avril 29, 2024

Zeal & Ardor – Zeal & Ardor

Avis :

Parfois, la naissance d’un groupe est le fruit du hasard. Prenez le suisse Manuel Gagneux, pour les néophytes du Métal, ce nom ne leur dira rien, et pour les plus rompus au genre, ils seront que c’est le créateur de Zeal & Ardor. Sauf que Zeal & Ardor provient d’un challenge créatif que Manuel a lancé sur internet, et des internautes lui ont proposé de mélanger le Black Métal avec de la musique « nègre » spirituelle. Cela va alors donner naissance à un projet qui va aller bien plus loin que le simple morceau fait en 30 minutes. Après un EP et un album sorti en solo, Manuel Gagneux est alors rejoint par des musicos américains qui vont faire de Zeal & Ardor un vrai groupe à part, qui continue d’explorer des limites étranges, allant même vers un Prog qui pioche dans de nombreux genres.

Cet album éponyme est le troisième « vrai » album studio du groupe, mais seulement le deuxième avec toute la formation de musiciens. On va rapidement y retrouver tous les atours de Zeal & Ardor, avec des éléments issus de la musique chantée dans les champs de coton, et des passages très puissants, qui lorgne du côté du Black, mais aussi du Death, voire même du Djent. Le premier morceau, qui est une longue introduction de deux minutes, nous plonge dans quelque chose d’assez sombre et qui pourrait se voir comme de la musique électro relativement dark. Cette entrée en matière annonce alors Run, qui débute de manière « satanique », dans le sens où l’on a des psalmodies qui pourraient être des invocations du malin. Le titre est complexe, mais il possède des moments très puissants, et des alternances calmes avec des passages très Black.

Cependant, il manque peut-être une réelle mélodie à l’ensemble, une sorte de cohésion pour vraiment en faire un titre complet. Chose que va corriger Death to the Holy, qui est un excellent morceau. Le début fait très Soul avant de basculer dans un Death/Black qui frappe fort et ne fait pas dans la dentelle. Les liaisons sont parfaitement orchestrées et on se sent partir faire quelque chose de sombre. Manuel Gagneux le dit d’ailleurs de façon claire, c’est un peu comme si les esclaves s’étaient tournés vers Satan, et non pas vers Dieu. Il y a une vraie cohérence entre les propos et la musique. Néanmoins, tout cela n’est pas parfait, et on va se retrouver avec des titres un peu moins puissants. Emersion en est un exemple, car malgré sa longueur, on a la sensation d’assister à un interlude qui s’amuse avec ses instruments.

Fort heureusement, Golden Liar vient rehausser le niveau, en délaissant l’aspect métal pour plonger dans un pur titre Soul, mais avec une connotation assez Rock. Ici, point de growl, de double pédale ou de rythme de zinzin, juste le chanteur est sa voix chaude avec le minimum musical. Et c’est très chouette, en plus d’assurer une cohésion avec les autres pistes de l’album. Erase reprend ce qui a fait le charme du groupe, avec un savant mélange de Métal et de Negro Spiritual, et le résultat tabasse, même s’il manque un peu de nuance dans ce titre. On lui préfèrera Bow qui, un peu comme pour Golden Liar, assure une sorte de mélodie qui trouverait parfaitement sa place dans les champs de coton. On se surprendra d’ailleurs à reprendre les « ouh, ouh » en rythme. Puis Feed the Machine va mettre tout le monde d’accord.

Comme pour Erase, la chanson mélange du chant clair très Soul, avec des passages Black qui laissent sur le cul. Sauf qu’ici, il y a un parfait équilibre entre les deux genres, et on va vraiment se taper des maux de nuque à cause de ce titre. Il y a la puissance, mais les transitions sont énormes, et on va chanter en chœur les couplets en chant clair. Une vraie prouesse et une grosse claque dans la tronche. I Caught You sera du même acabit (et composera le duo infernal de cet album) et développe son concept jusqu’à son paroxysme. C’est d’une qualité extrême, et c’est avec ce titre que l’on va tout l’intérêt du mélange des deux genres. Puis Church Burns va nous surprendre, avec son côté Imagine Dragons, mais que voulez-vous, c’est ultra réussi et très addictif, notamment grâce aux riffs qui carburent plein pot.

Par la suite, on va se taper la tête contre les murs avec le binaire Götterdämmerung. Ici, il n’y a aucune nuance, on est là pour frapper fort et donner dans le riff efficace et bourrin. Idéal pour headbanger, le groupe n’en oublie pas pour autant son concept avec un chant clair chaud et des chœurs pour donner plus d’ampleur à certains passages. Court et concis, le morceau est une grosse réussite. Hold Your Head Low aurait pu faire une parfaite conclusion, entre sa longueur, sa chaleur et sa grosse ligne de basse, mais la groupe en a décidé autrement, et il faudra se coltiner deux titres mineurs et sans intérêt en la présence de J-M-B et A-H-I-L qui essaye de créer une boucle avec le premier titre, mais c’est assez chiant…

Au final, le troisième album de Zeal & Ardor est encore une fois une belle réussite. Le mélange des deux genres donne lieu à des chansons qui sont vraiment intéressantes, et orchestrées de manière cohérente et lucide. Néanmoins, on notera que certains titres sont moins marquants que d’autres, la faute à des temps trop courts, ou des expérimentations qui vont trop loin et n’arrivent pas à accrocher notre oreille. Mais ce ne sont que des broutilles, et finalement, on préfère voir le verre à moitié plein et prendre un plaisir monstre face à ce qui était un challenge créatif à la base…

  • Zeal & Ardor
  • Run
  • Death to the Holy
  • Emersion
  • Golden Liar
  • Erase
  • Bow
  • Feed the Machine
  • I Caught You
  • Church Burns
  • Götterdämmerung
  • Hold Your Head Low
  • J-M-B
  • A-H-I-L

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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