Avis :
Formé au début des années 90, Body Count est un groupe particulier, puisqu’il mélange le Rap au niveau du chant, et le Thrash au niveau de la musique. Il s’agit de l’un des pionniers du genre, et en plus de trente ans de carrière, le groupe est devenu culte, où chaque album est attendu avec une certaine impatience. Porté par un line-up stable depuis 2013, le groupe sort des albums de façon régulière depuis 2014, avec un nouvel effort tous les trois/quatre ans. Merciless est le huitième skeud des américains, et il fait suite à Carnivore, sorti en 2020, qui était un bon album, mais qui demeurait un peu timide par rapport à Bloodlust, avec des titres intéressants, et de bons featurings, mais qui manquait peut-être de titres vraiment poignants. Et on peut dire qu’avec ce dernier opus, le groupe revient en force.
Dans les faits, rien ne change vraiment. On retrouve de nombreux featurings avec des artistes de divers horizons, et une reprise, comme c’est le cas à chaque fois. Le début se fait avec une introduction qui met en avant une superbe ligne de basse, permettant de souligner le rap rugueux de Ice-T. Le premier vrai titre sera alors Merciless, et ce sera une petite déception. Non pas que le morceau soit réellement mauvais, loin de là, mais il ne bénéficie pas d’un refrain marquant, et même au niveau du riff, on reste sur quelque chose d’assez sommaire, qui manque d’originalité et de mordant. Fort heureusement, le groupe va se reprendre par la suite, pour montrer une facette bien plus réjouissante et engagée. The Purge, par exemple, en duo avec Corpsegrinder, le chanteur de Cannibal Corpse, va nous mettre un gros coup derrière la nuque.
Le titre est puissant, gras, et le break en growl est ultra percutant. Difficile de ne pas headbanger sur ce morceau qui redonne espoir en la suite. Les choses iront alors dans le même sens avec Psychopath, où cette fois-ci, on retrouve Joe Bad (Fit for an Autopsy) en featuring, qui va poser sa voix rugueuse sur quelques partitions. La piste est aussi puissante que la précédente, et la mélodie est vraiment intéressante, avec notamment un gros riff sur les refrains, qui consistent à dire « psychopath » de manière sifflante. Bref, en deux morceaux, le groupe renoue avec un Métal rugueux, à multiples facettes, mais qui déballe ses riffs comme un bulldozer. En abordant Fuck What You Heard, on va vers un rap old school qui laisse beaucoup de place à la basse pour qu’Ice-T puisse poser son flow avant de lâcher les rênes lors du refrain.
Live Forever va lorgner du côté du Métalcore, et on peut comprendre pourquoi via le featuring, puisqu’ici, c’est Howard Jones, anciennement Killswitch Engage, qui vient poser son chant crié lors d’un couplet, et sa voix claire sur le refrain, un peu trop autotuné. Mais la sauce prend quand même, et on se laisse porter sur ce titre qui se veut un peu plus complexe que les autres. Puis Do or Die va mettre une grosse mandale dans nos bouches avec une puissance exacerbée et des bruits de fusillades qui appuient le propos le port d’armes. Il sera bien difficile de résister au refrain, catchy en diable, se décomposant en deux phrases qui restent un long moment en tête. Et l’ensemble est porté par un groove qui donne presque envie de danser (en se mettant des grosses torgnoles, bien évidemment). La surprise viendra de la reprise.
En effet, le groupe va s’attaquer à un monstre du Rock Prog avec Comfortably Numb de Pink Floyd. Les paroles changent un peu, mais le rap de Ice-T s’associe parfaitement à la guitare aérienne façon Gilmour, et c’est un vrai plaisir d’écoute. La rupture sera brutale avec Lying Motherfucka, où les riffs seront bien lourds et la rythmique relativement lente. Body Count balance la purée façon bazooka et ne nous laisse pas indifférent. Puis Drug Lords, avec Max Cavalera (anciennement Sepultura), envoie un thrash surpuissant, où la marque tribale sera bien présente. Un titre court mais d’une redoutable efficacité. World War fera dans le populisme avec des paroles autour d’une potentielle troisième guerre mondiale en fonction des pays ou des religions, mais malgré tout, on va prendre beaucoup de plaisir à l’écoute. Puis Mic Contract vient conclure l’album dans un rythme endiablé porté par un flow de dingo.
Au final, Merciless, le dernier album de Body Count, est une belle réussite, et il permet au groupe de confirmer sa grande forme. Quatre ans après un sympathique Carnivore, Ice-T et sa bande se surpassent et balancent douze pistes qui frappent fort, portées par des thèmes intéressants et intelligents. Bref, c’et un bon retour en grâce de la part d’un groupe qui a toujours des choses à dire, et ne mâche jamais ses mots.
- Interrogation Interlude
- Merciless
- The Purge feat Corpsegrinder
- Psychopath feat Joe Bad
- Fuck What You Heard
- Live Forever feat Howard Jones
- Do or Die
- Comfortably Numb
- Lying Motherfucka
- Drug Lords feat Max Cavalera
- World War
- Mic Contract
Note : 17/20
Par AqME