février 10, 2025

Caliban – Dystopia

Avis :

Arrivé à la fin des années 90, le Metalcore est un sous-genre du métal assez décrié. Mélangeant de nombreuses influences allant du Punk au Heavy en passant par le Death, le Metalcore s’est peu à peu installé, jusqu’à devenir un genre omniprésent dans la scène de ce que l’on peut appeler la musique extrême. Cependant, de nombreux métalleux ne considèrent pas ce genre comme du métal à part entière, la faute à des insertions Pop et un mélange de chant crié et clair qui peut déranger. Aujourd’hui, certains sites spécialisés refusent toujours de rentrer des groupes de Metalcore dans leur base de données. Pourtant, il faut clairement être sourd pour ne pas qualifier cela de musique extrême, surtout si l’on compare à la scène Heavy qui parait beaucoup plus légère au niveau des riffs. Fondé à la fin des années 90, Caliban est l’un des plus gros représentants du genre.

Le groupe allemand sort son premier album en 1999 et possède un line-up à peu près stable depuis 2004 (on notera un changement de bassiste en 2024, ce qui ne concerne pas l’album chroniqué ici). Ceci étant, comme c’est souvent le cas avec des groupes qui tournent depuis un long moment dans un genre, on peut craindre qu’au bout d’un certain temps, la formation tourne en rond et n’arrive pas à se renouveler. Douzième album studio, Dystopia va rapidement rassurer sur les élans inventifs du groupe, puisque l’on va retrouver un Metalcore moderne, très nerveux, qui pioche un peu des idées à droite et à gauche, mais qui arrive tout de même à se faire sa propre identité. Et cela se ressent dès le premier titre, Dystopia, avec le chanteur du groupe Annisokay. On rentre en plein dans un Metalcore classique, nerveux, puissant, et qui donne une patate d’enfer.

On sera un peu moins rassuré sur le deuxième titre, Ascent of the Blessed. Le morceau débute bien, avec une ambiance très sombre, mais c’est surtout au niveau des paroles que l’on ne pourrait qu’être déçu. C’est très répétitif, ça n’apporte pas grand-chose de neuf au genre, et c’est même étrange que le groupe ait choisi ce titre comme single pour vendre leur album. Qu’importe, c’est sans doute le seul faux pas de l’album, et derrière, les choses vont vite se décanter. VirUs, avec le chanteur de Heaven Shall Burn, est une énorme claque dans la tronche. La violence passe un palier, surtout lors du break qui n’offre aucun moment pour souffler et des riffs d’une lourdeur impressionnante. Et il est difficile de résister à l’envie de chanter le « break me, break free, break, break everything ». Phantom Pain va être un titre pleinement satisfaisant dans sa gestion.

Entre rythmique post-punk et chant crié qui fracasse tout sur son passage, le morceau se révèle très efficace et fait relativement mal au cou. On sera plus circonspect avec Alien, car le titre n’est pas assez rentre-dedans et il manque vraiment de passages forts. Il fait partie des deux morceaux les plus faiblards de l’album, et on remarquera que ce sera lorsque le chant est souvent en retrait. Heureusement, sWords va venir nous fermer la bouche et nous asséner des coups répétés sur la nuque. On y décèle quelques élans modernes, notamment dans la reverb de la voix, et le break est une dinguerie. Darkness I Became va se démarquer du reste par son aspect très Bring me the Horizon, notamment dans ses fulgurances modernes qui parsèment le titre. Là encore, c’est une belle réussite, car malgré cette accointance avec le groupe britannique, Caliban garde son identité.

Dragon sera un titre un peu transparent. Cela ne signifie pas qu’il soit mauvais, mais il passe un peu inaperçu dans la playlist. Il faudra plusieurs écoutes pour le remarquer, et cela est dû à son aspect très classique de Metalcore moderne. Hibernate sera beaucoup plus efficace dans sa gestion, notamment parce qu’il y a une introduction assez calme, et le morceau détonne par son côté plus complexe, entre couplet posé et refrain surpuissant. Une excellente surprise, qui joue aussi avec nos émotions, via une mélodie assez mélancolique. Quant à mOther, on revient à quelque chose de plus virulent et percutant, qui ne laisse aucune chance à notre nuque. The World Breaks Everyone sera du même acabit, tandis que DIVIDED clôture l’album de façon pertinente, ralentissant le rythme, mais prônant un hymne que l’on a vite envie d’entonner dès son démarrage, et jouant en faisant un peu de rap.

Au final, Dystopia, le dernier album en date de Caliban, est une belle réussite dans le Metalcore moderne. Le groupe sait se réinventer, et il le prouve une fois de plus avec cet album, qui se veut nerveux, puissant, tout en y incluant des moments plus doux, ou encore des assertions presque électro pour épaissir sa musique. Bref, si l’on exclut deux titres un peu en deçà, on peut féliciter les allemands de toujours truster une place de choix dans un genre qui est en plein boum.

  • Dystopia feat Christoph Wieczorek de Annisokay
  • Ascent of the Blessed
  • VirUs feat Marcus Bischoff de Heaven Shall Burn
  • Phantom Pain
  • Alien
  • sWords
  • Darkness I Became
  • Dragon
  • Hibernate
  • mOther
  • The World Breaks Everyone
  • DIVIDED

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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