mars 28, 2024

120 Battements par Minute – Du Cœur à l’Ouvrage

De : Robin Campillo

Avec Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel, Antoine Reinartz

Année : 2017

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d’Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l’indifférence générale.
Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean.

Avis :

Il se fait discret Robin Campillo, pourtant, on a à faire ici à un sacré bon réalisateur et scénariste qui marque plus le cinéma qu’il n’y parait. S’il n’a que trois films à son actif en pratiquement plus quinze ans, on notera que c’est lui qui a inspiré la série évènement « Les revenants« , avec un film du même nom sorti huit ans avant. On retiendra aussi sa plume qu’il a souvent mise au service de son ami Laurent Cantet. Une plume qui a beaucoup contribué à la palme d’or de Cantet pour son film « Entre les murs« .

Après la sortie express d’ »Eastern Boys » en 2014, Robin Campillo, poussé par sa productrice, s’est lancé dans une histoire qui lui tenait à cœur depuis bien des années, celle de raconter les mouvances d’Act-Up, dont il a fait partie au tout début des années 90.

Le film qui a brisé les cœurs du dernier festival de Cannes mérite bien tous ses éloges. Bouleversant, poignant, fort et pudique à la fois, Robin Campillo nous livre ici plusieurs films en un seul et même si « 120 battements par minute » est obligatoirement un film politique qui prend position, même si « 120 battements par minute » est un film courageux, il est avant tout une très belle leçon de vie et une magnifique histoire d’amour, qui va bien plus loin que toute sexualité confondue. C’est donc un énorme coup de cœur pour un film de deux heures et demie, qui passe comme une demi-heure.

Début des années 90, le Sida sévit depuis presque dix ans maintenant et les espoirs se font plus que fragiles. Parmi toutes les associations, l’une d’entre elle se fait plus « violente » que les autres. Cette association, c’est Act-Up. Parmi ses membres, Act-Up accueille un petit nouveau, Nathan. Et c’est à travers Nathan, et son regard, que l’on découvrira cette association radicale, pleine de rage, mais aussi d’amour et de courage.

On en a entendu parler de ce « 120 battements par minute« . On peut dire qu’il a fait couler beaucoup d’encre et qu’en général, le film fait l’unanimité. Mais en a-t-on trop fait ? La réponse est clairement non, tant le troisième film du doué Robin Campillo est un élan d’émotion, qui fait vraiment passer une salle de cinéma du rire aux larmes.

Engagé, pour ne pas dire enragé, Robin Campillo nous entraîne avec force et réalisme au plus proche de l’association Act-Up. Leurs luttes, leurs engagements, leurs envies de faire bouger les choses, car ils ne peuvent faire autrement. Leurs réunions hebdomadaires, les débats animés, les assauts sauvages et bien souvent chocs. Puis les personnes qui font vivre Act-Up, ou encore les liens entre amour et prise de bec qui les unit. Bref, Robin Campillo, dans un film « fleuve », a réussi à filmer et capturer l’électricité qui régnait dans cette association militante. « 120 Battements …« , c’est une tempête qui nous emporte et qu’on ne voit pas arriver. Ce qui est tout bonnement génial avec ce film, c’est la montée crescendo de l’émotion que Robin Campillo et ses comédiens ont parfaitement su orchestrer, alors même qu’on devine d’avance comment l’intrigue peut évoluer. « 120 Battements … « , c’est d’abord un film militant, qui retranscrit très bien le début des années 90. Aidé de ses propres souvenirs, Robin Campillo expose les problèmes avec beaucoup de bienveillance. Son film est parfois technique et précis sur les traitements. Il n’hésite pas à dénoncer et pousser loin le sujet, mais malgré tout, jamais le réalisateur ne nous perd. Tout est clair et compréhensible, appuyé par une mise en scène passionnante.

Puis peu à peu, Campillo installe ce qui va être une histoire d’amour bouleversante. Une histoire d’amour merveilleuse, simple, belle et pudique. Une histoire d’amour qui prend aux tripes, où chacun peut s’y reconnaître. Hétéro, homo, bi, trans, cette histoire d’amour est universelle et Campillo la filme avec pudeur, réalisme, s’approchant au plus près des sentiments, des sourires, des corps bien portants ou malades et bien sûr des peurs. On notera aussi que malgré la tristesse infinie et la dureté de cette histoire, Robin Campillo évite tout misérabilisme et autres clashs pour faire du drame et clichés. Ici, l’émotion naît par la force et la vérité de ses personnages. Des personnages qui sont d’ailleurs incarnés par une bande de comédiens qu’on découvre et qui sont chacun d’eux de véritable révélation. Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Antoine Reinartz, Mehdi Touré, Aloïse Sauvage, il y a du César dans l’air… Chacun d’eux va être touchant et vrai, et il est clair que cette bande de comédiens, on va en entendre parler.

« 120 battements par minute » est donc bel et bien le bijou de cette fin d’été. Ambitieux, engagé et sublime, Robin Campillo a parfaitement su nous raconter cette époque, ces problèmes, et ces histoires, et nul doute que son film fera partie des plus beaux et émouvants films qu’on aura vu cette année.

Note : 18/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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