De : Hélène Fillières
Avec Diane Rouxel, Lambert Wilson, Corentin Fila, Alex Descas
Année : 2018
Pays : France
Genre : Drame
Résumé :
Laure a 23 ans. Elle se cherche. C’est dans la Marine Nationale qu’elle va trouver un cadre, une structure, des repères. Solide et persévérante, elle va faire son apprentissage et découvrir sa voie.
Avis :
L’armée, le septième art a déjà des tonnes de films à son propos, et cela pour diverses raisons, que ce soit pour l’encenser, évoquer différentes guerres, ou au contraire pour la critiquer. Mais il y a un autre sujet assez intéressant dans les films sur l’armée, c’est lorsqu’une femme veut s’imposer dans ce milieu très masculin. Le film qui vient en premier en tête, c’est bien évidemment A Armes Egales avec Demi Moore, et il semblerait que Hélène Fillières ait eu l’envie de faire ce film en version française. Deuxième long-métrage de la réalisatrice, Volontaire va raconter le début de parcours compliqué d’une jeune recrue de la Marine Nationale, toute frêle, qui va devoir s’imposer dans un milieu machiste, et surtout auprès de son supérieur, le commandant Rivière.
Il est vrai qu’à l’évocation d’un tel pitch, on peut craindre un énième drame français, qui voudrait concurrencer le cinéma américain, le côté spectaculaire en moins. Et c’est un peu ce que l’on a ici, même si on a tout de même de bonnes réflexions, et une certaine intelligence dans le parcours intellectuel et émotif de la jeune femme. Le début nous plonge d’abord dans le quotidien familial de Laure, dont les parents sont acteurs, et donc très à gauche d’un point de vue politique. Le fait qu’elle s’engage dans l’armée ne convient pas du tout à sa mère, qui doit tout de même se résigner aux volontés de sa fille. Le contexte est rapidement posé autour de Laure, qui va s’avérer assez évasive, pour ne pas dire taiseuse sur ses ambitions et sa volonté de rentrer dans l’armée. Par la suite, les choses évoluent un peu.
« Le scénario ne tombe néanmoins pas dans le piège du pathos »
En effet, Laure va faire la connaissance des lieux, qui sont assez austères, mais elle va aussi voir le métier qu’elle va exercer, à savoir écrire des rapports et des résumés de conflits pour animer quelques cours magistraux pour le plaisir du commandant Rivière, un homme aussi taiseux qu’elle. Néanmoins, le courant passe entre les deux individus, et on va vite comprendre où veut en venir la réalisatrice. Le film va alors rapidement lorgner vers la comédie romantique impossible entre deux êtres que tout, ou presque oppose, de la façon de penser, jusqu’à la différence d’âge. Le scénario ne tombe néanmoins pas dans le piège du pathos ou du larmoyant, imposant des passages obligés à Laure, comme la rupture avec son petit ami, les plans drague dans les toilettes d’un bar-karaoké, ou encore le fait de ne pas se laisser faire par sa hiérarchie.
Le film suit deux chemins parallèles, celui de la vie sentimentale de Laure, qui éprouve des sentiments interdits envers son commandant, mais aussi celui de sa vie professionnelle, ne voulant pas s’interdire certains postes sous couvert qu’il s’agisse d’une femme. Ainsi, un double duel se pose sur nos écrans, celui d’une femme et d’un homme qui s’affrontent aussi bien sur les émotions, afin de ne pas succomber dans les bras l’un de l’autre, que sur les rigueurs d’un métier qui peut parfois s’avérer injuste. On s’éloigne donc d’un schéma narratif classique, même si on reste dans les ornières d’un drame tout ce qu’il y a de plus français, avec un aspect anti-spectaculaire voulu et recherché. Les phases d’entrainement sont par exemple intéressantes, mais elles restent ancrées dans le réel, et seule la fin pourrait se voir comme un acte d’action, se déstructurant sur son final.
« Diane Rouxel est relativement impressionnante »
Ce qui fait la force de ce film malgré son aspect cinéma d’auteur et son rythme assez lent, c’est la prestation des acteurs qui sont tous très bons, notamment Diane Rouxel qui est toute en retenue. La jeune actrice arrive parfaitement à jouer la féminité dans un monde d’homme, tout en s’imposant par son regard pénétrant. Elle est relativement impressionnante dans ce rôle qui demande à la fois de la beauté, de la grâce, mais aussi une certaine fermeté. A ses côtés, Lambert Wilson est tout aussi bon dans ce rôle de commandant taiseux, qui réprime ses sentiments et ne sait que faire de cette femme engagée et au caractère immuable. Seuls les rôles secondaires sont un peu en deçà, n’ayant pas d’impact fort sur l’histoire et la relation entre les deux personnages principaux.
Au final, Volontaire est un film très intéressant, anti-spectaculaire, et qui se focalise exclusivement sur la force de volonté d’une jeune femme qui veut s’imposer dans un monde d’hommes. Tenu par deux acteurs qui sont vraiment excellents dans leur rôle respectif, on peut dire que Hélène Fillières offre un drame qui évite tout pathos ou enrobage inutile, afin de faire plus parler les sentiments et les non-dits. Sans être un chef-d’œuvre du genre, il n’en demeure pas moins un film intéressant et relativement bien mis en scène.
Note : 14/20
Par AqME