avril 27, 2024

The Wretched

De : Brett et Drew T. Pierce

Avec John-Paul Howard, Piper Curda, Azie Tesfai, Kevin Bigley

Année : 2019

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Après la séparation de ses parents, Ben, adolescent rebelle, est envoyé chez son père pour l’été afin de gagner en maturité et en discipline. Mais ses problèmes deviennent de plus en plus inquiétants quand il fait une découverte effrayante sur la famille voisine. Un esprit malveillant s’est emparé des parents et s’attaque à présent aux enfants…

Avis :

Il est étonnant de voir comment certains films cartonnent à l’étranger et sont destinés chez nous à une simple sortie en DTV. Les exemples sont multiples, mais souvent cela se cantonne aux films d’horreur. Le dernier exemple en date pourrait bien être The Wretched, film de possession de la part des frères Pierce. Il faut dire que le duo n’est pas très connu chez nous, avec seulement un autre film à son actif, le sympathique mais anecdotique DeadHeads sorti en 2012, lui aussi directement en DVD. Il aura fallu attendre sept ans avant de voir débouler un autre film de la part des frangins, et cette fois-ci, on plonge dans un véritable conte horrifique, où l’humour a plus ou moins foutu le camp. Sorte de Vampire, Vous Avez Dit Vampire ? à la sauce sorcellerie, The Wretched s’avère être une bonne surprise, qui aurait pu mériter une sortie en salle.

Le film démarre avec une introduction qui plonge le spectateur directement dans le vif du sujet. Une jeune fille part faire du babysitting, elle cherche la petite qu’elle doit garder et tombe sur la mère en train de la bouffer dans la cave. Le père ferme alors la porte, qui possède un symbole dessus. Des années plus tard, on se trouve aux côtés de Ben, un adolescent qui vient passer l’été chez son père, et qui doit l’aider dans la gestion des bateaux sur une marina un peu huppée. Alors qu’il peine à se faire des amis, il découvre que sa voisine a un comportement étrange, et lorsque le petit garçon de la famille vient se réfugier chez lui, lui annonçant qu’il a peur de sa mère, Ben découvre des choses plutôt macabres. Bref, quand on parle du film de Tom Holland, ce n’est pas pour rien.

« Les deux réalisateurs s’assurent un personnage solide, pour lequel on va ressentir des émotions. »

Ce qui est plutôt malin de la part des frères Pierce, c’est qu’ils ne jouent pas de suite la carte de l’horreur, avec ces voisins qui vont être étranges. Le duo va tout d’abord travailler le portrait de Ben, cet adolescent qui commence à avoir ses premiers émois et entretient une relation solide et amicale avec son père, qui ne va faire que se déliter au fur et à mesure de l’histoire, la faute aux mésaventures du garçon, que personne ne veut croire. Dès lors, on va ressentir de l’empathie pour ce jeune homme, qui se fait harceler par de jeunes bourgeois, mais qui va trouver du réconfort auprès de sa collègue du boulot, qui a le même âge que lui. En faisant ainsi, les deux réalisateurs s’assurent un personnage solide, pour lequel on va ressentir des émotions et donc on sera pleinement investi dans l’histoire.

Du point de vue de l’horreur, le film s’assure aussi de bons moments de flippe, qui sont bien gérés. En premier lieu, les apparitions de la créature sont vraiment très bien fichues. Il y a une véritable recherche dans les cadres et les façons dont elle apparait, souvent dans la pénombre, avec une simple silhouette en arrière-plan, et ça fonctionne parfaitement. De plus, son design, assez simple mais corroborant avec tous les tropes de la sorcellerie, lui donne un aspect repoussant, mais qui joue constamment avec la séduction. Encore une fois, c’est très intelligent de la part des réalisateurs de jouer avec les codes que l’on connait pour les détourner autour d’un thème intelligent, l’oubli et la famille. Car oui, derrière ses atours de film horrifique simpliste, on va découvrir des thèmes intéressants, donnant un vrai fond au scénario.

« Le film possède aussi une ambiance qui est très réussie. »

Ici, on parle donc d’une sorcière qui murmure à l’oreille des gens, et peut prendre possession de certains corps. Cet antagoniste montre à quel point on peu oublier les personnes qui sont importantes pour nous, en cédant soit à la facilité, soit à la tentation. En filigrane, sans jamais que cela prenne un dessus trop sérieux, l’histoire place son monstre comme un être insidieux, corrupteur et qui va laisser planer le doute jusqu’à sa toute fin. Afin de mieux montrer la monstruosité de cette créature, le film va accentuer une scène gore qui illustre parfaitement le côté envahissant de la bête. Pas de besoin d’en faire des caisses avec tout le travail autour de l’ambiance, une seule séquence suffit à épaissir cette vilaine sorcière qui possède bien des pouvoirs. Bref, The Wretched va bien au-delà du simple film de flippe pour ados.

Enfin, le film possède aussi une ambiance qui est très réussie. Les séquences de nuit sont vraiment bien, mais on retrouve aussi deux tonalités bien différentes lorsqu’il faut se perdre dans les bois, avec une réelle gestion de la peur de se perdre et des voix que l’on peut entendre, et quand on est au bord de la mer, avec un beau soleil et des gens qui veulent s’amuser. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si plusieurs personnages viennent dormir dans un bateau lorsqu’ils se sentent en danger. On sent que rien n’est laissé au hasard dans ce métrage, qui jouit d’une belle mise en scène, et qui est porté aussi par des acteurs investis dans leur rôle. Le jeune John-Paul Howard est très bon dans le rôle principal, n’en faisant jamais trop. Le seul bémol viendra de la fin, abrupte, qui ne répond pas à cette vague de meurtres.

Au final, The Wretched est un film d’horreur plutôt réussi, ce qui est assez inattendu vu le sort qui lui a été réservé en France (une sortie directement en vidéo). Carton dans les drive-in américains, le film des frères Pierce détient une belle ambiance, des personnages intéressants et un antagoniste original même si ça use et abuse de certains tropes horrifiques. Si le film est imparfait sur certains points, il n’en demeure pas moins un divertissement honnête, porté par une mise en scène étonnante malgré un faible budget. Bref, une bonne surprise dont il serait dommage de passer à côté.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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