C’est devenu une tradition, comme les résolutions de début d’année qu’on ne tient jamais, les discussions politiques autour des repas des fêtes ou encore une annonce gouvernementale ou présidentielle en décalage complet avec les aspirations populaires, je fais le bilan (calmement) de l’année musicale. L’occasion de redire que non, la musique n’est pas morte, pour autant qu’on éloigne ses oreilles (pour leur bien) des horreurs de la radio. L’occasion aussi de répéter qu’encore une fois, j’ai fait un top plus gros que l’année précédente et que, oui, l’année prochaine j’essaierai d’écouter beaucoup moins d’albums (qu’avais-je dit déjà sur les bonnes résolutions ?). Bon allez, trêve de bavardages et autres galéjades, c’est le moment pour vous de digérer les repas de fin d’année en lisant ce top et en essayant de ne pas vous étouffer en le lisant. Bonne année à tous. Voici la première partie qui part de 250 (et pourquoi pas ?) à 126
#250 Pearl Jam – Dark Matter (Monkeywrench Records) (Etats-Unis)
Quatre ans après Gigaton, Pearl Jam revient avec un 12ème album faisant le lien entre le pendant plus « pop » mainstream et le côté plus rock du groupe, en gardant les fondamentaux avec les ballades acoustiques et les titres plus patates, le tout avec des surprises dont un morceau plutôt « Hivesque ». Pearl Jam ne révolutionne plus des masses sa musique mais reste fort sur ses bases, de la magnifique voix d’Eddie Vedder au talent brut de la paire McCready/Gossard ou encore de Cameron aux fûts, le tout superbement mis en avant par le travail du désormais incontournable Andrew Watt (aux manettes des deux derniers Ozzy, du dernier Iggy Pop et du dernier des Stones). Boule d’énergie tout en gardant un regard lucide sur notre monde, Dark Matter, à l’instar de Gigaton, ne sera pas dans le très haut du panier d’un groupe qui nous a livré de purs chefs d’œuvre mais reste très solide tout de même.
#249 Nada Surf – Moon Mirror (New West Records) (Etats-Unis)
Premier album de Nada Surf depuis 4 ans et, pour être honnête, premier album du groupe sur lequel je me penche depuis 8 ans, et j’ai l’impression de retrouver Nada Surf où je les avais laissés avec You Know Who You Are avec un rock alternatif aux paroles riches et parfois mélancoliques, et musicalement très agréable, superbement exécuté, certes classique mais aussi classieux et immédiat.
#248 ex aequo Umbra Vitae – Light of Death (Deathwish Inc) (Etats-Unis)
Deuxième album pour le supergroupe Umbra Vitae qui comprend des membres de Wormwood, Uncle Acid and the Deadbeats, de Twitching Tongues, The Red Chord et Jacob Bannon, le frontman de Converge. Umbra Vitae œuvre dans un death metal mélodique et technique, hyper véloce et rugueux, qui tape dur et joue fort avec du bon gros growl mais qui arrive à surprendre le temps d’un titre qui ferait penser au niveau des vocalises à du Malevolence (le très bon Velvet Black où le groupe sort de sa zone de confort pour une composition du plus bel effet). Dépassant son simple statut de conjugaisons de talents, Light of Death possède suffisamment de solides coups d’éclats pour être chaudement recommandable.
#248 Master – Saints Dispelled (Hammerheart Records) (Etats-Unis / République Tchèque)
Aux côtés de Possessed puis de Death ou encore Obituary, Master fait partie des précurseurs du death metal. Groupe discret car n’ayant pas eu à leur actif de Seven Churches, de Scream Bloody Gore ou de Slowly We Rot, Master a depuis bougé en République Tchèque d’où ils continuent de sortir des albums à rythme régulier. Première offrande depuis 6 ans, Saints Dispelled fait revivre l’esprit du death d’antan, en mid-tempo avec une ambiance lourde, des riffs appuyés, des vocalises à la Obituary et une profonde sincérité. Et ça marche toujours.
#247 Suldusk – Anthesis (Napalm Records) (Australie)
5 ans après le très bon Lunar Falls, Suldusk revient pour un deuxième album. Le one-woman band d’Emily Highfield est devenu un groupe à part entière qui a pas mal teasé ce deuxième effort ces dernières années. La pochette plus sombre annonce la couleur : le dark folk d’origine s’est paré d’un blackgaze plus incisif et plus agressif tant au niveau de la batterie que des riffs. La musique de Suldusk a gagné en épaisseur et ce deuxième album s’avère très solide.
#246 Sorcerer – Devotion (Delivrance Records / Frozen Records) (France)
Sous cette pochette énigmatique et euuuuuuh oui énigmatique se cache le premier album de Sorcerer, groupe qui, en dépit d’un autre groupe au même nom mais œuvrant dans le doom depuis un bon moment, s’est vite fait un nom dans la scène hardcore et post-hardcore hexagonale en seulement 4 ans d’existence. Il faut dire que Sorcerer, dont les membres sont issus de groupes comme Worst Doubt, possède une certaine maturité d’écriture qui débouche sur des compositions qui arrivent à être plutôt originales et angoissantes pour un genre généralement plutôt balisé. Les ambiances sont travaillées, et la production de plutôt belle facture. Sorcerer a un bel avenir.
#245 We Hate You Please Die – Chamber Songs (Incisive Records) (France)
Troisième album pour We Hate You Please Die et petite révolution pour le groupe après le départ du chanteur Raphaël Balzary, remplacé par la bassiste Chloé Barabé désormais au micro. Un album fortement ancré dans un punk rèche, orienté riot grrrl, hyper engagé, farouchement féministe et à l’ambiance parfois froide et clinique. Très marqué par son époque, Chamber Songs s’écoute le poing levé.
#244 Mastiff – Deprecipice (MNRK Heavy) (Angleterre)
Un sludge boueux aux relents doom bien plombé couplé à un hardcore véhément et musclé du quadriceps, nous voilà dans l’univers furieux et noir de Mastiff, combo anglais qui a du mordant. Loin d’être le chienchien à Mémère, le Mastiff en question tient plus de la vision du Cerbère dans O’ Brother. Avec un quatrième album rugueux à souhait, Mastiff balance une morsure à la jugulaire qui ne s’arrête qu’à la dernière seconde.
#243 Bridge City Sinners – In the Age of Doubt (Flail Records) (Etats-Unis)
Les Bridge City Sinners reviennent pour un quatrième album, trois ans après l’ovni de 2021. Si le combo nous a habitué à marier country, punk et metal, le côté punk est moins présent à part dans la rapidité d’exécution. Pour le reste, le mélange opère à merveille dans ce Far West des enfers et la voix de la chanteuse entre country classique et growl est impressionnante.
#242 ex aequo The Jackets – Intuition (Chaputal Records) (Suisse)
Sous cette pochette digne d’un Picasso sous acides se cache la nouvelle livraison des Jackets, groupe suisse qui s’est fait une jolie réputation grâce à des lives de très bonne tenue (pour les avoir découvert en live il y a quelques années, jouant devant 20 personnes comme si c’était une salle comble, on a là un groupe hyper pro). Intuition est fidèle à la philosophie du groupe, proposant un garage rock psychédélique bien fuzzy boosté à l’énergie du punk et à l’univers proche du psychobilly. C’est hyper entraînant, les mélodies sont efficaces et donnent non seulement la banane mais aussi envie de danser et le chant de la frontwoman est toujours bien en place.
#242 Johnny Mafia – 2024…Année du Dragon (NMAS Editions) (France)
Avec son nom qu’on croirait pseudo d’un rappeur à deux balles chéri des Inrocks ou de Konbini, ses noms d’albums improbables et ses pochettes qui le sont tout autant, Johnny Mafia se démarque de la scène garage rock. Et ça tombe bien car cette nouvelle livraison alterne pas mal les registres entre garage et punk et livre un bon gros morceau de rock bien frais, cool et créatif.
#241 Orange Goblin – Science Not Fiction (Peaceville Records) (Angleterre)
Six ans après The Wolf Bites Back, Orange Goblin revient avec un 10ème album, avec un nouveau bassiste, l’historique Martyn Millard étant remplacé par Henry Armstrong venu du doom et apportant le côté massif du genre à la musique d’Orange Goblin. Science, Not Fiction propose un stoner racé, nerveux, aux riffs bien épais mené tambour battant, sans temps mort et bien ficelé.
#240 Dustin Kensrue – Desert Dreaming (Vagrant Records) (Etats-Unis)
Loin du post-hardcore de son groupe Thrice, Dustin Kensrue explore dans sa carrière solo des registres divers et variés, du gospel aux musiques de Noël en passant par la folk de Dylan et Cohen ou le soft-rock. Cette fois, Kensrue s’attaque à la musique country, une country old school venant du sud aride, des routes cahoteuses, des bars poussiéreux, et des histoires d’exilés. Une country que visiblement Kensrue aime sincèrement et viscéralement et la transmet avec une passion communicative et une envie de coller à l’esprit d’origine.
#239 Tribulation – Sub Rosa in Æternum (Century Media) (Suède)
Qu’il semble loin le death teinté de black metal des débuts ou encore les inclinaisons dans l’extrême de Tribulation. Sur ce nouvel album, les vocalises growlées apparaissent plus sporadiquement. Sub Rosa in Æternum est un album du changement, un album osé, couillu, classieux, superbement orchestré faute d’être du niveau d’antan.
#238 Infected Rain – Time (Napalm Records) (Moldavie)
Sixième album pour le combo de Chișinău Infected Rain. Un sixième album où le groupe continue sa montée en puissance dans le nu-metal à grosses louches d’électro. C’est monstrueusement puissant, compact au niveau sonore, hyper dense, un brin répétitif mais toujours efficace. Au centre du terrain, la toujours impeccable Lena Scissorhands, chanteuse et modèle capable de varier les plaisirs entre chant clair empreint de douceur et screams bien rugueux. Infected Rain ne réinvente pas sa recette et ne se foule pas outre mesure pour le titre de son album mais reste carré dans sa musique et réussit encore à monter le curseur.
#237 Iron Curtain – Savage Dawn (Dying Victims Productions) (Espagne)
Iron Curtain nous vient de Murcie et sort son cinquième album dont la pochette en dit long sur la ligne de conduite du groupe : fuck les fioritures. Le trio nous propose un thrash/speed/heavy inspiré par Venom, le Metallica de Kill ‘Em All et Motörhead. En résulte une musique avec des vocalises Lemmyesques, le rock n’ roll de Motörhead, des riffs à la Hit the Light, une certaine vélocité et un côté un brin crade. Et le tout marche très bien, même en 2024, c’est décomplexé, bien burné et plutôt bien foutu.
#236 Love Sex Machine – Trve (Pelagic Records) (France)
Si chez Pelagic Records, on a l’habitude d’albums prenants et contemplatifs, c’est pas dans cette optique que déboulent les lillos de Love Sex Machine et leur sludge crade au possible. Troisième album des cheuteumis, Trve est un vrai combat de boxe, une déferlante malsaine de riffs hyper saturés et de vocalises de fou furieux. Love Sex Machine a la rage et se déchaine sur l’auditeur. Moine bouddhistes zen et hippies new age s’abstenir.
#235 Dune Rats – If it Sucks, Turn it Up (BMG) (Australie)
Dune Rats est un power trio venu de Brisbane et proposant un mélange rock alternatif/punk/pop-punk. A l’instar de leur pochette fun, la musique de Dune Rats propose un joyeux bordel. Hyper énergique et bardé de tubes, ce cinquième album des aussies donne une envie de bouger les têtes, les corps et tout le reste de manière frénétique.
