avril 29, 2024

Les Espions de l’Aube

Titre Original : Impasse

De : Zhang Yimou

Avec Yu Hewei, Zhang Yi, Hailu Qin, Zhu Yawen

Année : 2023

Pays : Chine

Genre : Policier, Historique

Résumé :

Années 1930, État du Manchukuo. Quatre agents spéciaux du parti communiste formés en Union Soviétique se lancent dans une mission secrète dont le nom de code est « Utrennya ». Mais après avoir été vendue par un traître, l’équipe se retrouve entourée de menaces de toutes parts. Les agents sortiront-ils de l’impasse et rempliront-ils leur mission ?

Avis :

Dans le cinéma chinois, Zhang Yimou est l’un des metteurs en scène dont j’aime le plus le cinéma. Il faut dire qu’entre « Le secret des poignards volants« , « Vivre« , « Épouses et concubines » ou « The Road Home » (pour ne citer qu’eux), le réalisateur a fait très fort et ses histoires, tout comme ses images, sont encore dans ma mémoire. Mais voilà, depuis le milieu des années 2010, et surtout l’échec de son « La grande muraille » avec Matt Damon qui, il faut bien le dire, fut loin d’être l’un de ses meilleurs films, Zhang Yimou a bien du mal à rebondir, et il se voit alors injustement privé de salle chez nous, ses films sortant directement en DVD.

Trois ans après l’intime et spectaculaire « Shadow« , Zhang Yimou est encore une fois privé de salle avec « Les espions de l’aube« , et même si le film se pose comme une petite déception, je regrette de ne pas avoir pu le découvrir sur grand écran, car même un petit Zhang Yimou comme celui-là offre toujours quelque chose d’intéressant.

« Lent et très long, le film de Zhang Yimou a bien du mal à nous tenir éveillé. »

Film noir, film d’espionnage, visuellement très « stylé » offrant un joli cachet, « Les espions de l’aube » est un film intéressant sur tout un tas d’arguments, mais derrière ça, comme je le disais, il se pose aussi comme une déception. Lent et très long, le film de Zhang Yimou a bien du mal à nous tenir éveillé tant ça manque de rythme, et pourtant Zhang Yimou n’oubliera rien du genre du film d’espionnage.

Après avoir été formés en Russie, quatre agents secrets chinois appartement au Parti communiste sont parachutés dans l’état du Manchukuo, une région de la Chine qui est tenue par les japonais, où ces derniers torturent et soumettent la population. Leur mission sera de découvrir ce que les japonais cachent et ont fait dans leurs camps, dont il ne resterait qu’un seul survivant. Mais leur mission secrète va être mise à mal, car ils vont être trahis par un homme. Dès lors, entourés d’espions, ils vont devoir réussir leur mission, tout en ne se fiant à personne.

Je suis bien embêté à la sortie de ce nouveau Zhang Yimou, car j’étais certain de tenir d’une perle. Franchement, Zhang Yimou qui se lance dans un film d’espionnage au beau milieu des années 40, avec pour fond historique la Seconde Guerre mondiale, il y avait de quoi faire rêver d’avance.

« Ces « … espions de l’aube » reste intéressant et agréable à suivre. »

Avec cela, l’intrigue de ces « … espions de l’aube » réunit tous les ingrédients du genre, avec des hommes et des femmes en trenchs et chapeaux, des tensions, de la trahison, de la manipulation, il y a des messages codés, des tortures, des courses-poursuites, et de la vengeance… Tout est là, et l’intrigue en elle-même est intéressante. De plus, cette dernière se passe en hiver, ce qui apporte énormément de cachet à l’ensemble, avec cette neige qui ne cesse de tomber. On pourrait même dire qu’il y a une certaine poésie qui se dégage de toute cette noirceur. D’ailleurs, si je reste quelque peu déçu, car le film n’a pas réussi à m’emporter autant que je l’aurais voulu, ces « … espions de l’aube » reste intéressant et agréable à suivre.

Zhang Yimou, du haut de ses soixante-dix ans passés, offre encore beaucoup de scènes et d’éléments qui sont intéressants et visuellement, c’est impeccable. Cet esthétisme, c’est même ce qui frappe en premier avec dès son ouverture de très bonnes idées, comme cette vue suggestive des parachutistes qui atterrissent en pleine forêt. Puis directement après cela, le réalisateur tient sa tension de suite avec d’emblée des trahisons. Après, tout n’est pas parfait non plus, et parfois, lorsque Zhang Yimou y injecte du numérique, ce dernier se voit, et c’est même un peu grossier, notamment dans sa course-poursuite en voiture.

«  »Les espions de l’aube » a tendance à traîner de la patte pour pas grand-chose. »

Toujours dans les bons côtés du film, « Les espions de l’aube » offre de bons moments d’action et si le rythme a tendance à se faire long, le film de Zhang Yimou est pourtant parcouru d’action. Le réalisateur multiplie même les scènes toutes plus différentes les unes que les autres, ce qui fait que dans un sens, on ne s’ennuie pas, car le film est toujours surprenant, ne tombant pas dans la routine. Après, dans un autre sens, le film souffre de son rythme qui étire beaucoup de ses scènes, et sur l’intrigue en elle-même, « Les espions de l’aube » a tendance à traîner de la patte pour pas grand-chose. D’ailleurs, le film fait deux heures, mais cette histoire aurait facilement pu être bouclée en une heure et demie. Il y a au fil de ce récit, pas mal de scènes qui ne sont pas franchement utiles et avec un montage différent, en gardant l’essentiel, ça aurait dynamisé le film de Zhang Yimou.

Autre souci qu’on rencontre avec « Les espions de l’aube« , c’est la clarté de son intrigue, qui parfois se complexifie pour pas grand-chose. Parfois, on a la sensation d’être perdu, et l’objectif de la mission n’est pas toujours très clair, d’autant que le scénario greffe deux ou trois éléments qui alourdissent le tout, comme cette histoire d’enfants errants.

Reste alors devant ça des personnages qu’on a envie de suivre et qui sont diablement bien tenus par les comédiens, avec notamment deux acteurs qu’on prend plaisir à découvrir, Yu Hewei qui tient un personnage doublement infiltré et Zhang Yi, qui n’est pas sans rappeler Zhang Ziyi qui avait été découverte par le réalisateur. L’actrice est incroyable et crève l’écran dans un rôle aussi fragile qu’il est difficile et complexe.

Ainsi, sur l’ensemble, ça se laisse gentiment suivre, même si parfois, c’est confus dans ce que ça raconte. Long, très long, ce vingt-troisième film pour Zhang Yimou ne s’imposera pas dans sa filmographie et c’est franchement dommage, car il y avait de l’idée et des envies. Petit film d’espionnage, qui parfois se perd, ces « … espions de l’aube » se pose comme une déception. Dommage.

Note : 10/20

Par Cinéted

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