Avis :
Fondé en 1993 sous le nom de Inearth, ce n’est qu’à partir de 1997 que le groupe prend le patronyme de Children of Bodom et décide d’afficher une mascotte, comme c’est le cas pour de nombreux groupes, Roy, présent sur toutes les pochettes avec la forme la plus pure de la mort, une faucheuse. Le groupe suédois connait un rapide essor à la fin des années 90 et durant les années 2000. Toujours très prolifique, la formation livre une galette tous les 2/trois ans pour le plus grand bonheur des fans. Un bonheur qui va parfois prendre la forme d’un cauchemar, notamment sur l’avant-dernier album en date, I Worship Chaos, qui recevra un accueil très mitigé, pour ne pas dire mauvais. Prenant le temps alors de peaufiner son dixième disque studio, Children of Bodom change de guitariste rythmique et propose alors Hexed, quatre ans après le précédent, avec une thématique qui semble se rapprocher des sorcières et de leur folklore. Il n’en est pourtant rien, puisqu’ici, tous les thèmes plus ou moins chers au groupe reviennent, comme l’abus d’alcool par exemple. Mais la question la plus importante reste de savoir si le groupe revient en forme ou annonce alors une chute vers la médiocrité. Et les fans peuvent se réjouir, puisque ce dixième effort est d’excellente facture.
Le skeud débute avec This Road et le morceau va rapidement rassurer tout le monde. Children of Bodom est bel et bien de retour avec un titre nerveux, bourré d’énergie et qui rentre bien dans la catégorie Death Métal mélodique. Entre des riffs rapides et assez agressifs ainsi qu’un chant proche du growl, on obtient quelque chose de très plaisant et qui permet une entrée en la matière digne du groupe qui se pose comme l’un des fleurons du Death suédois. Et tout ça sans parler du break puissamment groovy qui donne immédiatement envie de hocher la tête dans les sens, montant crescendo. Parmi les titres qui sont du même tonneau, et qui envoient du pâté au niveau rythmique, on peut aussi parler de Kick in a Spleen qui laisse peu de répit et qui se rapproche presque d’un bon Black métal des familles tout en réussissant l’exploit d’être écoutable. On peut aussi évoquer Say Never Look Back et son style plus accessible, proche parfois d’un Heavy mélangé avec du bon vieux hard mais dont la voix reste profondément Death. C’est efficace, ça va droit au but et ça profite de quelques moments pour caler des solos monstrueux et même quelques instrumentalisations plus grandiloquentes. Et que dire de Hexed qui envoie du lourd et qui se permet même une conclusion lugubre, faisant écho à la thématique des sorcières. Bref, on retrouve toute l’essence même de Children of Bodom dans cet album.
Mais le groupe, comme n’importe qui, évolue aussi et se permet quelques changements, quelques prises de risque qui s’avèrent payantes sur cet album. A titre d’exemple, avec Under Grass and Clover, le groupe s’adoucit un peu sur son introduction, avant de lâcher les vannes pour faire un titre hybride, à la fois proche du Power, mais aussi du Death, pour un résultat déroutant, mais qui globalement fonctionne plutôt bien. On peut aussi mettre en avant Hecate’s Nightmare et sa petite boîte à musique en introduction, qui reviendra donner un rythme scandé mais très addictif, faisant bien bouger la tête. Le titre est plus lourd, plus lent, bien pesant dans son ambiance, on peut presque dire que ça ressemble à du Groove Métal à la Lamb of God, mais rapidement, Children of Bodom se décroche de cette comparaison et trouve un parfait équilibre pour un titre très intéressant. Platitudes and Barren Words et son clavier omniprésent est aussi un titre qui change du reste, offrant quelque chose de très power au début et qui bascule dans la Death mélodique pur jus mais toujours avec ce clavier qui offre un joli staccato. Difficile aussi de ne pas penser à Soon Departed et son rythme plus lent, plus langoureux et qui montre un autre facette du groupe, plus Doom qu’à l’accoutumée. Comme on peut le voir, avec Hexed, le groupe tente des choses, varie son registre et c’est tant mieux.
Au final, Hexed, le dernier album de Children of Bodom, est une belle réussite qui ne comporte que peu de pièces en dessous des autres. L’album est à la fois homogène dans sa qualité et hétérogène dans ce qu’il propose, montrant un réel renouveau pour la formation qui semble retrouver un second souffle et se permet de se repositionner en pilier du Death scandinave. En bref, un excellent effort que l’on n’attendait pas forcément et qui s’avère fort réussi.
- This Road
- Under Grass and Clover
- Glass Houses
- Hecate’s Nightmare
- Kick in a Spleen
- Platitudes and Barren Words
- Hexed
- Relapse (The Nature of my Crime)
- Say never Look Back
- Soon Departed
- Knuckleduster
Note: 17/20
Par AqME