novembre 5, 2024

Belphegor – The Devils

Avis :

Il est toujours aussi amusant de voir à quel point le Black Métal se joue de son imagerie pour choquer, et forcément attirer le chaland. Formé au début des années 90, Belphegor a toujours suscité un certain émoi, la faute à des paroles sataniques et à des artworks assez équivoques sur leur musique. Pour autant, le groupe autrichien est toujours là, et semble plus vivant que jamais, alors qu’il a traversé des périodes difficiles menant à une pause en 2011, puis avec un seul et unique membre originel, Helmuth, qui s’occupe du chant et de la guitare. The Devils est le douzième album studio de la formation, qui voit entrer dans les rangs Molokh, pour rajouter un peu plus d’ampleur à la guitare. Il en résulte un album court, concis, mais grandiloquent, et qui démontre que le Black peut être accessible.

Car oui, ne nous voilons pas la face, le Black Métal est un genre très particulier, qui peut rebuter même ceux qui se revendiquent métalleux. D’ailleurs, de nombreux amateurs de Metalcore ou de Nu-Metal n’aiment pas le Black, et on ne peut pas les blâmer. Le genre est extrême, la musique est complexe, parfois à la limite du mélodique, et on retrouve aussi de longs titres qui n’ont pas forcément de refrains accrocheurs. Mais Belphegor fait fi de tout ça, et délivre un album avec huit morceaux seulement, pour un peu moins de quarante minutes d’écoute. Et c’est tant mieux, car cela permet de se focaliser sur l’essentiel, et de profiter de chaque piste qui embrasse des mélodies différentes, tout en restant dans un Black pur jus qui, de temps à autre, emprunte aussi au Death.

The Devils lance les hostilités avec un bon gros cri de démon qui annonce qu’il ne fera preuve d’aucune pitié, et le blast de David Diepold, alors invité sur l’album, nous cueille comme de jeunes vierges effarouchées. On plonge les deux pieds en avant dans un Black assez classique, qui ne laisse aucune chance à l’auditeur, qui va découvrir ce que violence veut dire. On se prend une torgnole du diable, et on va en redemander car on aura toujours une nappe mélodique derrière avec l’une des deux guitares, pendant que l’autre nous assène des coups de massue. C’est assez limpide malgré la lourdeur de l’ensemble, et on n’est pas voler sur la marchandise avec le gargarisme du chanteur. Bref, un énorme moment qui annonce la couleur du skeud. Un album noir, abyssal, qui ne laissera aucun moment de répit, tenant son concept jusqu’au bout.

Totentanz – Dance Macabre ira encore plus loin que la piste précédente, dans le sens où le blast sera omniprésent, et la violence encore plus accrue. Fort heureusement, en arrière-plan, on va retrouver une production de mammouth qui permet d’apporter des éléments plus aériens, plus doux, qui contrebalance l’ultraviolence du titre. De plus, ici, le refrain est assez marqué et reste bien en tête. Glorifizierung des Teufels nous surprendra sur son introduction, toujours aussi sombre, mais bien plus douce et insidieuse. Cependant, les autrichiens vont accentuer la lourdeur des riffs tout en gardant la mélodie pour mieux nous percuter. Mais l’intelligence de Belphegor va au-delà de ça, avec des passages plus calmes, qui permettent alors de nous plonger dans un monde noir et ténébreux, sans jamais en faire des caisses. Le refrain, tout en chœur masculin, est impressionnant, et démontre toute l’ambition de la formation.

Damnation – Hollensturz revient à quelque chose de plus gras, de plus puissant, et surtout de plus percutant. Même si on reste dans un registre de Black pure souche qui casse des crânes à tours de bras, on aura toujours des fulgurances plus calmes qui offriront autant de moments de répit avant de se reprendre une bonne mandale dans la tête. La réussite est impressionnante et force le respect. Virtus Asinaria – Prayer va aller tranquillement sur le chemin du Black Atmosphérique pour réussir à nous toucher avec quelque chose d’à la fois beau et glauque. Un signe indéniable d’une réussite totale, car il faut arriver à mélanger les deux sentiments au sein d’un même titre, et ce n’est pas du tout évident. Puis Kingdom of Cold Flesh revient à un Black plus traditionnel, plus direct, sans ambages, mais qui n’est pas dénué de mélodie pour autant.

En abordant Ritus Incendium Diabolus, on pourrait croire que le groupe revient à un titre long et sans trop d’originalité. Et pourtant, on trouve de tout dans ce morceau qui va s’avérer extrêmement addictif. Outre le gros blast de la batterie et les riffs juteux, on aura droit à un joli break sous forme d’incantation, qui va ensuite permettre de faire de jolis solos bien gras pour mieux nous donner envie de nous déboîter la nuque. Bref, il s’agit d’un titre d’une belle ampleur qui fait honneur au groupe. Et pour clôturer le tout, Creature of Fire va venir nous surprendre une fois de plus. Il s’agit d’une outro rudement bien fichue, avec ce qu’il faut de chant féminin et d’ambiance infernale pour nous faire comprendre que nous sommes perdus, et que les succubes prendront le pouvoir.

Au final, The Devils, le dernier album en date de Belphegor, est une réussite quasi-totale et vraiment impressionnante pour le groupe. Si on a toujours tendance à se méfier du Black pour sa redondance et son absence de mélodie, les autrichiens prouvent ici le contraire, avec un album qui est bien ancré dans son genre, amis qui n’oublie jamais son concept, ainsi que la mélodie des morceaux. Bref, un excellent effort qui montre la bonne santé du groupe, ce qui fait plaisir.

  • The Devils
  • Totentanz – Dance Macabre
  • Glorifizierung des Teufels
  • Damnation – Hollensturz
  • Virtus Asinaria – Prayer
  • Kingdom of Cold Flesh
  • Ritus Incendium Diabolus
  • Creature of Fire

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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