février 10, 2025

Obayifo Project – Project Blaireau Witch

De : Paco Arasanz

Avec Luciano Ciaglia, Marila Lombrozo, Lord Berko, Favour David Iyawe

Année : 2024

Pays : Mexique

Genre : Horreur

Résumé :

En 2003, un groupe de cinéastes ghanéens décide de réaliser sa propre version de la « Blair Witch » en invoquant un esprit de vampire africain et en l’introduisant dans une personne. En 2023, Julio et ses collègues ont l’intention de répéter l’expérience et de l’enregistrer.

Avis :

Sous-genre aux codes très spécifiques, le found-footage est un exercice cinématographique à double tranchant, en particulier dans le domaine horrifique. Avec une bonne histoire et un contexte soigné, il peut donner lieu à quelques moments immersifs, en mesure de flouer les frontières entre rationalisme et surnaturel. Toutefois, ce constat n’est pas une norme. On distingue pléthore de métrages opportunistes, à même de phagocyter un style à part entière. C’est notamment le cas d’itérations plus que dispensables, comme Tape 407 ou Atrocious. La faute à un concept guère maîtrisé et un amateurisme qui relève plus de la médiocrité que de codes inhérents à la mise en scène.

Avec Obayifo Project, le pitch de départ est déjà bancal. On nous présente un fait divers du début des années 2000 où des apprentis cinéastes ghanéens souhaitent réaliser leur propre version du Projet Blair Witch. Sans compter le cadre désertique, on évoque une histoire de possession douteuse qui donne des velléités artistiques aux protagonistes. D’emblée, le projet de film se base sur une scène unique, sans aucun travail sur l’ambiance ou la narration. Soit dit en passant, le résultat est le même pour le métrage lui-même. Toutefois, la mise en abîme s’arrête là. Au lieu de nous plonger dans le folklore local, l’intrigue nous affuble de moments verbeux et inintéressants au possible.

« Le film de Paco Arasanz s’avance également comme une véritable épreuve en matière de réalisation. »

Il faut se contenter d’une excursion aventureuse, sans grande cohérence géographique, où l’on rencontre trois malheureux figurants. Mention spéciale au marabout qui aurait pu jouer dans le tout aussi peu recommandable Ils sont fous ces sorciers. À l’image du comportement du pauvre hère, l’ensemble est risible et ne présente aucune crédibilité. D’ailleurs, comment est-il possible de tourner ladite séquence sans l’aval des principaux intéressés ? Avec toutes les difficultés du monde, l’objectif est donc de réitérer les bévues de leur prédécesseur, tout en lorgnant sur le film d’Eduardo Sánchez et de Daniel Myrick. Pour autant, il ne suffit pas de posséder de telles références pour produire un métrage potable.

Le film de Paco Arasanz s’avance également comme une véritable épreuve en matière de réalisation. L’ensemble s’affuble de gros problèmes de mise au point, de cadrage et de mouvements de caméra anarchiques. Cela concerne les scènes d’exposition, les interviews ou encore les confrontations un peu plus houleuses. À croire que les différents intervenants disposent d’une vue défaillante. Au regard de leurs réparties, ils semblent aussi souffrir de quelques manquements intellectuels et de troubles de la mémoire. De nombreux dialogues restent inutiles ou redondants. Il n’est pas rare de répéter une dizaine de fois la même question ou de présenter un revirement inopportun dans les comportements, les réactions.

« Obayifo Project est un found-footage déplorable. »

D’un point de vue visuel, la dernière partie demeure imbuvable à bien des égards. On songe aux soubresauts permanents de l’objectif, à des zooms qui empêchent d’appréhender le lieu de l’action ou à une gestion de la lumière foireuse. À aucun moment, ces aspirants cinéastes ne sont en mesure d’utiliser à bon escient la luminosité ambiante ou l’éclairage de leurs appareils. En pleine nuit ou dans des endroits sombres, comme le restaurant, on reste constamment plongé dans l’obscurité. Il n’est pas possible de discerner les visages ou les lieux. On a même droit à une vue subjective de la créature, sorte d’hybride entre le vampire, le zombie et le possédé, pour rendre le tout d’autant plus exécrable.

Au final, Obayifo Project est un found-footage déplorable. Guère représentatif du potentiel de ce style, le film de Paco Arasanz préfère se concentrer sur les secousses de ses caméras, plutôt que sur la vraisemblance de son projet. Ce dernier présente une histoire famélique, mal racontée et percluse d’illogismes. Malgré la brièveté du métrage, sa progression se révèle longue et laborieuse. Il est aussi à déplorer une réalisation brouillonne et vomitive qui n’est pas sans rappeler le rendu indigeste de la trilogie August Underground. Cela sans oublier un enchaînement des séquences confus et un montage fumeux. Il n’y a donc rien à voir ou à comprendre, pas même cet épilogue improbable où une influenceuse, surgie de nulle part, lance un challenge. Pénible et ridicule.

Note : 04/20

Par Dante

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