
Auteurs : Joris Chamblain et Fabrizio Petrossi
Editeur : Glénat
Genre : Aventure
Résumé :
Avant de devenir l’acariâtre oncle Balthazar aux poches bien remplies, Picsou a connu le grand amour et une enfance modeste dans les quartiers de Glasgow. Élevé à proximité des mines, il aime s’y faufiler et explorer les tunnels souterrains avec sa bande de copains. Mais le petit canard aime aussi la magie du théâtre, un loisir réservé aux familles aisées. Lorsque le hasard met sur son chemin la belle Erin, nièce de la directrice de l’établissement, Picsou va s’ouvrir à cet univers passionnant. Ensemble, ils s’amusent en sillonnant la ville jusqu’au jour où la mine commence à décliner. Si elle ferme, c’est la faillite assurée pour Glasgow et ses habitants. Que faire ? Picsou a bien une idée, mais ça demande une sacrée dose d’imagination. En usant d’un subterfuge théâtral bien huilé, il va se lancer dans une entreprise périlleuse qui pourrait sauver la mine et faire naître un dragon insolite dans ses entrailles !
Avis :
La collection Disney/Glénat se révèle assez inégale dans sa qualité. En effet, à force de mélanger les vieilles histoires dans des intégrales, ou encore de faire de nouveaux scénarios pour étoffer le catalogue, on ne sait plus où donne de la tête, et parfois, on tombe sur des choses soit désuètes, soit qui n’ont pas vraiment d’intérêt. Mais on retrouve aussi quelques pépites, aussi bien dans le dessin que dans l’histoire. Du coup, dans quelle case ranger ce Picsou – Le Dragon de Glasgow scénarisé par Joris Chamblain, connu pour Les Carnets de Cerise notamment, et dessiné par Fabrizio Petrossi, qui a déjà officié dans la collection, surtout sur Mickey à Travers les Siècles.

L’histoire débute avec une pièce de théâtre jouée par les neveux de Donald, face à un Picsou qui leur hurle dessus, leur disant qu’il déteste le théâtre. Sur une idée de Donald, les trois enfants décident d’envoyer un courrier à la sœur de Picsou, pour connaître un peu plus son enfance, et pourquoi il n’aime pas le théâtre. Et rapidement, on tombe en 1877, à Glasgow, avec un jeune Balthazar qui va entrainer sa sœur dans des aventures urbaines sympathiques. A partir de là, on va brasser de nombreux thèmes, surtout dans la confrontation entre la pauvreté des mineurs, et la richesse des exploitants, tout en faisant de nombreux clins d’œil à la littérature classique, et à certaines légendes qui sont propres à l’Ecosse.
Même si la BD se destine à un public jeune, les adultes y trouveront leur compte, et il y a un juste équilibre dans la tonalité. En effet, c’est très rythmé, on retrouve un groupe de jeunes enfants qui s’aventurent dans les mines pour trouver des richesses, et qui doivent se confronter à des adolescents plutôt virulents, et notamment le fils du chef de la mine. C’est très simple à comprendre dès le début, et le point de vue de la petite sœur apporte un côté naïf bienvenu face auquel peuvent se projeter les jeunes lecteurs. De plus, le côté théâtre est bien amené, avec de nombreux gags, mais l’humour ne prend jamais le pas sur le fond de l’histoire, et la volonté de Balthazar de sortir sa famille de la misère en trouvant un moyen e gagner beaucoup d’argent. Bref, c’est accessible aux enfants, mais pas que.
Les adultes y trouveront aussi leur compte. Le scénario est suffisamment bien écrit pour brasser des thèmes forts, comme la pauvreté dans les villes industrielles du XIXème siècle, les guerres intestines entre familles ou encore planquer de nombreuses références qui iront de Germinal (pour le travail dans les mines) à Roméo & Juliette, en passant par le mythe du monstre du Loch Ness ou encore Charles Dickens avec ces enfants qui vivent principalement dans la rue. Et c’est cet équilibre entre maturité et tonalité enfantine qui donne toute l’épaisseur à cette histoire, simple, mais touchante, et qui s’axe sur le personnage de Picsou jeune, mais aussi sur ses relations avec les autres, et sa force de caractère, qui fait qu’il n’abandonne jamais.
Bien sûr, le dernier point fort de cette bande-dessinée réside dans les dessins de Fabrizio Petrossi qui montre encore tout son talent pour adapter des histoires, qui peuvent paraître classiques, de chez Disney. Son trait rond convient parfaitement aux personnages, et il arrive même à saisir l’ambiance « fogienne » de ces villes industrielles anglo-saxonnes du XIXème siècle. De plus, il va s’amuser avec certaines grandes planches, donnant alors plus de variété dans les pages, et jouant avec certaines séquences, comme celle de la découverte du dragon dans les mines. De plus, on appréciera les quelques clins d’œil en second plan qui sont toujours marrants, à l’instar de ce chat qui chasse sans arrêt, ou a toujours quelque chose dans la gueule.

Au final, Picsou – Le Dragon de Glasgow est une belle réussite, et peut-être l’une des meilleures œuvres de la collection Disney/Glénat. Possédant plusieurs niveaux de lecture, dynamique pour les enfants, mais profond pour les adultes, cette histoire a le mérite d’approfondir un peu plus un personnage culte de l’univers Disney en se plongeant dans son enfance, et en montrant comment il est devenu le canard le plus riche de la planète.
Note : 15/20
Par AqME