#234 Bastardane – Catatonic Symphony (Auto-production) (Etats-Unis)
Deuxième album pour Bastardane, tout jeune groupe qui évolue dans un mélange entre stoner et groove metal et qui nous vient de l’Etat de Georgie. Ne faisant pas les choses à moitié, le groupe ne nous propose pas moins de 16 titres pour 1h16, une durée qui se fait de plus en plus rare mais qui n’étonne pas trop quand on connait le père du batteur Castor, un certain James Hetfield qui a du baigné son fiston dans le goût des albums longs, des riffs bien puissant et bien fuzzy (n’oublions pas que, outre Metallica, papa Het’ a fait été invité sur un album de Corrosion of Conformity. Pour en revenir à Bastardane, le groupe sait nettement se départir de sa condition de groupe de fils de et nous proposer une musique fraiche, riffue à souhait où Castor Hetfield propose un jeu de batterie carré, où Ethan Sirotzki balance de solides lignes de guitares et où Jake Dallas nous gratifie d’une voix chaleureuse et balance des mélodies vite entrainantes. Un groupe définitivement à suivre.
#233 FIDLAR – Surviving the Dream (Auto-production) (Etats-Unis)
Acronyme de Fuck It Dog, Life’s A Risk, FIDLAR est une valeur montante de la scène punk californienne. Les angeleños sortent leur 4ème album (le premier depuis 5 ans). Entre skate-punk et rock alternatif, le groupe rappelle des formations comme les Anglais de Higher Power ou le Zebrahead de Get Nice, leur punk est aussi énergique que mélodique, hyper efficace et rentre-dedans avec des titres imparables. De quoi avoir la nostalgie de l’été.
#232 Heads Up – The Way of the Cure (M&O Music) (France)
Une pochette très drôle avec le hamburger mascotte du groupe pour le deuxième album de Head Up, groupe venu des Herbiers. Fan d’un punk mélodique et bien débile dans la lignée de groupes comme The Decline (dont le chanteur vient poser un feat), Heads Up propose un album fun, décomplexé et très efficace.
#231 Madame Robert – C’est Pas Blanche-Neige ni Cendrillon (At(h)ome) (France)
Six ans après un album bien cool, Madame Robert revient, toujours emmené par Reuno Wangermez (Lofofora, Mudweiser…), Stef Zen (ex- Parabellum) mais aussi Beuh-Fa (Little Odessa), Julien Mutis (Harvest Blues Band) et Léa Worms (Nina Attal, Ahmed Mouici). Inspiré par les sonorités des 60s et des 70s, le rhythm and blues, le cinéma potache de l’époque ou encore de Nino Ferrer, Madame Robert propose un rock groovy et énergique parlant aussi bien de la lâcheté des hommes, de l’émancipation de la femme que du farniente. C’est Pas Blanche-Neige Ni Cendrillon est un album parfait pour les vacances où Reuno se fait plaisir en mode récré et nous avec. Vite, des concerts.
#230 Coldcell – Age of Unreason (AOP Records) (Suisse)
Trois ans après The Greater Evil, les suisses ColdCell continuent d’explorer la psyché humaine avec le 5ème opus Age of Unreason au black metal véloce et ténébreux avec néanmoins un plage plus aérienne assurée par la superbe voix de Ines Brodbeck (Inezona) et son chant éthéré plus axé dark folk, une chanson qui enrichit un album déjà passionnant.
#229 ex aequo Modern Rites – Endless (Debemur Morti Productions) (Suisse/Etats-Unis)
Ils nous avaient gratifié d’une jolie mandale en 2021, et trois ans plus tard, surprise, Modern Rites colle un deuxième atemi derrière la tête. Les helvéto-ricains nous livrent un album d’une noirceur sépulcrale. Le gratteux Katalyst (Aara, Taubrą) nous balance des riffs démoniaques et le chanteur/tout-plein-de-truquiste Archytekt (bon OK, ça fait pseudo de rap des 90s) s’époumonne comme un possédé, balance de la grosse basse ou encore caresse les fûts avec une précision chirurgicale. Du bel ouvrage en somme.
#229 Ecr Linf – Belluaires (My Kingdom Music) (France)
Avec son nom difficile à mémoriser digne du blase d’un rappeur mais voulant dire Écraser L’infâme, Ecr.Linf peut laisser perplexe jusqu’à ce qu’on voit le CV des musiciens puisque autour de Khrys Denhez (ex-Demande à la Poussière) se trouvent des mecs ayant œuvré dans No Return, Hyrgal ou encore Svart Crown. Premier album d’Ecr.Linf, Belluaires porte cette maturité d’une œuvre exécutée par des mecs qui ont de la bouteille, un black metal puissant et superbement produit, racé, malfaisant comme il faut (avec en prime le chant habité voire fou furieux de Denhez qui prend aux tripes), et carré de bout en bout.
#228 Atrophy – Asylum (Massacre Records) (Etats-Unis)
Parfois, les trajectoires dans le metal vendent du rêve. Tout aussi improbable qu’Exhorder, celle d’Atrophy se pose là. Après deux albums salués (dont Violent by Nature qui marquera aussi par sa pochette), Atrophy splitte jusqu’en 2015 où le chanteur Brian Zimmerman et le batteur Tim Kelly font face à un gros turnover et une certaine instabilité jusqu’au départ de Zimmerman en 2020. Kelly continue donc avec un nouveau chanteur. Et puis Zimmerman décide de remettre le couvert avec d’autres zicos sous le nom d’Atrophy avec le guitariste Mark Coglan. Qu’à cela ne tienne, Kelly, par respect pour son ancien camarade, rebaptise sa formation Scars of Atrophy. Et Zimmerman sort ainsi, avec une section rythmique entièrement neuve, le troisième album d’Atrophy 24 ans après le précédent. Un troisième album où il est fait le choix de renouer avec l’esprit du premier (l’artwork rappelant Socialized Hate n’est pas anodin). Un album de thrash hyper véloce, bien old school, rèche, rentre-dedans dans la droite lignée de l’âge d’or du genre, pas révolutionnaire pour deux sous mais hyper gaulé au niveau des grattes, avec une batterie solide et une basse bien soulignée et des vocalises loin d’être rouillées.
#227 Cantique Lépreux – Le Bannissement (Eisenwald) (Canada)
Trois ans après l’EP Sectes, Cantique Lépreux revient avec un troisième album. Les 6 ans qui le séparent du deuxième album ont été bénéfiques tant Cantique Lépreux a affiné son style. Plus épaissi, plus baroque, plus grandiloquent, avec une superbe production comme Eisenwald nous le propose sur ses sorties récentes, Le Bannissement est un bijou de black metal hargneux, rugueux et sombre, avec en prime les paroles en français et le petit accent qui va bien.
#226 Pestilength – Solar Clorex (Debemur Morti Productions) (Espagne)
Quand on voit un album estampillé Debemur Morti, on sait qu’on aura un truc d’une noirceur insondable, sans compromis, radical et exigeant. C’est encore une fois le cas avec les basques espagnols de Pestilength, groupe qui mélange du black et du doom/death. 3ème album du groupe, Solar Clorex propose une musique compacte, violente, tortueuse mais aussi massive, dense, implacable avec une rythmique plombante, des riffs malsains très blackisant et un growl venu des entrailles de la Terre et faisant passer le vocaliste d’Anarkhon pour un mec qui vient juste de muer. Malsain comme pas permis, presqueterrifiant, ce nouveau Pestilength est fait pour marquer au fer rouge.
#225 Goodnight, Texas – Signals (2 Cent Bank Check) (Etats-Unis)
Cinquième album pour Goodnight, Texas, groupe qui avait fait partie des quelques jolies surprises du tribute album mi-figue mi-raisin The Metallica Blacklist. Goodnight, Texas fait de l’americana pur jus, une folk généreuse, classique et classieuse qui suinte l’oncle Sam par tous les pores et nous entraîne dans les grands espaces. C’est beau, c’est propre, ça donne envie de voyager (et en plus Kirk Hammett fait un featuring sur l’album, pour ne rien gâcher)
#224 Cody Jinks – Change the Game (Late August Records) (Etats-Unis)
A 43 ans, Cody Jinks s’est décidé à arrêter de boire, quitter son manager et commencer une thérapie. C’est cette page qui se tourne qui est au cœur de son nouvel album, condensé de pure outlaw country. Venu des scènes punk et metal, Jinx a su canaliser sa rage et garder le côté sombre de ses débuts pour l’infuser dans une country sombre et introspective au niveau des paroles sous une musique entre country old school et honky-tonk aux guitares solides et bien solide sur ses bases où la voix du texan fait mouche.
#223 ex aequo Hot Water Music – VOWS (Equal Vision Records) (Etats-Unis)
Hot Water Music fête ses 30 ans cette année et pour ce faire, sort un dixième album. Aidé par des invités comme Thrice, The Interrupters ou Dallas Green, Hot Water Music propose un album hyper carré, mélodique, posé et empreint d’une certaine maturité d’écriture. VOWS est un album sérieux et solide avec des compositions plutôt classieuses et une production au cordeau.
#223 Green Day – Saviors (Reprise Records) (Etats-Unis)
J’ai un rapport compliqué à Green Day. J’adore Dookie, que je mets dans mes albums préférés de punk américain grâce à ce dosage skate-punk/pop-punk parfait et ces classiques en puissance (et je ne parle pas que de Basket Case). Pour le reste, en dehors de certains morceaux mondialement connu, j’ai du mal à accrocher, je trouve ça trop lisse, trop sage, trop tiède. Peut-être me suis-je assagi en vieillissant, ou est-ce la pochette qui a attiré mon attention mais j’ai eu envie de tester Saviors. Et Saviors, c’est plutôt solide, le trio Armstrong/Dirnt/Cool est en forme et il y a un bon équilibre entre pur morceau de punk bien rapide et efficace et ballades plus calmes, le tout interprété avec une fougue de jeunes premiers. De quoi peut-être changer mon rapport au groupe et essayer de lui donner une autre chance.
#222 Silhouette – Les Dires de l’Âme (Antiq Records) (France)
Après un EP prometteur, les montpélieraings de Silhouette sortent leur premier album. Emmené par un duo classique chanteuse à la voix éthérée/chanteur au chant hargneux, Silhouette nous entraîne dans une musique bipolaire tour à tour contemplative et plus sèche, aux mélodies soignées, aux compositions prenantes, aux riffs glacials dopés aux gros blasts de batterie mais toujours chargés en émotions brutes et viscérales. Un groupe définitivement à suivre.
#221 Brat – Social Grace (Prosthetic Records) (Etats-Unis)
Tout jeune groupe de « bimboviolence » (selon leurs termes) mêlant powerviolence, grindcore et death, le quatuor Brat s’est fait un nom avec des EP remarqués et franchit le cap du premier album. C’est un peu court mais c’est bien brutal avec des riffs ultra saturés, un propos implacable, des morceaux courts, rapides et allant à l’essentiel et le chant habité de Liz Selfish.
