur famille ? Et bien « Les tempêtes« , c’est ça, mais déplacé en Algérie, et avec une idée de tempête de poussière qui viendra semer la pagaille en ville.
L’idée de parler de revenants n’est pas un spoil en soi, puisque la mort du personnage de Fajar est annoncée dès les premières minutes du film, et c’est d’ailleurs ce qui pique l’intérêt, tout comme « Les revenants » de Campillo l’avait fait. Mais très vite, après cela, le film retombe, et même s’il continue à soulever quelques réflexions qui sont intéressantes, sur son ensemble, il n’arrive pas à nous tenir, et c’est assez frustrant. Oui, je dis frustrant, car si l’on s’aventure du côté technique du film, « Les tempêtes » a son petit cachet. L’ambiance mystérieuse est bien tenue, avec parfois un sentiment d’étouffement. Ensuite, visuellement parlant, c’est très bien filmé, allant même jusqu’à offrir des plans dantesques, comme l’arrivée de cette tempête de poussière sur la ville, ou encore certaines scènes pendant la tempête. Puis il y a ce plan final, qui est assez touchant et joliment imaginé et construit.
« son intrigue n’arrive pas à nous tenir d’un bout à l’autre. »
Avec ça, il faut aussi compter sur son duo d’acteurs principaux, Khaled Benaissa en mari perdu avec le retour de sa femme, et Camélia Jordana en femme fantôme qui n’a pas encore compris ce qui lui arrivait.
Bref sur ces côtés-là, le film de Dania Reymond-Boughenou est intéressant et bien fichu, mais voilà, sur une heure et demi, son intrigue n’arrive pas à nous tenir d’un bout à l’autre. Ou plutôt, elle nous tient comme un accordéon, c’est-à-dire qu’elle nous rattrape à plusieurs reprises, pour nous relâcher tout autant de fois, et au bout de tout ça, on finit par s’ennuyer devant ces « … tempêtes« , car on ne comprend finalement pas vraiment où la réalisatrice veut aller avec son histoire.
Alors il y a bien quelques métaphores qui sont jolies, comme l’idée de tempêtes qui est une frontière entre le monde des vivants et celui des défunts, mais cette errance, ces personnages égarés et silencieux, ou encore cette histoire entre une étudiante et le frère de Nacer, n’arrivent pas à nous captiver. Bien souvent, on se pose la question du pourquoi et du qu’est-ce que ça vient faire là ? Puis comme le montage est très lent, profitant des silences de ses personnages, malheureusement, on finit par décrocher. Le film arrivera bien à nous rattraper l’espace de quelques instants, mais ça ne sera jamais assez.
Au bout du compte, « Les tempêtes » est un premier film aussi audacieux qu’il fait pschitt. Sorte de « … revenants« , moins prenant que le film de Robin Campillo, Dania Reymond-Boughenou démontre pourtant un certain talent, que ce soit dans la création de son ambiance, ou dans ses idées de mise en scène, ou encore les réflexions qu’elle soulève, mais face à un film silencieux, qui se perd entre son idée de revenants et ses tempêtes et ses personnages secondaires, on restera finalement dans l’attente que le film nous prenne vraiment, et ça, malheureusement, ça n’arrivera jamais. Dommage.
Note : 08/20
Par Cinéted