De : Ringo Lam
Avec Jean-Claude Van Damme, Lawrence Taylor, Marnie Alton, Malakai Davidson
Année : 2003
Pays : Etats-Unis
Genre : Action
Résumé :
Kyle Lord est un travailleur américain émigré en Russie. Après un coup de téléphone de sa femme, visiblement agressée, il se précipite chez lui, mais arrive trop tard. La loi niant l’évidence, il décide de se faire justice lui-même, et tue le meurtrier de sa femme. Il est alors envoyé dans une des plus dures prisons de Russie. La seule occupation des détenus est l’organisation de combats…
Avis :
De nombreux réalisateurs hong-kongais se sont aventuré aux Etats-Unis pour percer à l’international. Et certains ont eu plus de succès que d’autres. On peut évoquer John Woo ou Johnnie To, qui ont su traverser les frontières pour se faire connaître avec de grands films. Ce ne sera malheureusement pas le cas de feu Ringo Lam. Il perce réellement dans son pays dans les années 80 avec des films comme Prison on Fire ou City on Fire (qui inspirera Tarantino pour Reservoir Dogs). Dans les années 90, le cinéma venant de Hong-Kong s’exporte relativement bien aux States, et le jeune réalisateur décide de tenter sa chance. Il en résultera une collaboration avec Jean-Claude Van Damme, et des films comme Risque Maximum. Malheureusement, le metteur en scène ne sera pas satisfait de l’expérience, notamment à cause des studios qui remanient ses films.
Dès lors, il repart dans son pays, fait des films qui ont du succès à l’image de Full Alert, puis au début des années 2000, il retourne aux Etats-Unis pour retenter sa chance, toujours avec Jean-Claude Van Damme. Il en résultera The Replicant, film aussi bien aimé que détesté, puis une comédie Finding Mr. Perfect. Et entre ces deux films, Ringo Lam propose In Hell, un film carcéral porté par JCVD qui n’aura pas le succès escompté, et qui aujourd’hui encore, reste dans un anonymat presque injuste. Presque car malgré toutes les qualités du film, In Hell pêche par une voix-off insupportable, et une conclusion de cul béni qui agace plus qu’autre chose.
« In Hell tient assez bien la route. »
L’histoire se révèle très simple dans son déroulement. Un travailleur américain émigré en Russie rentre du travail. Alors qu’il téléphone à sa femme, cette dernière se fait tuer par un homme, que notre héros va pourchasser. Après un procès inéquitable, puisque le tueur est le fils d’une riche famille russe, Kyle va tuer d’une balle dans la tête l’assassin de sa femme, ce qui lui vaudra un petit séjour dans la pire prison de Russie. Là-bas, il va devoir devenir fort face à deux gangs qui s’affrontent et des gardiens corrompus qui organisent des combats clandestins pour les beaux yeux des dirigeants de la prison, qui font des paris. Bref, Ringo Lam nous plonge dans un revenge movie qui se transforme au bout de dix minutes en film carcéral où la loi du plus fort sévit. Pas de quoi se réveiller en pleine nuit.
Mais, si l’on excepte une mise en scène qui fait assez fauchée et des éléments qui aujourd’hui font relativement ringards (le golgoth du début qui rumine dans son trou et que l’on sort à la toute fin comme boss de fin), In Hell tient assez bien la route, et a même son petit lot de qualités non négligeables. Et en premier lieu, il faut saluer la prestation de Jean-Claude Van Damme, qui semble plus sobre que d’habitude. Son rôle est plus dichotomique, puisqu’il doit jouer monsieur tout le monde qui va devenir une vraie bête pour survivre en prison et faire le deuil de sa femme. L’acteur n’en fait pas des caisses et arrive même à se rendre touchant par moment. Certes, on frôle la caricature quand il devient une bête et dézingue tout le monde durant les combats, mais son évolution se fait de manière fluide et assez intéressante.
« In Hell est un film sombre et sans espoir, qui va au bout de son idée. »
Ensuite, on ne peut enlever au film son dynamisme et la volonté de Ringo Lam de nous plonger dans un milieu sans foi ni loi, où l’espoir s’échappe en quelques secondes. Pour bien montrer la dureté de cette prison, on a tous les éléments du genre, à commencer par des gardiens corrompus qui n’ont aucune limite sur les violences physiques. On pourra aussi compter sur des prisonniers complètement fêlés, des russes amateurs de chair fraîche qui n’hésiteront pas à violer quelques nouveaux pour s’imposer. Et que serait un film de prison sans son passage au trou, représentant l’abîme de l’âme du prisonnier, dormant dans les égouts, au plus proche de la fange, là où il est impossible de sombrer plus bas. In Hell est un film sombre et sans espoir, qui va au bout de son idée.
Mais malheureusement, malgré de bons éléments, et un nihilisme qui est propre au cinéma de Ringo Lam (sauf la fin, mais on est sur un film américain), ce film souffre aussi de nombreux points négatifs dont le premier provient d’une voix off qui s’installe dès le début. En effet, l’un des compagnons de cellule de JCVD est un type mutique qui écrit des livres et tue ses codétenus qui font trop de bruit. Afin de mettre en avant ses pensées, on a droit à sa voix-off qui explique ce qu’il écrit, et qui ressemble énormément à des pamphlets bibliques mélangés à de la philosophie de comptoir. On est sur de la surexplication qui ne sert à rien, pas même à présenter la prison, qui ressemble au purgatoire, ni même le background de ce personnage, qui possède de nombreuses cicatrices.
« Le film se saccage sur sa fin. »
Et outre ces phrases toutes faites de béni oui-oui, le film se saccage sur sa fin, promettant un combat épique qui ne viendra jamais. En effet, histoire de coller un peu plus à l’histoire de la Bible, Ringo Lam transforme son acteur principal en bête féroce, qui va ensuite refuser de combattre pour ne pas se perdre. Il devient alors l’ennemi des gardes et des dirigeants de la prison, faisant de lui un martyr en l’accrochant à un poteau à l’extérieur. Grâce à ce geste, la paix revient dans la prison, les deux clans opposés faisant une trêve face à l’obstination d’un seul homme. C’est niais, et il est complexe de ne pas trouver cela décevant. Tout comme la confrontation avec le « monstre » de fin, qui vire à la farce tombant à plat. C’est dommage, on aurait aimé quelque chose de plus virulent et désespéré.
Au final, In Hell n’est pas vraiment un mauvais film, mais il souffre des affres du temps et d’une direction qui part trop en vrille sur la fin. Ringo Lam est moins nihiliste que d’habitude, et il nous sert un film qui semble désespéré et sombre, mais qui trouve un fin rai de lumière sur la fin, certainement à cause de producteurs trop frileux. Si on ne s’ennuie pas vraiment, que l’action est présente, on reste tout de même sur certains clichés assez risibles, et quelques éléments qui flirtent avec le mauvais goût, notamment des allusions à la religion dont on se passerait bien. Bref, ni bon, ni mauvais, In Hell reste un film mineur pour le réalisateur, ainsi que JCVD.
Note : 11/20
Par AqME