Avis :
De manière générale, c’est toujours un peu la galère pour les groupes de métal français de percer, la faute à une communication pas facile et à un genre qui se fait souvent dénigrer. En ce sens, Akiavel fait figure d’exception, tant en quatre ans le groupe a bousculé tous les codes pour s’imposer très rapidement comme une valeur sûre de la scène Death francophone. Formé en 2018, enchainant rapidement sur un EP, malgré la crise du Covid, le groupe sort son premier album en 2020, puis enchaîne l’année d’après avec un deuxième effort, Vae Victis. Fort de critiques plutôt élogieuses et de prestations scéniques qui vont marquer les esprits, les sudistes enchaînent alors avec un troisième opus en cette fin d’année 2022 avec Veni Vidi Vici, clôturant une trilogie qui a pour lien la lettre V. Mais une telle productivité peut-elle nuire à la qualité ?
Dès le départ, le groupe va prouver que non, on peut enfiler des albums comme des nouilles sur un fil en classe de maternelle sans pour autant sombrer dans la redite ou la fainéantise. Purgatory va mettre les choses au clair. Après une introduction sinistre qui pose une ambiance assez sombre, les riffs vont débouler, offrant alors un Death mélo parfait, qui donne bien envie de se casser la nuque. Auré continue d’offrir un chant growlé du plus bel effet, faisant la nique à de nombreux beugleurs masculins. (Help) me Too viendra confirmer tout le bien que l’on pense de ce début d’album, avec un démarrage sur les chapeaux de roues et un rythme qui ne va jamais baisser. On ressort rincé mais heureux d’en avoir pris plein la tronche. Et même si la construction s’avère classique, l’efficacité l’emporte sur le reste.
D’ailleurs, en parlant d’efficacité, il est rare de trouver une production aussi massive, que ce soit dans le métal français, ou dans un groupe aussi « jeune ». Même si on sait qu’il y a de gros parrains derrière Akiavel, comme Julien de Benighted, c’est très surprenant de trouver une telle qualité dans l’enregistrement. Souls of War viendra en attester, avec un son massif, puissant, véloce, qui démontre toute l’énergie du groupe. De plus, Auré peaufinera son chant, avec quelques passages plus « aigus », qui viendront donner un semblant Black à l’ensemble. C’est avec Bye ! que le groupe montre une autre facette de ses références. Le début en chant clair masculin, qui viendra marquer aussi le refrain, sera du plus bel effet, et surtout, il changera d’un canon masculiniste où d’habitude, c’est un chant clair féminin qui vient ponctuer les refrains ou les breaks.
Par la suite, Akiavel viendra nous mettre quelques bons coups de marteau dans les tympans. Alliant des éléments Death old School avec quelques blasts propres au Black, Witchcraft va montrer le côté sombre et extrême des français. Le côté mélodique adoucira quelques passages et permettra aussi de ne pas sombrer dans une sorte d’ultra violence sans intérêt. Les grattes arriveront à rendre l’ensemble presque touchant, notamment dans les refrains. Thoughts of a Survivor partira sur les mêmes bases, en fracassant tout sur son passage, reprenant les codes d’un Death simple mais efficace. Point de trop de douceur ici, on cherche à frapper fort et à ne pas laisser le temps à l’auditeur de reprendre son souffle. Si ce n’est dans le refrain, plus accessible. A Few Words for Love se voudra plus lourd, du moins dans son début, puis on aura droit à quelque chose de plus vif et percutant.
Reign of Lights, malgré son titre, est le morceau qui va posséder le riff le plus marquant de l’album. C’est bien simple, dès le départ, on a envie de bouger la tête en rythme, jusqu’à ne plus sentir ses vertèbres. C’est d’une redoutable efficacité et ça frappe à chaque écoute. Salvation va être un archétype du groupe. C’est-à-dire qu’il synthétise toutes les références de la formation, d’un Death mélodique presque classique, à des passages plus sombres et Black. Ce melting-pot est d’une grande réussite et montre la maturité insolente du groupe. Et histoire de bien conclure cela, Rape the Limit assènera un dernier coup de rein avec un démarrage qui trouverait parfaitement sa place en ouverture de concert. Encore une fois, Akiavel nous cueille et démonte la baraque dans un titre puissant, mais qui trouve toujours la limite avec une violence qui n’aurait aucun sens musical.
Au final, Veni Vidi Vici, le dernier album d’Akiavel, est une franche réussite qui permet de dire que le Death mélo en France est bel et bien vivant et vivace. Outre des morceaux maîtrisés parfaitement d’un point de vue technique, on retrouve aussi une envie de bousculer les codes et de faire bouger les salles, ce qui donne un ensemble énergique et puissant. En clôturant ainsi sa trilogie, les français assurent un spectacle de tous les instants et une forte envie de reviens-y. Un disque qui appelle la scène, et ben évidemment, le succès.
- Purgatory
- (Help) me Too
- Souls of War
- Bye !
- Witchcraft
- Thoughts of a Survivor
- A Few Words for Love
- Reign of Lights
- Salvation
- Rape the Limit (Veni Vidi Vici Album Version)
Note : 17/20
Par AqME