Avis :
Il est assez rare que des groupes restent constants dans leur line-up. Il y a toujours des départs, pour diverses raisons, de nouvelles arrivées, et des drames qui peuvent survenir. Et forcément, cela se ressent sur les différents albums, notamment quand ledit groupe commence à avoir un certain bagage. C’est notamment le cas pour les italiens de chez Fleshgod Apocalypse. Fondé en 2007 par Francesco Paoli, il est aujourd’hui le seul membre originel. Mais les choses se compliquent après Veleno, sorti en 2019, puisque deux membres importants quittent le groupe, à savoir le guitariste et le chanteur principal, sans compter une absence de batteur qui peut faire tache dans les enregistrements d’album. On aurait pu croire le groupe mort et enterré, mais il en faut plus pour décourager les italiens, qui vont recruter le batteur des sessions live, et faire appel à un nouveau guitariste, ainsi qu’une chanteuse.
Francesco Paoli, qui jouait jusqu’à présent les multi-instrumentiste en faisant de la guitare, de la basse et de la batterie, va pouvoir se reposer un peu pour uniquement growler et pianoter sur sa gratte. Cependant, cela va avoir un effet étrange sur le groupe. En effet, Veronica Bordacchini va assurer toute seule les passages en chant clair, avec une grosse partie en lyrique, ce qui amènera Fleshgod Apocalypse vers d’autres horizons, avec un sixième album qui garde un côté massif et puissant, tout en lorgnant vers le symphonique, ou tout du moins vers un Death qui fait plus mélodique qu’auparavant. Est-ce un mal ? Pas vraiment, puisque Opera reste un excellent opus, même s’il possède aussi quelques défauts, dont une durée plus courte qu’à l’accoutumée, et une violence qui parfois se marie assez mal avec le symphonique recherché par la chanteuse.
D’ailleurs, le skeud débute avec Ode to Art (De’Sepolcri), qui est une introduction toute douce, montrant du liant entre le titre de l’album et la nouvelle chanteuse « clear » qui fait étalage de son talent. Mais rapidement, dès le deuxième morceau, le groupe sort les grosses caisses et délivre un titre sauvage et ultra puissant. I Can Never Die blaste comme un cochon et laisse libre cours au growl qui se veut percutant et d’une rare violence. On est à la limite du mélodique tant la sauvagerie est puissante. On restera plus circonspect sur le refrain, en chant féminin clair qui manque d’envergure et ne colle pas vraiment avec la batterie qui fait jouer la double-pédale. Mais ce bordel est emporté par une vague de chœur lyrique qui contribue à embellir l’ensemble, et lui donner un sentiment de fin du monde.
Car oui, Fleshgod Apocalypse a des relents de fin du monde. Pendulum enfonce le clou avec un son puissant, lourd et profond qui nous laisse baba. Les riffs sont portés par un lyrisme en arrière-plan qui donne encore plus d’envergure au propos. Et puis la violence finit par l’emporter pour mieux nous percuter, nous bousculer. Le chant clair viendra apporter une touche de perversion qui n’est pas pour nous déplaire. On retrouvera le même schéma avec Bloodclock, qui va accélérer la machine pour encore plus nous faire bouger les cheveux et nous briser la nuque. Cette violence semble inhérente au vécu du groupe, qui doit s’affranchir du départ de plusieurs membres. Et ce n’est pas At War With My Soul qui va changer la donne tant le titre fracasse tout sur son passage, avec un côté épique offert par l’orchestration magistrale.
Morphine Waltz change un peu de style, jouant plus avec les codes du symphonique, tout en gardant l’aspect grand-guignol du groupe, ainsi qu’une chanteuse qui va plus utiliser son screamo qu’autre chose. Et c’est globalement réussi, avec une rythmique de zinzin. Matricide 8.21 revient à un Death plus convenu, même si l’on garde des règles communes avec les autres morceaux, montrant que les italiens savent rester cohérent dans leurs propos, tout en essayant de changer quelques petites choses. Per Aspera Ad Astra peut se comparer avec les titres du début d’album, revenant à une violence bien grasse, et à une construction chaotique qui ne tient qu’à un film, mais réussit à nous emporter. Till Death Do Us Part sera un peu moins fort. Le titre est plus convenu, plus simple, et la rythmique se fait plus légère, empêchant de vraiment nous emporter. Reste alors Opera comme clôture avec son piano.
Au final, Opera, le dernier album de Fleshgod Apocalypse, est un bel effort qui ne fait pas dans la dentelle, mais qui essaye pourtant d’apporter quelques changements, notamment avec l’omniprésence de la nouvelle chanteuse. On reste sur du Death qui frappe fort et se veut ultra percutant, mais parfois, on ressent les relents Sympho apportés par la chanteuse, qui ont peut-être tendance à prendre le pas sur le reste. Ce que l’on espère pas pour le groupe qui trouve ici un juste équilibre, mais la bascule est facile…
- Ode to Art (De’Sepolcri)
- I Can Never Die
- Pendulum
- Bloodclock
- At War With My Soul
- Morphine Waltz
- Matricide 8.21
- Per Aspera Ad Astra
- Till Death Do Us Part
- Opera
Note : 16/20
Par AqME