Avis :
Le métal possède aussi ses figures un peu controversées, ses chanteurs qui ouvrent un peu trop leur gueule, et parfois pour déverser des saloperies. On connait le caractère grincheux de Dave Mustaine (Megadeth), Max Cavalera a souvent ouvert sa bouche pour dire de la merde (Soulfly) et Phil Anselmo n’est pas le dernier pour avoir un comportement problématique (Pantera). Et au milieu de tout ça, on peut aussi citer Ronnie Radke, ancien chanteur d’Escape the Fate, et actuel frontman de Falling in Reverse. Ayant des problèmes d’alcool et de drogue, il ira faire un séjour en prison après avoir été condamné à du sursis pour complicité de meurtre et ne pas avoir correctement fait sa peine. Après ce séjour de plusieurs années, il revient, fonde Falling in Reverse, dit quelques merdes égocentriques et fait étalage de son talent vocal ainsi qu’instrumental.
Bref, Ronnie Radke est un personnage haut en couleurs, qui peut parfois dire des âneries, avoir un comportement problématique, et aime régler ses comptes via des clips ou des paroles de chanson. Ainsi donc, cela faisait sept ans que nous n’avions pas eu de nouvel album du groupe, et pour cause, quelques embûches ont été mises en travers de la route du frontman. Qu’importe qu’il ne soit pas aimé dans l’industrie, il va quand même sortir son skeud, en nourrissant les réseaux sociaux depuis deux ans avec divers clips. Popular Monster était attendu au tournant par les fans du bonhomme (parce que oui, on peut faire des déclarations détestables et avoir une fanbase solide) et il en résulte une galette qui peut paraître riche de par ses variations de style, mais qui se fait vite redondante de par ses riffs ou ses instrus lors des moments rappés.
L’album débute avec Prequel qui pourrait se voir comme une très longue introduction, mais il s’agit d’un véritable morceau. On y retrouve du rap, principalement, avec une orchestration qui se veut épique et magistrale, avec quelques fulgurances Metalcore qui peinent à venir. Cependant, on y ressent de la noirceur, et globalement, on passe un bon moment, même si on commence déjà à tâter tout l’égocentrisme du type qui ne va parler que de lui. D’ailleurs, il ne faudra pas s’attendre à des sujets politiques ou sociétaux, puisque Ronnie Radke ne parle que de sa personne, de sa vie, de ses problèmes. Popular Monster suit exactement le même procédé, sauf qu’il suit une structure plus classique, avec un refrain qui fonctionne bien et des élans Métal plus prégnants. Néanmoins, on reste dans un truc assez classique même si cela permet d’entendre tout le talent vocal du frontman.
Après deux titres qui suivent le même mélange de genres, le changement sera radical avec All my Life, en featuring avec le chanteur country Jelly Roll. On embrasse la country de façon inattendue (même si le titre fait partie des sept sortis en clip), avec des assertions rappées et un break qui reprend des riffs plus lourds pour sonner Metalcore. On appréciera aussi le petit solo, qui est sans doute le seul moment où le guitariste bougera un peu ses doigts sur le manche de sa gratte. Cependant, cette rupture déséquilibre l’album, tellement on a l’impression que ça ne colle pas l’univers du groupe, ou tout du moins de l’effort en question. C’est presque trop joyeux, et cela nous sort du délire. Et cette rupture sera accentuée avec Ronald, où la partie rap sera tenue par Tech N9ne et le final par Alex Terrible de Slaughter to Prevail.
Le début du morceau est impressionnant de violence, avant de subir une première rupture en rap ultra rapide, pour revenir à une violence extrême tenue par un growl venu des enfers. Si le titre est un vrai défouloir et demeure assez impressionnant dans sa production, il aura eu plus sa place avant le morceau précédent pour plus de logique. Mais Ronnie Radke n’a que faire de la logique, il fait ce qu’il veut. Et Voices in my Head revient à quelque chose de plus simple, avec un rappel à Popular Monster dans l’instru et le genre. Ce n’est pas mauvais, mais ça reste assez random, et ça se tient grâce à un refrain catchy. Puis Bad Guy vient un peu tout gâcher avec de grosses sonorités électro qui, encore une fois, ne sont pas désagréables, mais nous sortent complètement de l’ambiance de l’album.
Certes, on a de gros riffs, mais l’egotrip prend trop le dessus, au point que le morceau devient presque insupportable. A force d’entendre des « je, je, je, je », ça en devient très pénible. Alors oui, Watch the World Burn est une réussite qui force le respect sur les vocalises du chanteur, mais il survient presque trop tard dans le skeud et ressasse un thème dont on commence à souper légèrement, la vie du chanteur et ses comptes à régler. Trigger Warning est un morceau sympathique, qui évoque le métal alternatif américain pure souche, et on regrette seulement que le titre peine à dépasser les deux minutes. Puis Zombified revient à quelque chose de plus simpliste avec un vrai chant et très peu de rap. Chose que l’on aura sur No Fear, revenant aux titres du débuts, avec presque la même instru.
Au final, Popular Monster, le dernier album de Falling in Reverse, n’est pas un mauvais album en soi. On perçoit tout le talent de ce frontman à l’égo démesuré et à la vie compliquée, et c’est peut-être là que le bât blesse. A force de parler de lui, à force de croire qu’il est le meilleur en tout, il crée un déséquilibre dans son effort, avec des titres intéressants, mais qui arrivent sans réelle cohérence et ont du mal à créer du sens (si ce n’est de flatter l’égo du type). De ce fait, on se retrouve avec de bons morceaux épars au milieu d’un egotrip qui laisse songeur. Et la reprise de Last Resort en version molle piano/voix qui en fait des caisses, c’est un non catégorique.
- Prequel
- Popular Monster
- All my Life feat Jelly Roll
- Ronald feat Tech N9ne & Alex Terrible
- Voices in my Head
- Bad Guy feat Saraya
- Watch the World Burn
- Trigger Warning
- Zombified
- No Fear
- Last Resort (Reimagined)
Note : 12/20
Par AqME