octobre 5, 2024

Lordi – Abracadaver

Avis :

Si certains groupes sont des stakhanovistes infatigables, avec des albums qui sortent presque tous les ans, la moyenne réside tout de même dans un skeud tous les trois ans, et parfois plus lorsqu’il s’agit de Prog ou de musique plus alambiquée. Cependant, certaines formations ont le goût du risque et se tentent à des expériences risquées, comme par exemple sortir des albums concepts, ou encore faire des box avec plusieurs albums à l’intérieur. C’est le choix un peu zinzin des finlandais de chez Lordi qui, en 2021, ont sorti Lordiversity, une boîte avec pas moins de sept albums aux genres différents. Là-dedans, on retrouve du Hard des années 70, du Prog, de l’industriel, et même un album Pop. Abracadaver, l’avant-dernier skeud de ce pot-pourri, se base sur une envie de Heavy et de Thrash, chose que le groupe n’a pas tellement exploré dans sa carrière.

Et on peut toujours craindre le pire quand une formation se tâte à un genre nouveau pour elle. Certains groupes en sortent grandis, avec une porte ouverte vers de nouveaux styles, mais d’autres s’y sont cassé les dents. Et l’introduction est assez bizarre au sein de cet opus. SCG Minus 2 : Horricone ressemble à une musique de western et fait irrémédiablement penser à du Ennio Morricone (dont le jeu de mots du titre). Mais quand Devilium débute, on va en prendre plein la tronche. La batterie débite à fond les ballons, et les riffs vont se faire très agressifs et très rapides. Au niveau du chant, la surprise est là, puisque on ressentira vraiment les références à Judas Priest, et c’est très bien foutu. Bref, Lordi frappe fort et démontre même son envie de taper à tout va dans un break rigide et bien lourd.

Ici, point de solo alambiqué, mais une rythmique dure et puissante qui fait extrêmement bien le taf. Puis Abracadaver va nous cueillir encore plus. Là, le groupe file à l’essentiel et déverse une sonorité puissante et véloce qui donne immédiatement envie de se dévisser la nuque. Les riffs sont ultra agressifs et pour autant, la mélodie sera très accessible. On a clairement un morceau taillé pour la scène, qui donnera lieu à des circle pits d’anthologie. Puis Rejected va débouler et nous mettre dans une sorte de transe jouissive. Ici, le groupe travaille un rythme scandé qui fonctionne à merveille, et qui va puiser un refrain ultra addictif qui fait penser à du Pantera. Une référence que l’on ne pensait pas trouver chez Lordi, plus habitué à des élucubrations un peu plus fantasques. Bref, les finlandais prennent de multiples références, mais elles sont digérées et produisent un résultat d’excellente facture.

Avec Acid Bleeding Eyes, le rythme ralentit un peu, avec un son un peu plus Southern, mais ça oublier la rugosité du thrash. Oui, ici, on pourrait presque y retrouver des riffs à la Crowbar, et ça frappe très fort. Mais le plus surprenant viendra avec Raging at Tomorrow qui tisse une ambiance mortifère avec son introduction sombre. Ici, le chanteur jouera de ses tonalités pour donner quelques nuances en fin de refrain, et l’ensemble est rondement mené. Ici, on dépasse les cinq minutes, mais ça offre une mélodie addictive et un résultat plus que probant. A un tel point que l’on pourrait presque oublier que l’on écoute un groupe qui a gagné l’Eurovision avec une chanson bien merdique… Et Beast of Both Worlds va venir nous démonter le crâne. Il s’agit-là de l’un des meilleurs morceaux de l’album, et il faut être frigide pour ne pas avoir envie d’headbanger.

I’m Sorry I’m not Sorry sera une petite bulle de recharge avant la suite. Si le titre est puissant et virulent, offrant une belle place à la basse qui claque bien, on reste sur quelque chose de plus simple et qui manque un poil d’identité. Pour autant, le morceau reste un excellent moment. Mais difficile de rivaliser avec Bent Outta Shape qui démonte tout sur son passage, malgré un début un peu timide. Mais par la suite, ça casse tout, avec un riff agressif à souhait. Puis Evil va continuer son exploration d’un Thrash inspiré et revigorant. Ici, le groupe rajoute des éléments au clavier, octroyant une épaisseur plus dense au morceau. Il en ressort une belle ampleur. Puis Vulture of Fire va s’amuser avec une longue introduction très technique, avant de lâcher les chevaux et de terminer tout ça avec une énergie dingue.

Au final, Abracadaver, l’un des sept albums de Lordiversity, est une énorme claque, d’autant plus qu’on n’attendait rien de Lordi. Les finlandais sont très inspirés et prouvent qu’avec du talent et une envie débordante de faire de la musique, ils peuvent faire des merveilles dans un genre qui, pourtant, ne les caractérise pas vraiment. Parmi les sept opus de la box, il est clairement que celui-ci se démarque, mais si les autres sont du même tonneau, ça doit être un excellent moment, doublé d’une pure réussite.

  • Scg Minus 2 : Horricone
  • Devilium
  • Abracadaver
  • Rejected
  • Acid Bleeding Eyes
  • Raging at Tomorrow
  • Beast of Both Worlds
  • I’m Sorry I’m not Sorry
  • Bent Outta Shape
  • Evil
  • Vulture of Fire
  • Beastwood

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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