Titre Original : Blackbelt
De : Charles Philip Moore
Avec Don Wilson, Deirdre Imershien, Matthias Hues, Richard Beymer
Année : 1992
Pays : Etats-Unis
Genre : Action
Résumé :
« Kickboxer Cop » (Blackbelt) avec Don The Dragon Wilson nous fait suivre les aventures de Jack Dillon, ex-flic, expert en arts martiaux engagé par Shanna, une superstar du rock à la fois harcelée par un fan psychopathe meurtrier et par son manager mafieux, qui refuse de la laisser rompre leur contrat.
Avis :
Période faste pour le cinéma d’action, les années 1990 ont vu pléthore de productions à destination des vidéo-clubs, sorte de préliminaire aux DTV et autres téléfilms du dimanche. Outre des velléités mercantiles évidentes, l’un des principaux enjeux est de recycler une formule éprouvée avec un minimum de risques pour les investisseurs. Certes, le procédé n’est pas nouveau, même pour des métrages réalisés il y a une trentaine d’années. Toutefois, il est toujours étonnant de constater avec quelle facilité de tels projets aux frêles ambitions parviennent à se concrétiser. Avec Kickboxer Cop, on assiste à une sorte de syncrétisme du septième art entre l’action, le thriller et le polar. Tout un programme…
Avec un casting affublé de leurs titres et statuts dans le domaine du kickboxing, le générique d’introduction donne le ton quant à la teneur de l’intrigue. D’emblée, on peut s’attendre à des confrontations brutales, peut-être à la manière de Bloodsport ou de Kickboxer. Cependant, il n’en est rien. On assiste bien vite aux exactions d’un maniaque qui s’offre une petite digression martiale en compagnie d’individus dont on ne comprend guère l’utilité si ce n’est de faire office de sparring-partners à Matthias Hues. Dès lors, l’histoire s’empêtre dans différentes considérations. D’un côté, on découvre une affaire criminelle. De l’autre, on accompagne un ex-flic reconverti en professeur d’arts martiaux.
« Les différents éléments narratifs s’imbriquent cahin-caha »
À cela s’ajoute le harcèlement d’une star montante de la chanson, par le principal antagoniste, ainsi que l’ingérence d’un mafieux de pacotilles et d’un looser devenu manager. Bref, on a donc droit à une brochette d’intervenants hauts en couleur qui font la part belle aux clichés et stéréotypes de circonstances. Les différents éléments narratifs s’imbriquent cahin-caha afin de fournir un fil directeur assez constant dans son rythme. En effet, les péripéties s’enchaînent de manière correcte. Cependant, l’ensemble reste perclus d’invraisemblances. Cela tient tout d’abord au prétexte où le personnage principal accepte de devenir garde du corps improvisé avec des références guères fortuites à Bodyguard.
On peut aussi s’attarder sur des intrigues secondaires anecdotiques qui n’offrent aucun fond au récit. Cela vaut pour les pressions à l’encontre de la chanteuse, mais surtout au déroulement de l’enquête. Entre deux allusions à des thrillers glauques, comme Le Silence des agneaux, le film est incapable de saisir l’atmosphère délétère de ses modèles. Et ce n’est pas le rapport à la mère ambivalent qui vient contredire cet état de fait. Il faut se contenter d’éléments freudiens, le tout amalgamé au complexe d’Œdipe. Le caractère obsessionnel du tueur est mal amené, hallucinations à l’appui, tandis que ses sautes d’humeur surviennent de manière inopinée.
« Quant aux combats, ils constituent une véritable déception »
De même, l’identité du tueur est dévoilée immédiatement aux yeux des enquêteurs. On assiste alors à des réflexions stériles qui se disputent à la passivité des protagonistes, comme s’il était nécessaire de prolonger la traque. Quant aux combats, ils constituent une véritable déception au vu des « acteurs » et de la place qui leur est allouée. Dans un bar, une rue ou une salle d’entraînement avec tout le matériel requis pour organiser les réjouissances, les affrontements se produisent de manière sporadique et pâtissent de chorégraphies bas de gamme. Au-delà de l’absence de vélocité, on sent véritablement l’orchestration de chaque coup porté, rendant les combats aussi ennuyeux qu’artificiels.
Au final, Kickboxer Cop est un film qui entremêle les genres sans parvenir à une cohésion entre ses différents aspects. Inhérente au polar, l’enquête ne présente aucun intérêt, car les éléments se révèlent d’eux-mêmes. En matière de thriller, l’ambiance sordide reste à peine esquissée, jouant davantage sur un mobile éculé, voire ridicule et vain au regard du background du tueur. Côté action, le métrage est tout aussi déplorable avec des combats pauvres et sans inspiration. Ce que l’on peut considérer ironique avec la présence de 12 champions de kickboxing, comme l’affiche aime à le vendre. Il en ressort une production inaboutie dans tout ce qu’elle entreprend, nantie d’une scénarisation improbable.
Note : 07/20
Par Dante