#220 Knocked Loose – You Won’t Go Before You’re Supposed To (Pure Noise Records) (Etats-Unis)
Juste avant de mener un raid contre des démons récalcitrants dans une usine désaffectée dans la saison 2 d’Ash vs Evil Dead, Ash Williams lance « We’ve given peace a chance, now it’s time for war ». C’est un peu l’état d’esprit de Knocked Loose sur ce troisième album. Là où le précédent proposait un blackened hardcore un brin élitiste, ce nouvel opus fait office de grosse baston générale mais armée et, curieusement, Knocked Loose, malgré sa démarche radicale, attire des invités comme Chris Motionless de Motionless in White et Poppy, deux artistes des scènes core un brin plus mainstream. Arriver à avoir un statut de poids lourd du hardcore, brassant un public de coreux plus large sans se renier, c’est le tour de force de ce nouvel album toujours plus déchaîné, torturé et exigeant avec un refus total de la mélodie pour opter pour des compositions chaotiques et destructurées où l’auditeur se prend des pains de forains dans la gueule. Knocked Loose avait préparé à la bagarre, maintenant c’est carrément la guerre qu’ils proposent.
#219 Cyphre – Idolatry (Klonosphere) (France)
Cyphre est un quatuor basé à Saint-Lô, fraîchement signé chez Klonosphere, et œuvrant dans un death mélodique/progressif inspiré par l’âge d’or du death des 90s. Ça tape dur et lourd en mid-tempo, les riffs sont gras comme il faut et les growls sont caverneux à souhait. Premier album du groupe, Idolatry est une profession de foi, un cri d’amour au death musclé d’antan qui ravira sans problème les nostalgiques.
#218 Cigarettes After Sex – X’s (Partisan Records) (Etats-Unis)
Entre indie et dreampop, Cigarettes After Sex s’est fait un nom avec des albums planants et sensuels taillés pour faire la sieste ou pour s’envoyer en l’air au choix. Ce nouvel album ne déroge pas à la règle avec une nouvelle salve de titres qui sont autant d’appels au mélange de poils si tant est qu’on est adepte du vanilla sex. C’est beau, c’est doux, c’est délicat, c’est sûrement lavé avec Mir Laine. Bref, c’est délicieux.
#217 Mercyless – Those Who Reign Below (Osmose Production) (France)
Quand on parle de death français, on pense tout de suite à Gojira (et c’est normal tant le combo a tué le game, même avec une orientation plus prog avec le temps), mais les gourmets, les anciens, les vrais amateurs historiques du genre penseront davantage à Loudblast ou à Mercyless. Mercyless, c’est les papas, les tontons, les mecs en place depuis 37 piges. Quatre ans après Mother of All Plagues, les grandestois (on va dire que les habitants de la région de Morano s’appellent comme ça) signent un huitième album, cette fois sur un endroit où l’éternité n’est pas supposée être hyper funky (et non, on ne parle pas de Mulhouse). Chant à la John Tardy, riffs tortueux, blast beats, grosse basse, les ingrédients d’un death old school sont là, pour un album taillé pour casser les nuques et les os. Garant d’un death bio et AOP, Mercyless balance un nouvel uppercut, savamment ciselé et intègre.
#216 ex aequo Hour of Penance – Devotion (Agonia Records)(Italie)
Neuvième album en 25 ans pour Hour of Penance, autre groupe de très gros calibre de la scène technical brutal death italienne avec Hideous Divinity. Plus tortueux dans les partoches que leurs compatriotes, plus guttural aussi, Hour of Penance nous livre un festival de violence pure et de mysticisme sombre pour un superbe rendu et un album hyper solide.
#216 Resin Tomb – Cerebral Purgatory (Transcending Obscurity Records) (Australie)
La pochette n’invite pas à la grosse marrade et pour cause, Resin Tomb couple un death lourd et dissonant à un sludge gras et malsain. Peu avare en riffs tortueux, Resin Tomb impressionne avec un premier album lugubre à souhait, bien compact et sans fioritures.
#215 Fleshgod Apocalypse – Opera (Nuclear Blast) (Italie)
Après un grave accident d’alpinisme qui a failli coûter la vie du leader Francesco Paoli et une mise en pause du groupe qui en a découlé, Fleshgod Apocalypse revient avec un album inspiré par cet accident et les conséquences sur la santé physique et mentale de Paoli, un album qui porte bien son nom car construit comme un opéra. Faisant fi de toute velléité de sobriété (comme d’habitude), les Italiens nous offrent une œuvre de death symphonique impressionnante tant dans sa production gargantuesque, son orchestration, sa puissance et l’efficacité de ses compositions. Le jeu de dualité des voix growl masculin/chant clair féminin offre des morceaux du plus bel effet. Un nouvel album riche, complexe et passionnant.
#214 ex aequo Laura Jane Grace – Hole in My Head (Big Scary Monsters) (Etats-Unis)
Depuis la fin de sa transition, Laura Jane Grace a un peu laissé tomber Against Me pour livrer des projets solos. Avec son nouvel effort, on voit bien que l’esprit du groupe n’est pas loin avec ce mélange punk/folk-punk et cette variation électrique/acoustique qui allait déjà bien à l’époque. Pour les fans d’Against Me, on est en terre plutôt connue et ça fait toujours plaisir à écouter.
#214 Typhoid Rosie – Last Words (Auto-production) (Etats-Unis)
Troisième album des brooklyniens de Typhoid Rosie, combo emmené par la riot grrrl Rosie Rebel. Last Words nous offre de nouvelles bombinettes d’un punk féministe et engagé, catchy à souhait et fier, parfaitement taillé pour la scène et qui donne une sérieuse envie de se défouler.
#213 Arka’n Asrafokor – Dzikkuh (Reigning Phoenix Music) (Togo)
Arka’n Asrafok’or est un groupe venu du Togo, pays pas hyper réputé pour sa scène metal. Le quatuor de Lomé propose un metal enrichi de musique traditionnelle togolaise et chanté en ewé et en anglais. On pense assez vite, au niveau du mélange, aux néo-zélandais Alien Weaponry et encore une fois, ça fonctionne plutôt bien. C’est certes inégal mais c’est frais, sincère et ça propose quelque chose de neuf dans le genre groove/thrash, ce qui n’est pas pour déplaire.
#212 King of None – In the Realm (Argonauta Records) (Finlande)
Premier album pour les Finlandais King of None et à l’image de la pochette, on baigne dans un trip spatial psychédélique. In the Realm baigne entre stoner psychédélique et blues-rock avec des morceaux fuzzy à souhait, aux riffs racés et aux solis vertigineux et à la rythmique bien rentre-dedans (sans compter les superbes lignes de basses), bref toute la panoplie du genre pour un album qui s’écoute à fond toutes vitres ouvertes.
#211 Burning Heads – Embers of Protest (Kicking Records) (France)
Figure totémique du punk hexagonal, Burning Heads marque profondément la scène française et même au-delà (signature chez Epitaph, apparition dans la compilation Punk-O-Rama) depuis 1987. 17ème album du groupe, Embers of Protest est du Burning Heads pur jus, éloigné de la période mi-punk mi-reggae/dub (même on trouve une piste reggae). Pour le reste, c’est du pur punk mélodique et incendiaire porté par la voix de Fra pour son deuxième album en remplacement de l’historique Pit Samprass (mais le registre est assez proche) et une volonté de poser des hymnes à la fois frondeurs et efficaces.
#210 ex aequo Heavy Temple – Garden of Heathens (Magnetic Eye Records) (Etats-Unis)
10 ans après ses débuts, Heavy Temple sort son deuxième album. Étiqueté doom psychédélique, Heavy Temple lorgne entre stoner, rock psyché des 60/70s, proto-doom et heavy de la première vague. Fuzzy à souhait, saturé comme on l’aime, avec des parties de guitare bien fournies et un batteur excellent variant pas mal les registres et au jeu tout en finesse et pour couronner le tout le chant puissant et limite cérémonial de High Priestess Nighthawk (même le pseudo a de la gueule), de quoi faire de Heavy Temple un nom à retenir.
#210 Castle Rat – Into the Realm (King Volume) (Etats-Unis)
Les années 60/70, ses pochettes un brin kitsch chatoyantes, ses délires médiévistes occultes, tout est là sur ce premier album des new-yorkais Castle Rat, petite pépite old school aux partoches de basse léchées, aux riffs mirifiques et au chant féminin chaleureux et puissant. Du neuf fait avec du vieux certes mais hyper bien fait.
#209 Death Lens – Cold World (Epitaph) (Etats-Unis)
La valeur n’attend pas le nombre des années et venir de la ville qui possède l’une des plus grosses scènes punk au monde n’a pas freiné les ardeurs de Death Lens. Ce jeune groupe déboule avec un deuxième album fortement marqué par un sentiment d’urgence, abrasif, incendiaire avec une distortion bien marquée, un son punk bien saturé et une absence totale de fioritures. A l’image de la pochette, Death Lens n’a pas l’intention de se retenir et tant mieux.
#208 Bones Owens – Love Out of Lemons (Thirty Tigers / Black Ranch Records) (Etats-Unis)
Quand il ne fait pas le gratteux itinérant pour plusieurs artistes et formations, Bones Owens se pose pour sortir un disque. Deuxième album du gars de Nashville, Love Out Of Lemons est un petit bijou mêlant une americana classique et un rock fiévreux bardé de riffs explosifs et superbement chanté. Le mélange des genres opère à merveille et on a immédiatement envie de partir en road trip.
#207 Deep Purple – =1 (Ear Music / Edel) (Angleterre)
Toujours pas rassasié, Deep Purple en est à son 23ème album. Le groupe en est à son « Mark IX » ou neuvième changement de line-up avec le remplacement de Steve Morse par Simon McBride. Aux côtés des historiques Paice, Glover et Gillan, McBride apporte un peu de fraîcheur et sur ce nouvel album, le « bizu » balance des plans d’anthologie tandis que Airey nous sort des partoches de claviers chiadées faute d’être sobres. Avec ce =1, Gillan et Glover montrent qu’ils en ont encore sous la semelle, tout comme Paice au jeu précis et fin, faute d’être spectaculaire. Après 56 ans d’existence, le violet profond ne semble pas près de s’éteindre.
#206 Alkhemia – Abraxas (Malpermesita Records) (France)
Nouveaux venus dans la scène black metal, les Lillois Alkhemia comptent dans leur rang James Spar du groupe de blackened death In Hell. Oscillant entre black et blackened death, Alkhemia n’est pas venu en touriste et offre un petit bijou de noirceur et de violence, plutôt ramassé dans son format avec des titres fleuves mais jamais lassants et une impressionnante maturité de composition et d’écriture.
#205 Blood Red Throne – Nonagon (Soulseller Records) (Norvège)
La valse des vocalistes ne semble pas avoir d’effet sur Blood Red Throne, qui signe un 11ème album en 26 ans. Cette fois, c’est Sindre Wathne Johnsen (Celestial Scourge, Deception) qui officie au micro et la sauce prend bien. Les growls sont de bonne tenue mais ce sont surtout la paire Død/Ivan Gujić qui nous gratifie de superbes riffs vertigineux, contribuant à faire de ce Nonagon une très belle cuvée.
#204 Aro Ora – The Twelfth Hour (Klonosphere) (France)
En 2019, Aro Ora signait un premier album de bonne tenue, Wairua. Depuis, le chanteur Baptiste Boudoux est parti, remplacé par Quentin Dabouis. Le groupe change légèrement de cap. Exit les références à la culture maori, en revanche le côté death a été renforcé, un death moderne avec un côté prog inspiré par des groupes comme TesseracT. Les compositions sont plus rèches, nerveuses avec toujours ce soin apporté à une production bien musclée, pour un album immédiat et hyper carré.
#203 Robot Orchestra – V (Klonosphere) (France)
Sobrement intitulé V, il s’agit du cinquième album de Robot Orchestra, où cette fois le duo fondateur est accompagné d’un violoniste et d’un violoncelliste. De ce mélange des genres entre l’élégance des instruments sus-cités et le post-rock/post-metal/noise du groupe nait un album quasi-instrumental, riche et varié dans les ambiances et tournant autour des noms de villes que le groupe a visité dans ses tournées. Véritable voyage auditif, V est dans la droite lignée de groupes comme Hypno5e, se dévoilant au fil des écoutes et transportant l’auditeur très loin.
