Auteurs : Frédéric Brrémaud et Federico Bertolucci
Editeur : Glénat
Genre : Humour, Aventure
Résumé :
Donald n’en peut plus de la ville. Entre les sirènes à toute heure, les travaux et les éboueurs, le tintamarre général a fini de lui taper sur les nerfs. Donald doit absolument s’éloigner de cet incessant remue-ménage s’il veut se reposer. Un peu d’air frais, le parfum des fleurs, le calme d’une région dépeuplée, voilà les seuls ingrédients dont il a besoin pour se requinquer. À peine cette pensée s’est-elle manifestée que voilà déjà Donald en train de rouler à pleine balle en direction de la campagne. Là-bas, il aura la paix ! Mais le sort ne sera pas si clément avec ce gaffeur de canard car pendant ses vacances, Donald fera tout sauf se reposer…
Avis :
En s’associant avec les éditions Glénat, Disney a eu la bonne idée de mélanger trois choses intéressantes. En premier lieu, de ressortir en version condensée des histoires complètes qui étaient parues dans les Mickey Parade de l’époque, permettant aux jeunes générations de se replonger dans des histoires qui ont peut-être bercé la jeunesse de leurs parents. Ensuite, ils ont eu l’idée de faire des sortes de reboot de certaines histoires, à l’instar de Mickey à Travers les Siècles, remis au goût du jour et faisant écho à la plus longue (et première) série française dans un magazine Disney. Enfin, la troisième bonne idée vient bien sûr de scénarios originaux, perpétuant ainsi un héritage qui, même s’il peut parfois lorgner vers l’aspect pécunier, possède quelques belles trouvailles. Dont Les Vacances de Donald fait partie.
Scénarisé par Frédéric Brrémaud et dessiné par Federico Bertolucci, ce one shot a une particularité qui le détache des autres albums de la collection, il et totalement muet. En effet, il n’y a pas de bulles, pas de dialogues et pour comprendre toute l’histoire, il faut décortiquer chaque vignette et chaque expression des personnages que l’on rencontre. Bien entendu, comme le premier public visé concerne les enfants, il ne va pas falloir chercher bien loin pour le pitch de base. Ici, Donald n’en peut plus du bruit de la ville, et comme il n’arrive plus à dormir, sur un coup de tête, il décide de partir à la montagne pour profiter du calme. Mais la nature peut aussi se montrer bruyante, et Donald va l’apprendre à ses dépens. Bref, rien de plus simple à comprendre.
A partir de ce scénario, on va vite comprendre les intentions du scénariste. Le début montre une vie nocturne bruyante, entre le ramassage des poubelles, les gens qui discutent, les voitures ou le train-train quotidien qui ne fait pas attention à ce qu’il y a autour. On se reconnait aisément dans ce brouhaha qui devient presque une habitude. Sur un coup de colère, Donald décide de partir, et il va être à l’image du citadin que l’on se fait. C’est-à-dire qu’il ne respecte pas le code de la route, il est vulgaire, fait n’importe quoi sur la route, quitte à mettre sa vie en danger. En gros, il devient celui qui fait du bruit au sein d’un nature calme et apaisée. Et on va vite découvrir que la nature va se venger de cet envahisseur qui se croit comme chez lui.
Dès lors, il est attaqué par des bouquetins, embêté par des écureuils ou encore dérangé par des ours. Ce calme tant recherché ne sera pas là, notamment parce que la nature grouille de vie, et que la vie est bruyante. Sous couvert d’un humour burlesque et frénétique, Brrémaud délivre une histoire qui a du sens, et qui peut se voir comme une ode à la vie à travers le bruit. Un bruit qui e fera uniquement dans notre tête, puisque l’album est, on le rappelle, totalement muet. Il n’y a pas de paroles, pas de cris, pas d’onomatopées, et force est de constater que cela marche du tonnerre. Il y a une vraie intelligence dans l’écriture et dans la distance que l’on peut avoir entre le silence visible de la BD, et le bruit qu’elle dégage quand on rentre dans l’histoire.
Après, tout n’est pas parfait non plus. On peut évoquer les sublimes dessins de Federico Bertolucci, ou encore l’écrin offert par Glénat, qui continue une collection visuellement magnifique, mais on reste tout de même sur un objet qui se lit très vite. Trop vite. Et de ce fait, le rapport qualité/prix fait un peu mal aux fesses. On a beau vendre le truc en disant que c’est un hommage aux comics strip des années 50, notamment dans de nombreux gags visuels, on reste tout de même sur quelque chose de simple, qui n’est que de l’interprétation d’images, et qui ne reste pas longtemps dans nos mains. C’est un concept, ça sort de l’ordinaire, mais on peut se demander si c’est réellement de la lecture. Certes, il y a un effort cognitif à fournir pour tout comprendre, tout saisir, mais ça reste un petit peu fainéant tout ça…
Au final, Les Vacances de Donald est un album plutôt plaisant et qui est assez malin dans son scénario, qui fait du bruit alors même que la BD est muette. C’est plutôt bien foutu et les dessins sont relativement beaux, restant dans le carcan Disney que l’on connait bien. Cependant, ça se « lit » bien trop vite et on reste sur des gags très enfantins, qui se veulent un héritage des années 50, mais qui peuvent paraître désuets aujourd’hui. Bref, un album plaisant, mais qui ne marquera pas la collection de son empreinte, si ce n’est par son concept.
Note : 14/20
Par AqME