février 8, 2025

Nile – The Underworld Awaits Us All

Avis :

On aurait tôt fait de croire que pour parler de l’Egypte antique, il faut être un groupe égyptien. Ou tout du moins avec un membre qui a des origines égyptiennes. Pourtant, Nile s’est fait une spécialité de la mythologie égyptienne, alors même que tous les membres du groupe sont des américains pure souche… Si tant est que ça existe, un américain pure souche… Fondé en 1993 sous l’égide du chanteur Karl Sanders (qui s’occupe de temps à autre de la guitare et de la basse, ainsi que des claviers), Nile s’est vite imposé dans un Brutal Death Métal qui peut avoir des fulgurances mélodiques. Avec The Underworld Awaits Us All, dixième album du groupe, les choses changent un peu. En effet, après leur précédent opus, guitariste et bassiste se sont fait la malle, et il a fallu recruter. Du coup, est-ce que cela change quelque chose ?

Eh bien pas vraiment. Le groupe s’amuse toujours avec les contes et légendes de l’Egypte, tout en apportant une énorme touche de violence qui ferait pâlir n’importe quel amateur de Métal alternatif. Car oui, ici, on est sur du lourd, du gras, du son qui tache et qui ne fait pas dans la dentelle. Quoique. Oui, on peut dire quoique car sur cet opus, les américains vont apporter quelques nuances, ainsi que des chœurs féminins qui vont ajouter une atmosphère particulière, sans pour autant dénaturer la puissance intrinsèque de ce Death qui débouche les oreilles. D’ailleurs, le démarrage nous laisse pantois. Avec Stelae of Vultures, le groupe plonge à corps perdu dans un Brutal Death qui fracasse tout sur son passage. On aurait pu craindre un déluge de violence sans aucun sens, et pourtant, il y a de nombreux breaks, ainsi qu’une énorme batterie.

Nile arrive à jouer avec les codes pour nous scotcher, et surtout nous planter un Brutal Death qui s’avère mélodique et écoutable. Ce n’est qu’avec le deuxième titre que l’on va voir les limites de ce genre. Avec Chapter for not Being Hung Upside Down on a Stake in the Underworld and Made to Eat Feces by the Four Apes (merci le titre à rallonge), les américains plongent dans un morceau tellement brutal, tellement violent, qu’il en occulte parfois la mélodie et en devient une parodie de lui-même. On retrouvera cela avec To Strike with Secret Fang qui pourrait presque se voir comme un interlude, puisque le titre dure moins de deux minutes et s’avère être un déluge de virulence. Puis Naqada II Enter the Golden Age va revenir à quelque chose de plus construit, avec toujours du blast et de l’ultra violence, mais mieux maîtrisé.

Jusqu’à présent, hormis dans les titres des morceaux, on n’a pas trop la sensation d’écouter un groupe qui s’inspire de la mythologie égyptienne. Au niveau de la musique, il n’y a aucun élément qui vient nous rappeler que tous les textes s’inspirent du pays aux pyramides. Pour cela, il faudra attendre le cinquième morceau, The Pentagrammathion of Nephren-Ka, un titre entièrement instrumental qui sert d’interlude pour balancer la seconde partie du skeud. Puis Overlords of the Black Earth viendra nous cueillir avec son chant guttural, sa batterie qui va à trois mille à l’heure et ses riffs qui ne laissent aucune place à la respiration. On fait face à un titre étouffant et pourtant réussi, qui prend aux tripes et nous met un K.O. technique. Et on ressentira la même chose avec Under the Curse of the One God et sa conclusion apocalyptique.

Pour les derniers titres, le groupe va trouver le bon équilibre entre sa violence inhérente qu’il cultive depuis plus de trente ans, et quelques éléments plus « doux ». Doctrine of Last Things, par exemple, va moins vite et monte progressivement pour mieux nous marquer. Mais c’est surtout avec les deux titres suivants que Nile marque énormément de points. True Gods of the Desert est une longue pièce de plus de sept minutes, et c’est maîtrisé du début à la fin. C’est lourd, c’est lent, on a quelques fulgurances un peu doomesques, et on prend vraiment du plaisir à l’écoute, notamment quand les guitares se font plus aériennes. Il en sera de même avec The Underworld Awaits Us All, dépassant les huit minutes, mais prouvant que le groupe est capable de créer de vraies atmosphères. Puis Lament for the Destruction of Time vient clôturer l’ensemble de façon instrumentale.

Au final, The Underworld Awiats Us All, le dernier né de chez Nile, est un très gros morceau. On navigue constamment sur un flot de violence qui fait honneur au Brutal Death, mais le groupe arrive à trouver le juste équilibre pour ne pas partir dans une caricature du genre. Les quelques chœurs féminins ajoutent une belle dose de mysticisme sur la fin de l’album, et on retrouve avec un énorme travail de la batterie et des guitares, montrant des élans techniques impressionnants. Bref, ce dixième album est une belle réussite, prouvant que l’on peut faire du bon avec un line-up quasiment tout neuf.

  • Stelae of Vultures
  • Chapter for not Being Hung Upside Down on a Stake in the Underworld and Made to Eat Feces by the Four Apes
  • To Strike with Secret Fang
  • Naqada II Enter the Golde Age
  • The Pentagrammathion of Nephren-Ka
  • Overlords of the Black Earth
  • Under the Curse of the One God
  • Doctrine of Last Things
  • True Gods of the Desert
  • The Underworld Awaits Us All
  • Lament for the Destruction of Time

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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