#202 Belore – Eastern Tales (Northern Silence Productions)(France)
One-man band marseillais influencé par des formations comme Moonsorrow, Saor et The Summoning, Belore sort son troisième album avec au menu un black metal épique baignant dans des ambiances celtiques et médiévales prégnantes retranscrites avec des orchestrations du plus bel effet. Tour à tour planant et épique, Eastern Tales peut difficilement laisser indifférent.
#201 Korpiklaani – Rankarumpu (Nuclear Blast) (Finlande)
Trois ans après Jylhä, Korpiklaani revient pour faire danser sur les tables en tapant du pied. Avec ses titres tantôt massifs tantôt martiaux, Korpiklaani distribue autant de chansons que d’appels à bouger son corps avec une musique aussi énergique que fédératrice basée sur un registre traditionnel boosté par de gros élans metal. Dansons, buvons, ripaillons au son du folk metal festif et immédiat des Finlandais.
#200 The O’Reillys and the Paddyhats – Coming Home (Auto-production) (Allemagne)
Un an après un Wake the Rebels solide, les Allemands The O’Reillys and The Paddyhats reviennent pour un album dont le nom sonne comme le retour à la maison pour les fêtes après une grosse tournée. Condensé de pur celtic punk entêtant et entraînant, Coming Home donne une furieuse envie de danser la main sur le cœur. De quoi enrichir la playlist des meilleurs pubs du coin.
#199 Corvus Corax – Tausend Jahre Tanzmusik (Behßmokum Records) (Allemagne)
15ème album pour les vétérans de la scène néo-médiévale allemande Corvus Corax. Tausend Jahre Tanzmusik mêle instruments médiévaux, esprit rock voire punk et ambiance pagan pour un rendu hyper énergique et communicatif qui colle immédiatement la banane et l’envie de bouger. Corvus Corax c’est la fête !
#198 Rhapsody of Fire – Challenge the Wind (AFM Records) (Italie)
Groupe incontournable de la scène power sympho Rhapsody of Fire en est à son 15ème en 30 ans d’existence. Toujours généreux dans ses récits épiques d’heroic fantasy, le quintette a toujours réussi à faire dans le grandiloquent sans que ce soit too much (chose rare dans le genre). En plus de livrer des morceaux composés au cordeau avec un superbe travail autant sur le plan vocal, la guitare que sur toute la section rythmique (la basse, la batterie et la rythmique sortent toujours de superbes plans), Rhapsody of Fire nous dégaine une monumentale chanson de 16 minutes où comme d’habitude la grandiloquence se marie à la subtilité. Habitué des sorties de bonne tenue, Rhapsody of Fire signe ici un coup d’éclat.
#197 The Dandy Warhols – Rockmaker (Sunset Blvd Records) (Etats-Unis)
Douzième album pour les Dandy Warhols qui reviennent à une musique plus rock après un album expérimental. Le rock du quartette de Portland est toujours aussi énergique et varié avec en plus des invités comme Frank Black, Slash qui vient nous poser quelques lignes de 6 cordes bien senties et Debbie Harry dont la voix évanescente conclut l’album à merveille. Revenant à l’esprit des albums comme Come Down ou Thirteen Tales from Urban Bohemia, les Dandy Warhols confirment avec Rockmaker que 30 ans après leurs débuts, ils ont de solides restes.
#196 Idles – Tangk (Partisan Records) (Angleterre)
Cinquième album pour le combo de Bristol Idles, quintet qui a gagné pas mal en popularité ces dernières années. Entre post-punk, punk et rock, Tangk varie pas mal les genres et bouscule les habitudes. Tantôt classieux, tantôt plus abrasif mais toujours carré et bien travaillé, il montre un groupe qui n’aime pas se reposer sur ses lauriers.
#195 Crystal Viper – The Silver Key (Listenable Records) (Pologne)
Crystal Viper fête 21 ans d’existence et nous sort un neuvième album. Pour ce nouvel opus, il y a eu du mouvement puisqu’un nouveau batteur est arrivé et que la chanteuse Marta Gabriel, après une période où elle assurait une des deux guitares est passée à basse. Plus que jamais, Mrs Gabriel est un rouage essentiel puisqu’en plus du chant, des paroles et du songwriting, elle change d’instrument, le fait super bien et en plus, assure le piano le temps d’un morceau. Ces changements sont pour le mieux pour le groupe de power lovecraftien car la qualité des compositions a encore progressé. Le batteur est monstrueux, quant à la paire de gratteux, ils nous gratifient de moments sublime. Plus technique que d’habitude, superbement ficelé en termes de compositions, The Silver Key est probablement le plus solide de Crystal Viper.
#194 Pia Isa – Dissolve (Argonauta Records) (Norvège)
Dame Pia Isaksen n’est pas du genre à glandouiller et à se reposer sur ses lauriers. Entre deux albums de son groupe Superlynx, elle signe déjà son deuxième album solo, toujours épaulée de son comparse Ole Teigen aux fûts et de Gary Arce de Yawning Man et Big Scenic Nowhere à la deuxième gratte. Le résultat est toujours aussi bluffant et jouissif avec des riffs certes répétitifs mais plutôt solides et plombés par une batterie mammouthesque et la voix évanescente de Mme Isaksen, éthérée et gracieuse touche au cœur.
#193 1000Mods – Cheat Death (Ouga Booga and the Mighty Oug Recordings) (Grèce)
5ème album pour 1000Mods, formation grecque qui évolue désormais en power trio. Si la production pèche par moments avec des titres un brin trop compressés, 1000Mods compense par une certaine qualité de composition en proposant un stoner certes classique mais avec des riffs bien sentis, des plans de grattes efficaces et une alternance entre titres bien pêchus et d’autres plus massifs.
#192 Fu Manchu – The Return of Tomorrow (At the Dojo Records) (Etats-Unis)
Groupe phare de la scène stoner depuis 40 ans, Fu Manchu livre enfin un successeur au très bon Clone of the Universe et donc un 13ème album. Après 4 décennies à asseoir un certain statut, Fu Manchu n’a plus rien à prouver et se fait plaisir tout en campant sur ses fondamentaux, cette fois via un album prévu pour le format vinyle, scindé en deux parties : la première dans un registre stoner punkoïde hyper énergique et rentre-dedans, et l’autre avec des titres nettement plus lents. L’ensemble est une efficacité redoutable faute d’être d’une originalité folle, on se retrouve avec de superbes lignes de guitare et le batteur Scott Reeder semble pas mal inspiré, le tout pour emballer un album synthèse de ce que le groupe fait de mieux et on a ce qu’on est venu chercher.
#191 Fucked Up – Another Day (Fucked Up Records) (Canada)
Suite de l’album One Day, Another Day de Fucked Up œuvre dans le même registre post-hardcore mélodique à la Alexisonfire avec des refrains fédérateurs, des mélodies prenantes, des compositions immédiates sur lesquelles le chanteur beugleur peut s’en donner à cœur joie, la doublette de guitariste et le bassiste nous livrant des performances au cordeau, le tout avec des propos sans concession sur notre triste époque.
#190 Grand Magus – Sunraven (Nuclear Blast) (Suède)
Neuvième album pour Grand Magus, formation aux 25 ans de carrière. Entre doom et heavy metal sabbathien, les Suédois nous gratifient d’un album de grande classe à l’orchestration massive sans être plombante, parfaitement équilibrée et mené par la voix chaleureuse et puissante de JB Chrisoffersson au timbre rappelant celui du frontman de Monster Magnet. Orné d’une pochette bien vintage, Sunraven ne renie pas l’héritage de la bande à Ozzy, Iommi et Geezer et, sans les copier bêtement, s’en montre digne.
#189 F.K.Ü – The Horror and the Metal (Despotz Records) (Suède)
Avec une productivité de panda sous Tranxène, les Suédois de F.K.Ü. en sont à 6 albums en 37 ans de carrière. Tournant autour de thèmes comme le moshing, l’humour noir et le cinéma de genre (en même temps, leur nom veut dire Freddy Krueger Ünderwear), les albums du groupe sont souvent très second degré. The Horror and the Metal ne déroge pas à la règle en invoquant La Malédiction (avec en sample une scène assez marquante du film), Massacre à la Tronçonneuse ou des thèmes joyeux comme le cannibalisme. Le tout avec une certaine efficacité pour faire des mélodies entrainantes, des refrains marquants et une certaine bonhommie qui offre un capital sympathie supplémentaire.
#188 Hiraes – Dormant (Napalm Records) (Allemagne)
Deuxième album pour les germains Hiraes. La pochette nous promet un album contemplatif et prenant. Si on peut regretter quelques gimmicks typiques du death moderne au niveau des effets sonores, le combo bénéficie d’une belle production qui souligne les riffs massifs ainsi que la frappe lourde. Au micro, Britta Görtz nous gratifie d’un growl particulièrement véhément et menaçant. Le tout au service de compos plutôt solides.
#187 Livløs – The Crescent King (Napalm Records) (Danemark)
Troisième album en 10 ans pour Livløs, quintette danois qui propose un album à l’ambiance riche avec une belle production et des compositions de très bonne tenue, un death mélodique racé et classieux aussi beau dans sa musique que dans l’artwork.
#186 Flotsam and Jetsam – I Am The Weapon (AFM Records) (Etats-Unis)
Trois ans après Blood in the Water, Flotzilla s’est réveillé et est passé à l’attaque. Flotsam and Jetsam sort un nouvel album et à l’image de sa mascotte, le groupe est énervé. 40 ans après ses débuts sous ce nom, Flotsam and Jetsam a toujours la fougue de la jeunesse mais avec l’expérience de celui qui s’est imposé comme un pilier de son genre. Le thrash a beau être un genre qui s’est ancré dans un carcan restrictif, Flotsam and Jetsam fait partie de ces formations qui tirent le genre vers le haut. Production musclée, riffs de grande classe, solis vertigineux, basse menaçante, batterie à la fois technique, rapide et proposant de superbes plans et breaks, élans heavy/power juste ce qu’il faut de grandiose et chant dickinsonien hyper mélodique, Flotsam and Jetsam a beau ne pas se renouveler des masses, il continue de sortir des albums grandioses.
#185 Touche Amore – Spiral in a Straight Line (Rise Records) (Etats-Unis)
Sixième album pour Touche Amore. Le quintette californien, incontournable de la scène post-hardcore mélodique, nous gratifie d’un album empreint de mélancolie où le chant à fleur de peau de Jeremy Bolm contraste avec des mélodies aériennes, parfois contemplatives, et tout en finesse. Que ce soit dans des moments de grâce comme lorsque la rythmique s’emballe, le duo de gratteux ou encore le batteur Elliott Babin font preuve de créativité et de précision et contribuent grandement à la réussite de l’ensemble.
