octobre 9, 2024

The Oregonian

De : Calvin Reeder

Avec Lindsay Pulsipher, Robert Longstreet, Matt Olsen, Lynne Compton

Année : 2011

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Une belle jeune femme, « L’Oregonian », cherche à fuir un passé que l’on imagine houleux et traumatique. En traversant un bois, elle renverse sa voiture dans un fossé. Blessée et confuse, L’Oregonian titube le long de la route, essayant d’échapper au lieu de l’accident et cherchant de l’aide. Elle marche vers son point de départ, puis fait face à une mystérieuse lumière aveuglante et à un son aigu et irrégulier qui lui déchire les tympans. Elle se retrouve de nouveau sur le lieu de l’accident. Bouleversée, L’Oregonian reprend sa fuite et s’enfonce dans un monde qu’elle reconnaît à peine.
Ailleurs.
Ailleurs où les ciels sont vastes et les forêts sont touffues et inhospitalière.
Ailleurs où l’on peut rencontrer des routiers dans le pétrin et des vieilles femmes aux pouvoirs surnaturels…
Bref, dans tout ce que le Nord-Ouest américain a de mystérieux.

Avis :

Dans le monde de l’horreur, on tombe souvent sur de petits malins qui veulent rejoindre un cercle très fermé de cinéastes qui font leur carrière dans le domaine de l’épouvante. Dès lors, pour se faire remarquer, il faut marquer le pas et sortir quelque chose de soit profondément choquant, soit gore, soit expérimental. On se souvient encore Tom Six et son The Human Centipede, ou encore de Srdjan Spasojevic et son tumultueux A Serbian Film. Aujourd’hui, on peut raccrocher à ce wagon un certain Calvin Reeder, qui s’est remarquer avec des courts-métrages expérimentaux étranges et qui livre avec The Oregonian une suite logique de son travail. Bordélique, incompréhensible, flirtant constamment avec un aspect grindhouse, on peut dire que ce premier essai fascine comme il peut laisser sur le carreau, et malheureusement, c’est bien la dernière impression qui va prévaloir. Pourquoi un tel constat ?

Le film commence de manière très cryptique, avec une jolie jeune femme (Lindsay Pulsipher) qui récupère une bouteille de téquila et un portefeuille sur un type allongé au sol, ivre mort. Elle fait ses bagages et se tire en bagnole. Sauf qu’elle a un accident, tue un homme et sa fille, et est elle-même bien blessée. En cherchant de l’aide, elle tombe sur une succession de personnages tous plus étranges et dérangeants les uns que les autres. Il ne faut pas trop chercher bien loin et deviner que cette pauvre femme se retrouve en enfer et qu’elle est morte dans l’accident. Sans trop faire d’effort, le réalisateur essaye de semer le doute sur les pérégrinations de notre héroïne, qui va alors bien se rendre compte que les protagonistes qu’elle rencontre ne sont pas forcément normaux. De là découle alors un jeu de folie qui se met en place.

« On peut aussi reprocher au réalisateur de faire dans le graveleux là où il n’y avait pas besoin de la faire. »

En utilisant un format très granuleux et un effet de pellicule abîmée, le cinéaste espère renouer avec un cinéma Grindhouse, comme ont pu le faire Quentin Tarantino et Robert Rodriguez. Mais la sauce ne prend pas vraiment, car l’histoire flirte constamment avec le n’importe quoi et des éléments qui ne sont là que pour choquer. Outre cet effet grossier pour faire croire à un film fauché, on aura aussi droit à un montage particulier, basé sur des cut abrupts et des flashbacks qui peuvent être montés comme des images subliminales. On aura même droit à des superpositions d’images pour donner un aspect fantasmagorique qui ne marchera jamais. En effet, l’ambiance se veut crasseuse, poisseuse, avec une humanité dégueulasse, et certains effets ne fonctionnent pas. On peut aussi reprocher au réalisateur de faire dans le graveleux là où il n’y avait pas besoin de la faire.

Il faut dire que Calvin Reeder veut choquer avec une histoire glauque, qui montrerait le pire de l’humanité. Mais le problème, c’est que les personnages ne valent rien, provoquant souvent l’hilarité ou un sentiment dubitatif. On aura donc droit à la vieille qui ricane tout le temps et qui apparait de temps à autre. Il y aura aussi un chauffeur de véhicule qui cuit des œufs avec de l’huile de moteur. On peut compter sur l’homme déguisé en grenouille qui va violer l’héroïne alors qu’elle a le dos ouvert. Sans compter sur des personnages secondaires qui crient et crache un vieux liquide noir. Bref, tout est bon pour mettre en avant des personnages inutiles, sales et méchants, qui vont mener la vie dure à cette pauvre héroïne, qui n’aura même pas de prénom. Alors oui, on comprend bien que c’est le purgatoire et qu’elle paye ses péchés, mais c’est vulgaire.

« Le film est perclus de moments gênants gratuits, de passages inutiles. »

Et ça l’est d’autant plus lorsque le film aborde des aspects gores qui arrivent n’importe comment. Le coup du type qui viole l’héroïne pendant qu’un autre gars lui enfonce une omelette dans une plaie béante dans le dos, puis lui verse de l’huile de moteur, c’est juste du grand n’importe, uniquement présent pour choquer, voire dégouter. Il en va de même lorsque l’homme à l’omelette sort de son van pour pisser un coup, que ça dure trois plombes, et qu’au bout d’un moment, il pisse du sang, puis un liquide noir dans lequel il va s’évanouir. C’est d’une rare poésie. Le film est perclus de moments gênants gratuits, de passages inutiles, comme lorsque l’homme déguisé en grenouille se masturbe devant le personnage principal en tapant sur une baie vitrée. On se fout clairement de notre gueule.

Mais le plus nul dans tout ça, c’est l’impression de suivre un road trip cauchemardesque qui n’a pas d’enjeu. Même si le parti pris est de faire un film un peu extrême, comment se fait-il qu’il n’y ait aucune logique dans le cheminement mental de l’héroïne. Elle croise une vieille folle, tombe sur une petite ville abandonnée, hurle qu’il n’y personne et se demande pourquoi, puis elle monte dans le premier van qu’elle croise, avec un type très étrange dedans. Il est difficile de rester concentré devant un tel bordel et un si grand non-sens. Calvin Reeder joue toujours au plus con, et il termine son film comme il a commencé, dans un délire pseudo punk, où le protagoniste principal pète un câble et joue avec les cadavres du père et de sa fille. C’est bon, tu en as déjà assez fait avec tes viols et tes kikis qui saignent.

Au final, The Oregonian est typiquement un film pour se faire remarquer et espérer sortir de l’anonymat. Film qui se veut expérimental et extrême, il en résulte surtout un faux pas artistique incroyable et un scénario de grosse feignasse qui veut jouer au plus malin durant des festivals. Et à quelque part, Calvin Reeder a réussi son pari, puisque derrière ça il a enchainé un autre film d’horreur plus ambitieux et a participé à un film d’horreur à sketches. Néanmoins, cela n’empêche pas ce film d’être une purge immonde, qui ne raconte rien et qui tente d’être symbolique sur certaines choses, mais sombre dans un m’as-tu vu putassier cynique. A oublier.

Note : 03/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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