#184 Vended – Vended (Auto-production) (Etats-Unis)
Les musiciens de metal des 80/90 sont devenus parents, leurs enfants ont grandi et maintenant ont leurs propres groupes. On l’a vu avec le fils Trujillo et son très bon groupe Ottto, le fils de James Hetfield joue dans Bastardane, maintenant on parle de deux autres fils de : Griffin Taylor et Simon Crahan, fils respectifs de Corey Taylor et Shawn Crahan. Shawn Crahan est percussionniste et son fils est batteur, quant à Griffin, il officie au micro comme papa. Les papas sont des cadres indéboulonables de Slipknot et Vended ressemble pas mal au monstre à 9 têtes de Des Moines. Outre le goût pour le maquillage, la ressemblance se fait aussi dans l’identité musicale. Vended aussi fait dans le nu-metal rapide et brutasse. Les scratchs en moins, l’ambiance glauque en moins, on a l’impression d’entendre le Slipknot des 3 premiers albums. Et les mecs ne sont pas de vulgaires copycats mais gèrent franchement niveau technique. C’est rapide, énervé, puissant, sans concession et sans inclinaison dans ce que la nouvelle génération de nu-metalleux fait de pire. La relève est clairement assurée.
#183 Body Count – Merciless (Century Media) (Etats-Unis)
Quatre ans après l’excellent Carnivore, Body Count est de retour en même temps que Trump et d’une Amérique que la bande à Ice-T a toujours combattu. C’est donc le retour d’un Body Count toujours aussi remonté et nécessaire. Cette fois, le groupe a invité Corpsegrinder de Cannibal Corpse, Max Cavalera, Joe Bad de Fit For An Autopsy mais aussi Howard Jones qui a retouché un brin sa voix avec un autotune inutile. Body Count revient avec son rap-metal bourrin et véhément. Les patrons de la scène sont toujours aussi impitoyables et implacables.
#182 ex aequo Marilyn Manson – One Assassination Under God (Chapter 1) (Nuclear Blast) (Etats-Unis)
Autant évacuer le point noir tout de suite : oui Brian Warner alias Marilyn Manson est un porc, une ordure, un malade mental instable et toxique doublé d’un être nuisible et oui ce dont il est accusé est impardonnable. Ceci étant évacué, difficile de mettre de côté le fait que depuis que l’homme connaît de près les bureaux de police et les tribunaux et qu’il en a terminé avec l’alcool (et espérons-le, avec sa bite), l’artiste lui a repris du poil de la bête et Marilyn Manson signe ici son meilleur album depuis des lustres. On retrouve le metal indus gothique de MM avec ce chant habité et parfois bien énervé, ces riffs ciselés de la paire Wiley/Bates et cette ambiance glauque à souhait. En attendant (et ce serait normal) des lives en taule, celui qui fut l’Antéchrist Superstar aujourd’hui déchu est bel et bien de retour et en forme.
#182 Ministry – HOPIUMFORTHEMASSES (Cleopatra Records) (Etats-Unis)
Décidément, l’ère post-Trump (et pré-re-Trump) inspire les parrains du metal indus. Après le très pauvre et difficilement écoutable Amerikkkant et le très bon mais sous-côté Moral Hygiene, Ministry revient avec un nouvel album en cette année d’élection où Donald risque fort de faire un mandat supplémentaire malgré ses ennuis judiciaires. Comme d’habitude, tonton Al et ses copains sortent un skeud politiquement chargé. On ne devrait pas trop voir les Proud Boys et autres cintrés de QAnon à leurs concerts, les fanboys du porc orange s’en prenant plein la tronche avec des titres autour de la masculinité toxique, du fanatisme religieux ou encore des white trashs et autres cas sociaux qui font passer le pays pour un ramassis de déchets de l’humanité, le tout avec l’apport de Jello Biaffra ou encore Pepper Keenan de Corrosion of Conformity. Sans atteindre les hauteurs de Psalm 69, c’est du solide.
#181 Witchorious – Witchorious (Argonauta Records) (France)
Formé à Chelles en 2009, Witchorious est un trio composé des frangins Lucie et Paul Gaget, et du chanteur guitariste Antoine Auclair. Premier album du groupe, Witchorious nous propose un doom surpuissant, classieux, théâtral et étincelant lorgnant vers le doom psyché et occulte de Black Sabbath mais en apportant une hargne supplémentaire dans le chant alternant entre clair éthéré et growl. Riffs superbe, travail de batterie au cordeau et tout en variation, Witchorious nous régale avec même une ballade doomgaze où Lucie et Antoine forment un fort joli duo. Bref, Witchorious s’avère plein de promesses à l’image du magnifique artwork.
#180 Magyd Cherfi – Le Propre des Ratures (LKP) (France)
Pilier de la scène toulousaine au sein de Zebda et des Motivés, Magyd Cherfi s’est depuis fait un nom en solo, que ce soit par ses écrits pour la presse, ses livres, ses actions auprès de l’Éducation Nationale, mais surtout ses albums depuis le magistral La Cité des Étoiles. A 61 ans, il sort son cinquième album en continuant de mélanger les influences musicales au service d’une plume tour à tour légère et plus grave, toujours en phase avec son époque et abordant des sujets comme le féminisme, le classisme ou les relations humaines. Avec sa voix posée et emplie de tendresse et d’une émotion à fleur de peau, Magyd Cherfi nous offre 11 nouvelles pépites. Bien sûr, le premier album est inégalable mais Le Propre des Ratures possède bien des atouts pour se poser en nouvel incontournable de tonton Magyd.
#179 Fange – Perdition (Throatruiner Records) (France)
Imaginez le tableau. C’est un dimanche pluvieux, il fait 4 degrés, et nous devez marcher dans la boue et les flaques d’eau avec des tongs. La musique de Fange, c’est ça, un sludge industriel noisy avec le côté boueux et poisseux du premier et la froideur mordante du second, un ensemble dissonnant et pas franchement confortable. A l’image de la pochette qui donnera des sueurs aux fans du type qui met l’ambiance en changeant l’eau en vin, Perdition est un nouvel album tendu comme un arc, sauvage, hargneux et cruel.
#178 Houle – Ciel Cendre et Misère Noire (Les Acteurs de l’Ombre) (France)
Souquez ferme et hissez la grande voile. Houle accoste avec un premier album où le fier équipage vient conter et hurler des histoires de marins, d’océans hostiles et autres thématiques en lien avec cet élément indomptable et impétueux qui a emporté tant d’hommes. A l’image des hurlements viscéraux de la chanteuse Adsagona, le black metal de Houle colle au sol à coups de déferlantes hostiles et de rouleaux implacables. Original dans son ambiance et dans ses thématiques, Houle livre un premier album surprenant comme une baïne et implacable comme la marée montante.
#177 Carnal Savagery – Into the Abysmal Void (Moribund Records) (Suède)
Formé en 2017, le groupe suédois Carnal Savagery a décidé qu’il n’avait pas le temps de niaiser et depuis 2020, a enquillé déjà 5 albums et une pile de singles. Bien que formé récemment, le combo a décidé de rendre hommage aux anciens avec un death certes bien musclé dans sa production, mais revenant aux sources, à la fois d’un death américain vintage à l’univers bien gore, hyper bourrin mais aussi au vieux death suédois où la mélodie n’était pas négligée. C’est crade dans l’ambiance, bien violent et malsain avec en prime une basse de mammouth qui achève de rendre le truc plus lugubre, on a quelques envolées de gratte bien troussées sans que le mec se paluche et niveau voix, on retrouve un registre à la Jungle Rot. La pochette annonce la couleur, et au final, ce 5ème opus, solide comme un attaquant de handball, balance de jolis coups de hachette en pleine tronche.
#176 Skelethal – Within Corrosive Continuums (Hells Headbangers Records) (France)
Formé en 2012, le combo Skelethal s’est vite fait un nom sur la scène death, impressionnant même des papas de la scène comme Max Otero de Mercyless, avec pour recette un death concocté par des amoureux du son des 90s de Suède ou des USA. Un death bien gras, en mid-tempo, crade à souhait avec de la saturation et des riffs épais et bien plombé. Troisième album du groupe, Within Corrosive Continuums continue d’asseoir cette jeune formation qui a de quoi tutoyer les grands.
#175 Pixies – The Night The Zombies Came (BMG) (Etats-Unis)
Neuvième album pour les Pixies, combo culte qui fait preuve d’une certaine productivité depuis 10 ans, à croire qu’ils ont envie de rattraper le gap de 13 ans entre Trompe le Monde et Indie Cindy. Marqué par l’apparition d’Emma Richardson, nouvelle bassiste et co-chanteuse du groupe, The Night the Zombies Came est un album agréable aux influences indie rock/gothic souvent planant et psychédélique où l’alternance Frank Black/Emma Richardson fait merveille et où les ambiances se font envoûtantes. On est loin des Pixies barrés et expérimentaux des débuts mais le groupe a de solides restes.
#174 Mannequin Pussy – I Got Heaven (Epitaph) (Etats-Unis)
Sous cette pochette énigmatique et symbolique se cache le 4ème album de Mannequin Pussy, groupe qui gagne en popularité et qui nous distille un mélange entre pop-rock, indie et punk hardcore, le tout avec Marisa Dabice qui a une palette vocale très intéressante et plutôt large, ne craignant pas de changer très souvent de registre. Musicalement, c’est frais, inventif, plutôt bien ficelé, entrainant et dansant. Très belle découverte.
#173 Teen Jesus and the Jean Teasers – I Love You (Domestic La La Records) (Australie)
Premier album pour Teen Jesus and Jean Teasers, quatuor australien qui, en plus d’avoir un nom cool, propose un punk hyper énergique à l’esprit riot grrrl bien senti. I Love You est une enfilade de tubes en puissance, avec l’appui de guests comme The Linda Lindas ou encore Softcult et les locaux de The Grogans. Musicalement, on retrouve l’esprit et l’attitude des Linda Lindas. C’est frais, hyper agréable, bien emmené. Bon, la pochette est horrible mais on sent que c’est fait exprès.
#172 Iress – Sleep Now, In Reverse (Dune Altar / Church Road Records) (Etats-Unis)
Iress est un quatuor californien de doomgaze, ce sous-genre du doom hyper planant et influencé par le shoegaze. Sleep Now, In Reverse est un album contemplatif, planant, prenant avec une section rythmique puissante qui plaque au sol, couplé avec une voix éthérée et envoûtante. Si on adhère au truc et qu’on lâche prise, on part loin.
#171 Blackberry Smoke – Be Right Here (3 Legged Records) (Etats-Unis)
Trois ans après You Hear Georgia et leur EP de reprises des Stones, Blackberry Smoke revient pour un huitième album. Ne changeant pas une recette qui gagne, le quintet d’Atlanta reste sur ses bases avec ses guitares chaleureuses, ses mélodies intemporelles, son rock sudiste pur jus digne héritier des Lynyrd Skynyrd et des Black Crowes avec ce petit zeste de country. Certes, contrairement à son prédécesseur, Be Right Here ne contient pas de southern anthem mais on reste en terrain connu, attablé à un comptoir à boire une bonne binouze en compagnie d’un pote d’un soir et à prendre en plein dans le coeur ce rock organique mid-tempo généreux.
#170 Old Time Spooks – Cuchillo. Sangre. Muerte. Ataud (Auto-production) (Espagne)
Old Time Spooks n’a pas pris le temps de se reposer et les voilà de retour avec un nouvel album en seulement un an. Cette fois, les Espagnols chantent dans leur langue et ça colle parfaitement à leur hillbilly aux fortes influences psychobilly. On retrouve à nouveau l’horreur et les histoires qui font peur au centre des paroles, le tout toujours mis en musique à la contrebassine, la planche à gratter et le banjo pour un résultat hyper pêchu et fun en diable. Avec leur énergie communicative, leur musique de très bonne tenue et leur univers, Old Time Spooks est un immanquable pour toute soirée Halloween de qualité.
#169 Amyl & the Sniffers – Cartoon Darkness (B2B Records) (Australie)
Nouvelle sensation du punk australien, Amyl and the Sniffers sort un troisième album entre punk classique et pub rock. Baignée dans un esprit riot grrrl, engagée et hyper énergique, la musique d’Amyl and the Sniffers est d’une efficacité redoutable et nul doute que les lives seront du grand moment.
#168 The Black Pacific – Here Comes Our Wave (Dine Aloe Records) (Etats-Unis)
14 ans après un premier album prévu pour n’être qu’un one shot, The Black Pacific revient avec un nouvel album, toujours emmené par Jim Lindberg de Pennywise et son pote Alan Vega aux fûts. Jim Lindberg oblige, The Black Pacific conjugue mélodies immédiates et paroles sans concession sur notre monde, du chaos politique ambiant à l’IA qui va prendre le travail de tout le monde. Surfeur de longue date, Lindberg utilise l’imagerie et par moments la thématique de l’océan comme moyen de couper avec les carnages ambiants. Conscient tout en essayant d’offrir des parenthèses de respiration, Here Come our Waves est un album efficace et intelligent qui donne à regretter la météo estivale.
#167 Silmarils – Apocalypto (Run Fast Records) (France)
Dans la catégorie des come-backs improbables, celui de Silmarils est placé très haut. Il faut dire qu’après 20 ans d’absence, Salsedo qui a un brin changé de registre et même composé pour Johnny Hallyday, on n’aurait pas imaginé les revoir en studio, et ce, même s’ils ont foulé récemment les planches du Hellfest. Un retour des Silmarils, OK, mais celui de Vegas 76 ou celui de Cours Vite ? La réponse se situe entre les deux. Il serait naîf d’espérer la même énergie, la même puissance que sur Original Karma. Pourtant, la plume est toujours là, toujours aussi vive, acérée envers les méfaits de la société actuelle. Musicalement, on se situe plutôt du côté du morceau « Le Cours de l’Histoire« , titre où le rap-metal appelé à l’époque fusion partait plus vers le rap-rock à la Fun Lovin Criminals avec des riffs plus assagis. C’est moins rugueux à la gratte mais les propos sont toujours aussi profonds. N’attendez donc pas des missiles sonores comme « Tant que parle l’Économie » mais le kiff est encore là, celui du lycéen que j’étais lors de la sortie du second album et devenu quadra depuis. Silmarils aussi a pris de l’âge mais a su aussi retrouver le poing levé.
#166 Joey Glüten – Je Brûlerai La Société en ta Mémoire Mon Frère (Schlass Ball Studio) (France)
Deux ans se sont passés depuis son dernier album bien barré et Joey Glüten revient avec un troisième album acoustique. Le frontman de Megadef et anarcho-punk à chien de la chanson française revient avec sa gouaille toute personnelle et des chansons comme autant de cocktails molotov lancés à la gueule du grand capital et des tocards qui nous gouvernent. Joey Glüten est un peu le Pierre-Emmanuel Barré de la chanson, il n’y pas tellement de subtilité, ça parle fort, ça balance des gros mots mais c’est toujours très bien amené et souvent drôle. Les proprios, les droitards, les phallocrates, les intégristes culinaires, tout le monde en prend plein la gueule et ça fait un bien fou.
#165 Slash – Orgy of the Damned (Snakepit Records / Gibson Records) (Etats-Unis)
Slash sort son second album studio « solo » et (se) fait plaisir avec des reprises de blues et un casting de superbes noms comme Brian Johnson, Steven Tyler, Billy Gibbons, Iggy Pop, Beth Hart, Paul Rodgers, Chris Robinson ou Chris Stapleton. Les reprises sont toutes de bonne tenue, les collaborations transpirent la classe, ce qui semblait être le miscast (Demi Lovato) assure bien, c’est bardé de riffs et globalement, les morceaux sont solides. Plus qu’une récréation, Orgy of the Damned ajoute une corde à l’arc du shredder légendaire des Guns N’ Roses.
#164 No Terror in the Bang – Heal (Klonosphere) (France)
Deuxième album pour les rouennais de No Terror in the Bang, nouvelle signature de chez Klonosphere. No Terror in the Bang propose un metal alternatif progressif hyper moderne dans son approche et sa production avec en plus un côté très cinématographique qui les pousse à une certaine grandiloquence. A l’écoute de Heal, on bascule dans un univers étrange, sensation cultivée avec les effets sonores, les mélodies franchement distordues et non-linéaires et le registre vocal très changeant de la chanteuse Sofia Bortoluzzi, qui alterne murmure, chant soprano et registre nettement plus rauque avec une aisance impressionnante. Aussi riche que varié, pas forcément immédiat pour rentrer dans l’univers, Heal est un album fascinant et passionnant.
#163 Farsot – Life Promised Death (Lupus Lounge) (Allemagne)
Quatrième album pour Farsot, sept ans après le précédent Fail.Lure. Farsot existe depuis 25 ans et est composé de cinq mecs tous anonymes et portant des numéros en chiffres romains. Les Allemands nous propose un black metal mélodique, hargneux et méditatif à la fois où le chant alternant entre rugueux et clair donne un surplus de profondeur à l’ensemble avec des morceaux qui soufflent le chaud et le froid, dans la lignée d’un black entre tradition et modernité, mais toujours à fleur de peau.
#162 Full of Hell – Coagulated Bliss (Closed Casket Activities) (Etats-Unis)
La pochette aussi absurde qu’imbittable cache Coagulated Bliss, jolie claque assénée par les Pennsylvaniens de Full of Hell. Le groupe de death/grindcore/powerviolence/noise nous gratifie d’un déluge de coups, d’un festival de brutalité et de chaos, de riffs déstructurés, de compositions froides, martiales et incendiaires mues par une rage viscérale. En prime, Ross Dolan d’Immolation et Jacob Bannon de Converge participent à la petite sauterie et apportent un peu plus de sauvagerie au cas où le repas ne serait pas déjà assez copieux. Avec ce nouveau scud, Full of Hell s’est donné pour but de transformer les auditeurs en confettis de cérumen, et c’est chose faite.
#161 The Georgia Thunderbolts – Rise Above it All (Mascot Records) (Etats-Unis)
Après Can We Get a Witness, les Georgia Thunderbolts reviennent avec un deuxième album pour amateur de groupes comme Lynyrd Skynyrd, Allman Brothers ou les Blackberry Smoke. Mélange entre southern, americana ou encore country-rock, Rise Above it All sent le whiskey pur malt et la sueur et nous gratifie de morceaux cocons pas forcément révolutionnaires mais connaissant bien la grammaire du genre. Généreux et immédiat, ce nouvel album a de quoi faire secouer les nuques des cow-boys entre deux bastons de bars.
#160 Vanessa Funke – Void (Liminal Dread Productions) (Allemagne)
Quelques mois après un EP de toute beauté et une compilation, la stakhanoviste de travail Vanessa Funke sort un nouvel album. Encore une fois, Mrs Funke fait tout elle-même, à l’exception du dernier morceau avec les frères Rinke du groupe Storm Unleashed. Et c’est impressionnant tant elle est polyvalente et se débrouille très bien à chaque instrument et, en plus, s’avère tout aussi solide au chant clair éthéré qu’à un growl tantôt death, tantôt black. Mêlant gothic, black et death mélodique tout en gardant une certaine finesse, Vanessa Funke signe un nouveau coup d’éclat.
#159 Isenordal – Requiem for Eirênê (Prophecy Productions) (Etats-Unis)
Sous cette pochette particulière se cache le troisième album d’Isenordal. Venus de Seattle, Isenordal sonne très scandinave avec ce mélange entre black pagan, doom-death et neofolk. Un mélange un peu singulier, mystique voire ésotérique où on navigue entre growl de mammouth, riffs fiévreux blackisants, rythmique pachydermique et moment éthéré de grâce pure, avec une magnifique voix cristalline en chant clair. On change pas mal de style, c’est bien emmené, riche et varié.
#158 Walg – IV (Zwaertgevegt) (Pays-Bas)
Pas franchement partisan de l’inaction et du farniente, Walg sort un 4ème album (c’était dur à deviner hein) 15 mois après le précédent. Toujours dans la même recette de black metal mélodique, Walg nous gratifie d’un black metal sauvage, violent et prenant en balançant une pluie de grêle non-stop, du blast beat, des riffs hyper agressifs et du chant tortueux. Connaissant sa grammaire par cœur, Walg balance à peu près un album par an, sans jamais sacrifier sa qualité et sans lasser l’auditeur ou commettre la moindre fausse note.
#157 Wes Hoffman & Friends – How It Should Be (Jump Start Records) (Etats-Unis)
Premier album pour Wes Hoffman & Friends, groupe venu de St. Louis. Contrairement à ce que la pochette évoque, on n’est pas devant du rockab’ old school mais devant un pop-punk à l’ancienne hyper entêtant aux mélodies immédiates et tubesques, aux refrains simples et fédérateurs qu’on a tout de suite envie de reprendre en chœur (et la voix de Wes Hoffman puissante et chaleureuse est magnifique).
#156 Muhūrta – Tamas (Auto-production) (France)
Mélanger la rugosité d’un metal prog frontal, finement ciselé et bien rèche et le raffinement du sitar, il fallait oser, Muhūrta le fait. Premier album issu de cet improbable mélange, Tamas nous prend par surprise et s’annonce d’ores et déjà comme un des albums les plus audacieux, les plus rafraichissants et les plus enthousiasmants de ce la scène prog cette année. Matthieu Gehin, qui n’a rien à envier à la légende Ravi Shankar, nous transporte dans un autre monde à chacune de ses interventions et si le reste du groupe montre de solides dispositions et une très belle envie d’en découdre, le sitar arrive à adoucir le tout, à trancher avec certaines velléités plus agressives, à contrebalancer les riffs bien secs, le chant rugueux ou encore la batterie qui cogne dur. Véritable yin et yang, alliage du piment et du miel, de hargne et de délicatesse, Tamas prend le parti de la dualité à l’extrême, et ça marche instantanément.
#155 CxK – Castèls Dins la Luna (Sirventés) (France)
Deuxième album pour les toulousains de CxK, groupe dont les membres viennent de Dordogne et d’Aveyron. Alors qu’ils officiaient dans ce qu’ils appelaient trance rock, ils ont fait un virage plus stoner avec un rock massif, rugueux, riche et hypnotique. Les mecs ont enregistré au studio du regretté Steve Albini (Nirvana, Pixies) et ça se sent avec une production carrée mettant ces sonorités si appréciables du genre qui, avec l’utilisation du chant en occitan, offre un superbe mélange des genres.
#154 Drug Church – Prude (Pure Noise Records) (Etats-Unis)
Cinquième album pour Drug Church, combo de post-hardcore qui mêle chant clair/scream de punk hardcore et plans atmosphériques avec des riffs ouatés et une batterie tout en délicatesse. Prude est riche et passionnant, généreux, entêtant, et d’une sensibilité à fleur de peau.
#153 Half Past Two – Talk Is Killing Me (Bad Time Records) (Etats-Unis)
Formé en 2006, le combo Half Past Two fait office de vétérans de la scène ska-punk d’Orange County selon la bio sur le site du groupe. Quatrième album du groupe, Talk is Killing Me est une petite bombinette ska-punk blindée de tubes immédiats, parfaite pour coller avec les beaux jours. La section cuivre est au cordeau, les mélodies sont fédératrices, et en dehors de la ballade acoustique (de bonne tenue) avec l’ex Reel Big Fish Scott Klopfenstein, c’est bien péchu et l’envie de bouger la tête et pousser la chansonnette est très forte (le tout porté par la voix bien classe de la chanteuse Tara Hahn).
#152 Wizard Must Die – L’or des Fous (Klonosphere) (France)
Dans la jungle des groupes de stoner, Wizard Must Die se démarque avec ce deuxième album au titre qui claque. L’or des Fous nous propose un stoner progressif avec des morceaux bien complexes à tiroir, aux compositions alambiquées et riches en influences aussi variées que Ange, Melvins, Hawkwind. La musique de Wizard Must Die n’est pas forcément immédiate et certains n’y trouveront pas leur compte mais pour qui n’est pas allergique aux morceaux fleuves, entre la virtuosité des musiciens, les changements de rythme, la production rèche et même un certain côté brutal, les charmes de ce nouvel album ne manquent pas.
#151 ex aequo Mick Mars – The Other Side of Mars (1313) (Etats-Unis)
Premier album solo pour celui qui fut le guitariste de Mötley Crüe. Un premier album qui sort dans un contexte lourd alors que Mick Mars est en pleine bataille juridique contre son ancien groupe et où d’interview en interview, on en apprend de belles sur la manière dont le seul membre sérieux d’un combo de cramés du casque était traité alors que Mars était un peu la tête pensante. Qu’à cela ne tienne, Mars n’a plus le temps. Condamné par la maladie qui le ronge depuis plusieurs décennies, il décide mettre à profit ses dernières années pour se faire un kiff, avec l’appui de Ray Luzier de Korn aux fûts, de Jacob Bunton de L.A. Guns au micro sur une majorité des morceaux ou encore de celui qui fût aux manettes de Too Fast For Love à la production. Loin du glam metal des Crüe et plus proche de riffs rèches dans la lignée du premier album de l’époque Corabi, The Other Side of Mars montre un Mick Mars déterminé comme si la rage que lui donne son contexte actuel suspendait les effets de sa maladie. Pas de strass et de spandex, juste un hard/heavy carré, sérieux, frontal. Comme l’homme en somme.
#151 Ace Frehley – 10.000 Volts (MNRK Heavy) (Etats-Unis)
Alors que ses anciens camarades de jeu ont décidé de se faire digitaliser pour continuer les tournées de Kiss jusqu’à la disparition du dernier panda, Ace Frehley continue son bonhomme de chemin en solo et livre son huitième (ou dixième si on compte ceux sorti sous la bannière de Frehley’s Comet) album et pour beaucoup, c’est le meilleur depuis 1978. Il faut dire que le Spaceman a mis les ingrédients en s’entourant de l’habitué Anton Fig aux fûts qui livre encore un jeu varié et au groove immédiat. S’il bénéficie d’un peu d’aide de la technologie pour compenser sa voix un brin fatiguée et si Frehley n’est pas un parolier sensationnel, en revanche il a un sens aigu de la mélodie et son jeu est toujours impérial, en atteste l’instrumental final cousu main.
#150 Twin Souls – Family & Friends (Kuroneko Phonogram Manufacture / Smoky Sun Records) (France)
Après 5 ans de tournées et de concerts, The Twin Souls passent enfin l’étape album. Les deux frangins Marcos, fils d’un guitariste de session qui a œuvré pour Michel Delpech, ont opté un mélange blues-rock/garage aussi abrasif que classieux, en formation power duo. Sur ce premier album, Dätcha Mandala, Yarol Poupaud et Gunnar Ellwanger (ce dernier pour le meilleur morceau de l’album) viennent chacun faire un featuring, mais aussi papa Marcos fait une petite collaboration père/fils. Plus qu’un bœuf en famille ou avec des potes, ce premier album multiplie les bombinettes bardées de riffs chiadés, d’arpèges à tomber à la renverse et portées par une énergie communicative qui donne une envie irrépressible de bouger même en voiture.
#149 Necrowretch – Swords of Dajjal (Season of Mist Underground Activists) (France)
5ème album du combo death/black du sud-est Necrowretch. Cette fois, les gars nous entraîne autour des mysticismes occultes orientaux même si ça s’arrête plutôt aux paroles. Pour la musique, on reste sur un death/black teigneux et malfaisant portés par une avalanche de riffs dissonants doublés d’un mur de son et de vocalises à l’ancienne bien grumeleuses. Du solide en tous points.
#148 Wolfheart – Draconian Darkness (Reigning Phoenix Music) (Finlande)
C’est un marronnier à chaque fois mais Tuomas Saukkonen impressionne par sa suractivité. Le mec a beau avoir réactivé ses gros projets Before the Dawn et Dawn of Solace (il ne manque plus que Black Sun Aeon), il arrive à tenir une certaine productivité au sein de Wolfheart et à sortir avec eux des albums à fréquences de métronome. Comme sur le précédent album, Saukkonen partage le chant et la guitare avec Vagelis Karzis (ce dernier assurant la guitare lead et le chant clair, Saukkonen quant à lui est au growl, à la gratte acoustique et la rythmique). Nouveauté sur l’album, la présence de Saku Moilanen de Red Moon Architect et Before the Dawn aux claviers et à l’orchestration. Ce dernier apporte une nouvelle dimension au son de Wolfheart, plus massif, épique, lorgnant vers le sympho. Si King of the North était déjà plus grandiloquent que ce que Wolfheart faisait d’habitude, Draconian Darkness pousse encore le curseur et ce dès les premières secondes. La cavalcade donne le ton et Wolfheart ne relâche pas le tempo malgré les phases habituelles à la gratte sèche. Porteur d’un hiver sauvage et hostile, Wolfheart décide de nous réchauffer à coups de torche et son death mélodique à la Insomnium semble construit pour durer.
#147 Hamferð – Men Guðs hond er sterk (Metal Blade Records) (Îles Féroé)
Troisième album pour Hamferð, sextet venu des îles Féroé. Les mecs officient dans un doom-death hyper compact, massif, dense et porté par un chanteur à la palette vocale riche entre un growl hyper profond et un chant clair tout en mélancolie, comme si Mikko Heikkilä et Tuomas Saukkonen avaient fusionné en un seul et même chanteur. Hamfelð semble inspiré par la scène finlandaise, que ce soit Dawn of Solace ou Swallow the Sun. Des riffs sombres et prenants couplés d’une batterie mammouthesque et un sentiment de détresse profonde tout du long, pour une pépite doom-death viscérale.
#146 Seeds of Mary – Love (Klonosphere) (France)
Quatre ans après le très bon Serendipity, Seeds of Mary revient avec toujours dans ses bagages son grunge vitaminé couplé à du metal/rock alternatif bien musculeux. Au menu, des riffs bien lourds et entraînants, des mélodies entêtantes et un chant rappelant celui de Jerry Cantrell (d’ailleurs, on trouve ici la fougue d’albums comme Rainier Fog) pour des titres parfaitement tubesques. Rares sont les groupes français à coller autant au son de Seattle de notre adolescence et Seeds of Mary continue d’agir comme une énorme madeleine de Proust de l’espace.
#145 Seether – The Surface Seems So Far (Fantasy Records) (Afrique du Sud)
Si l’Afrique du Sud est un pays détestable sur le plan du sport, musicalement on trouve plusieurs pépites, dont Seether, groupe qui affiche maintenant 25 ans d’existence. Quatre ans après Si Vis Pacem, Para Bellum, Seether sort un neuvième album dont le titre en dit long sur leur joie de vivre. Car non, au même titre qu’Alice In Chains, Seether n’est pas vraiment le groupe que tu écoutes pour faire tourner les serviettes. Souvent qualifié de Nirvana-like, Seether est un digne successeur de la scène de Seattle des 90, et le chanteur Shaun Morgan a toujours trempé sa plume dans ses plaies les plus profondes et fait ressortir la part la plus sombre de son âme torturée (et ce dès les débuts sur le nom Saron Gas). The Surface Seems So Far ne fait pas exception et sous des sonorités bien grunge qui vont faire frémir les nostalgiques des années de gloire de la scène, se cachent des paroles encore plus sombres que d’habitudes. Bien sûr si un jour Seether nous sortait des morceaux comme le So Happy Together des Turtles, ce serait inquiétant, mais pour l’entourage de Morgan comme celui du regretté Cornell en son temps, les paroles de ce nouvel album, aussi bon (et il l’est) soit-il, ne devrait pas être hyper rassurantes.
#144 Acid Mammoth – Supersonic Megafauna Collision (Heavy Psych Sounds) (Grèce)
En neuf ans, en l’espace de 4 albums, Acid Mammoth s’est taillé un nom sur la sphère stoner-doom. Pour leur 4ème album, les Grecs continuent dans leur registre de prédilection avec 6 titres pour 42 minutes dont un morceau fleuve final qui rend juste à un éléphant victime d’expérimentations. Entre fuzz massif de la paire de gratteux Chris Babalis et son fils et chant clair chaleureux de Babalis Jr sans parler de la section rythmique plombante comme il faut et on se retrouve avec un album pachydermique (dont le titre, pour une raison totalement inexplicable, fait bugger les algorithmes stupides de Facebook).
#143 Spectral Wound – Songs of Blood and Mire (Profound Lore Records) (Canada)
Quatrième album pour les québécois Spectral Wounds trois ans après le précédent, le temps que chaque membre du groupe travaille avec ses groupes respectifs. La pochette annonce quelque chose de bien violent, et on est pas déçus avec une sauvagerie sonore sans nom qui n’a d’égal que la parfaite maîtrise des instruments et le bagage technique des musiciens, le tout sans succomber à l’astiquage de manche. Balancer des partoches vertigineuses, des tremolos pickings chiadés, des riffs au cordeau, du blast hyper carré sans sacrifier la mélodie, l’ambiance ou la violence et sans grosse pignole, voilà le tour de force réalisé par Spectral Wound, qui nous livre un superbe moment de black metal malsain et fantomatique.
#142 Vafurlogí – Í vökulli áþján (Norma Evangelium Diaboli) (Islande)
Y a des labels qui offrent régulièrement du metal extrême de haute tenue et des albums dans lesquels on peut se lancer les yeux fermés. Debemur Morti est de ceux-là, mais aussi Norma Evangelium Diaboli, sur lequel on retrouve Verberis, Deathspell Omega, Misþyrming, ainsi que Vafurlogí, quartette islandais qui signe son premier album. Un album froid, glacial, complexe avec des riffs implacables, une rythmique soutenue, une ambiance malsaine et une violence de chaque instant. Le black metal islandais ferait penser au Norvégien des origines, cru, incendiaire, glacial et glaçant et ce premier effort en est déjà un digne représentant.
#141 Sinistro – Vértice (Alma Mater Records) (Portugal)
Six ans se sont écoulés depuis le très bon Sangue Cássia. Entre temps, la chanteuse Patricia Andrade est partie et le groupe a continué en formation instrumentale, et les deux gratteux et le batteur ont deux albums et deux EP avec le très bon combo grindcore Besta. Maintenant, Sinistro s’est refait un line-up avec un nouveau bassiste et une nouvelle chanteuse. Autant le dire de suite, cette dernière fait des merveilles et sa voix chaleureuse couplée à la musique dense et massive fait mouche. On retrouve le mélange post-metal/doom qui marchait si bien dans l’album précédent. Les compositions sont prenantes et il est difficile de rester insensible au chant de sirène de Priscila Da Costa.
#140 Chaser – Small Victories (Thousand Islands Records) (Etats-Unis)
Trois ans après l’excellent Dreamers, Chaser revient avec une nouvelle ogive de punk mélodique, un album rempli à la gueule de tubes en puissance comme la scène californienne sait nous en servir à grandes rasades. C’est frais, entrainant, immédiat avec des mélodies hyper efficaces et entêtantes, des refrains qu’on a tout de suite envie de scander. Les organisateurs de certains festivals seraient bien avisés de faire venir Chaser afin qu’ils viennent défendre ce superbe album.
#139 Implants – Annihilation (Cyber Tracks) (Etats-Unis)
La pochette pourrait laisser penser à du thrash mais il s’agit du deuxième album (13 ans après le premier tout de même) d’Implants, supergroupe au line-up alléchant composé de Rob Ramos (Strung Out) à la gratte, Chris Del Rio (ex-Ten Foot Pole) à la basse, Chris Dalley (Authority Zero, Pulley) à la batterie et Ken Conte (The Tank) au chant. Annihilation, c’est du pur hardcore mélodique avec un feat de El Hefe de NOFX sur un titre. Si le chant de Conte est assez classique mais efficace, il convient surtout de saluer les riffs immédiats de Ramos dans la lignée de ses prestations avec Strung Out. Dalley, quant à lui, c’est un monstre, à l’image de ce qu’il fait avec ses groupes. Sa frappe est chirurgicale, à la fois technique, rapide, et fine. Le mec nous gratifie de plans cousus main et fait sortir ce nouvel album du lot. Si enfilade de beaux noms n’est pas forcément synonyme de qualité, Implants c’est du sérieux.
#138 Novo Amor – Collapse List (AllPoints) (Pays de Galles)
J’ai découvert Novo Amor dans un documentaire poignant sur Jonah Lomu sorti l’année de sa mort. Le coup de cœur a été immédiat pour ce chanteur gallois à la voix si particulière. Pour son nouvel album, Novo Amor n’a pas changé de fusil d’épaule et continue dans sa folk éthérée presque ambient et son chant doux porté par une étrange tessiture. La musique nous met dans un cocon et avec sa voix, on part loin, très loin. Encore une fois, l’émotion est là, palpable, presque à nue.
#137 Liam Gallagher & John Squire – Liam Gallagher, John Squire (Angleterre) (Warner Records)
À l’instar de son frère Noel, Liam Gallagher n’a pas chômé depuis la partie de manivelles qui a mis fin à Oasis. Sauf que si Noel a parfois des inclinaisons plus pop, Liam reste fidèle au rock. Cette fois, il collabore avec l’ex-Stone Roses John Squire. Entre un Liam Gallagher influencé par les Beatles et un John Squire amoureux du jeu de Jimi Hendrix, le résultat ne pouvait être que de bonne tenue et c’est le cas de cet album où l’ombre du dieu de la six-cordes plane à chaque morceau. Jolie fusion entre blues-rock et britpop transpirant les 60s à chaque seconde, cet album est un bonbon.
#136 ex aequo Elles Bailey – Beneath The Neon Glow (Cooking Vinyl) (Angleterre)
Deux ans après Shining in the Half Light, la bristoloise (je ne sais toujours pas comment on dit) Elles Bailey revient avec un sixième album, pour la première fois dans un autre label : Cooking Vinyl. Si l’artwork n’est pas du tout engageant et rappelle le pire des pochettes des 80s, la musique n’est heureusement pas au diapason, Elles Bailey continuant d’œuvrer dans un mélange blues classique/blues-rock des plus classieux, avec des titres tour à tour légers et profonds mais toujours porté par des mélodies prenantes et la superbe voix de la chanteuse.
#136 Beth Hart – You Still Got Me (Provogue) (Etats-Unis)
Grande dame du blues-rock américain, Beth Hart signe son onzième album en plus de 30 ans de carrière. A 52 ans et malgré les aléas de la vie, elle revient d’un combat contre ses démons intérieurs avec une détermination de jeune première. Avec des collaborations comme Slash ou Eric Gales, You Still Got Me délivre des petites bombes de pur blues-rock aux riffs incendiaires, mais Beth Hart sait aussi se poser pour remercier ses fans qui l’ont soutenu lors d’un combat récent contre la dépression qui l’a amenée à une pause forcée ou livrer un constat implacable sur la société qui ne va pas plaire à Bruno Rétailleau, notre nouvelle fan-girl de la police. Plutôt riche et varié, ce nouvel album est certes paré d’un certain classicisme mais n’en demeure pas moins passionnant.
#135 Arð – Untouched by Fire (Prophecy Productions) (Angleterre)
Side-project de Mark Deeks, claviériste du groupe de black Winterfylleth, Arð signe un deuxième album. Pour ce faire, Deeks s’est entouré de son ex-collègue gratteux de Winterfylleth Dan Capp, du batteur Callum Cox d’Atavist et de la violoncelliste Robina Huy. Arð nous gratifie d’un doom lent et massif baignant dans l’histoire et la mythologie nordiques avec une ambiance cérémonieuse avec des chœurs liturgique. Épique dans son genre, Untouched by Fire distille une ambiance entre le monastère et la société secrète et on se prend, au fil des albums, à vouloir être adoubé.
#134 Demande à la Poussière – Kintsugi (My Kingdom Music) (France)
Les changements de line-up n’auront pas eu raison de la détermination de Demande à la Poussière et 3 ans après le monstrueux et angoissant Quiétude Hostile, les parisiens reviennent avec un nouveau chanteur pour compenser le départ de Krys Fruit-Denhez (parti chez Ecr.Linf), en la personne de Simon Perrin (Anthropovore). Le ton est toujours à un mélange black/sludge/post-metal bien malsain, implacable et véhément, aux ambiances lourdes et aux compositions torturées. Sans égaler le précédent, Kintsugi demeure un album solide, musicalement abouti et respectueux de la philosophie du groupe.
#133 Heresiarch – Edifice (Iron Bonehead Productions) (Nouvelle-Zélande)
Entre les sorties de Verberis et de Ulcerate, deux formations qui se partagent le batteur Jamie Saint Merat, on avait compris que cette année, la Nouvelle-Zélande n’allait pas montrer ses muscles que sur les terrains de rugby. Et voici qu’arrive Edifice, deuxième album de Heresiarch, 7 ans après le dernier passage en studio du groupe. Heresiarch, c’est le groupe de N.H., le premier groupe du chanteur de Verberis. Si Verberis, c’est Ulcerate en plus extrême, Heresiarch, c’est Verberis en plus bourrin, un groupe de blackened death d’une noirceur et d’une violence extrêmes, un groupe taillé pour tabasser à mort l’auditeur et ne lui laisser aucun répit. Hyper compact, lugubre et dense, Edifice est un monument de douleur et de chaos et il marque au fer rouge les plus hardis des amateurs de metal extrême.
#132 For I Am – The Righteous & The Wicked (SBAM Records / Bearded Punk Records) (Belgique)
Quatre ans après Late Bloomers, les anversois For I Am remettent le couvert. Dès le premier morceau, le groupe ne fait aucunement dans la fioriture et envoie un pop punk patate et enjoué, où le chant de Hanne fait encore une fois des merveilles, et où la doublette de gratteux, le bassiste et le batteur foncent bille en tête pour nous offrir ce pop punk dynamique où l’envie de danser et de secouer la nuque est irrépressible. Encore une fois, il y a fort à parier qu’ils mettront le feu sur scène. En attendant, ce troisième opus assied un peu plus For I Am comme challenger sérieux sur la scène pop punk européenne.
#131 The Meffs – What a Life (Bottles to the Ground) (Angleterre)
Après une demo et une série d’EPs, les Meffs sortent leur premier album. Chantre d’un punk à l’ancienne à la limite du garage, le duo nous sort bombinette sur bombinette, des bijoux d’un punk saturé, hyper énergique où l’alchimie entre la chanteuse guitariste et le batteur fait des merveilles. C’est simple, carré, ça sent la rue et le pavé, c’est sans fioritures et c’est hyper efficace.
#130 Sundrifter – An Earlier Time (Small Stone Records) (Etats-Unis)
Troisième album pour les bostoniens de Sundrifter, groupe de space-rock/stoner à teneur en psychotrope élevé. An Earlier Time est un album planant, aux riffs élégants et racés, aux boucles chatoyantes, aux ambiances envoûtantes. En plus, la voix du chanteur Craig Peura (et non, il ne fait pas de rap, gniark gniark gniark) a un timbre et une tessiture qui fait penser à un Chris Cornell revenu de l’au-delà.
#129 Killing Spree – Camouflage! (Klonosphere / Resistance Records) (France)
Saxophoniste au sein de Klone, Mathieu Metzger s’est allié à Grégoire Gallichet, batteur de Deathcode Society et Glaciation, pour un projet complètement barré à en faire bander John Zorn : Killing Spree, fusion de free jazz, de metal bien dur et d’expérimentations. Le maître mot est ici surprise et ça tombe bien tant la musique de Killing Spree est très surprenante, déroutante avec des côtés progressifs et un maelström de bruitage, de dissonances, de grosse rythmique, de batterie aussi précise que véloce, de saxophone déstructuré, de trombone aussi par moments. Surtout, deuxième surprise, les deux compères réussissent à la rendre parfaitement lisible, digeste et catchy. Outre la bouffée d’air frais, Camouflage ! est un véritable ovni.
#128 Apocalyptica – Plays Metallica Vol. 2 (Silver Lining Music) (Finlande)
Presque 30 ans après avoir explosé au grand jour en reprenant Metallica au violoncelle, Apocalyptica fête ses 3 décennies d’existence en bouclant la boucle des reprises des Four Horsemen. Entre temps, le groupe a connu quelques changements et, surtout, est passé du cover band à un groupe de compositeurs, inventant à lui seul le genre du cello metal et conviant des chanteurs allant de Till Lindemann à Joseph Duplantier en passant par Corey Taylor ou Nina Hagen. Ce changement se ressent dans la façon de reprendre Metallica. Si le premier album était aussi cool que maitrisé, le deuxième volet ose davantage avec des partis pris couillus comme celui de demander à Hetfield de faire un spoken word inquiétant sur One, de ne reprendre que le sublime break de To Live is to Die ou de faire un clin d’œil sympa au son de batterie si particulier de St Anger. Loin de réinterpréter les titres de la bande à Lars, Apocalyptica, tout en montrant un immense respect pour le matériau d’origine, porte un regard neuf sur des morceaux intemporels avec une parfaite compréhension de leur substantifique moelle.
#127 Grandaddy – Blu Wav (Dangerbird Records) (Etats-Unis)
Sept ans après Last Place, album marqué par la perte tragique du bassiste Kevin Garcia, Grandaddy, quartet de Modesto, Californie, revient avec un huitième album, toujours entre rock indé, lo-fi et space-rock. Blu Wav est un nouveau voyage dans le cosmos intérieur, porté par des clips bien perchés et doté d’un psychédélisme fort. Moment suspendu hyper planant et chatoyant, Blu Wav est parfait pour se poser avec une bonne lecture ou d’autres activités agréables et berce agréablement les oreilles même les plus récalcitrantes.
#126 Eels – Eels Time ! (E Works Records) (Etats-Unis)
Depuis la déflagration Beautifuk Freak, Eels nous a gratifié d’autant d’albums que d’ôdes à la douceur. Si les californiens ont par instants, été plus dans l’expérimental, ils ont toujours été dans la délicatesse. Sur ce 15ème album, Eels continue dans cette démarche, entre indie rock et trip hop, avec des petites pépites bien planantes. Fascinant, ce Eels Time ! nous transporte dans un univers ouaté, un album cocon tout doux et frais comme il faut.
Ça vous a plu ? Ne loupez pas la deuxième partie avec son lot d’albums monstrueux. Le temps de digérer un nouveau repas et vous pourrez lire la deuxième partie. D’ici là, n’hésitez pas à jeter une oreille sur la playlist Deezer de cette première partie.
Par Nikkö