
Avis :
La passion pour la musique n’attend pas le poids des âges. On trouve de plus en plus de groupes familiaux qui sont fondés par des membres très jeunes, voire par des enfants. C’est le cas, par exemple, des néo-zélandais de chez Alien Weaponry. Le groupe se forme en 2010 autour des deux frères De Jong, qui ont alors dix et huit ans. Poussés par leurs parents (le père est ingénieur son et la maman s’occupe de tout ce qui concerne la publicité du groupe), le groupe deviendra un trio et pourra alors sortir un premier album en 2018, Tû. Le succès est là, chose assez surprenante pour du Thrash métal, puisque l’album termine cinquième des charts en Nouvelle-Zélande, et cela permet de lancer la carrière du groupe, qui gardera un line-up à peu près stable, malgré le changement de bassiste par deux fois.
Seulement, en 2021, Alien Weaponry sort un deuxième album, Tangaroa, et il aura moins de visibilité que le premier effort. L’élément de surprise n’est plus là, la production baigne un peu dans la saumure, et les ajouts mahorais manquent de percussion. Pour preuve, l’album ne finira que dix-neuvième des charts néo-zélandais. Mais pas question de retourner vivre chez papa et maman, et les deux frères décident de dégainer un nouvel opus en 2025, s’intitulant sobrement Te Râ. Et on peut dire que la colère a fait son chemin, et le groupe retrouve un semblant de nervosité et d’ingéniosité. Car si on a moins de chants tribaux, et plus d’anglais dans les morceaux, on reste sur un Thrash de haute qualité, avec des riffs percutants, et une forte envie d’en découdre. Ce n’est pas pour rien, d’ailleurs, que Randy Blythe pointe le bout de son tarin dans l’équation.
Le skeud débute avec Crown, et il s’agit d’un titre purement Thrash. Les riffs sont puissants, il y a une énergie communicative dingue, et surtout, le groupe renoue avec un refrain entêtant qui reste un long moment en tête. On pourrait lui imputer des intentions Metalcore, ce qui n’est pas totalement faux, mais ça fonctionne du tonnerre et on a vite envie de headbanger sur le break. Puis Mau Moko déboule alors, étant le premier morceau à être chanter en mahorais. Le titre est tout aussi puissant que le précédent, avec une belle puissance vocale, et une production qui est bien supérieure au précédent opus. Certes, on pourrait regretter un aspect tribal qui est moins présent, mais on reste sur de la très bonne qualité. Tout comme 1000 Friends qui parle des réseaux sociaux, et du fait que l’on n’a jamais été aussi seul.

Hanging by a Thread correspond à tous les carcans du Thrash moderne, et on pourrait dire que tout cela manque de nouveauté et de prise de risque. Cependant, on est sur un morceau bien plus sombre que les autres dans son ambiance, et le refrain est très malin, s’insinuant avec parcimonie dans nos crânes. Tama-Nui-Te-Râ s’ouvre sur un riff d’une rare lourdeur, et cet aspect sera renforcé par le chant en langue maori et les ajouts de Haka qui prennent une nouvelle ampleur. Seul bémol, les percussions folkloriques qui viennent un peu gâcher les riffs d’après refrain. Elles semblent volontairement ajoutées pour mettre en avant la culture néo-zélandaise, et ce n’était pas nécessaire. Myself to Blame revient à quelque chose de plus classique, avec un mid-tempo qui favorise l’introspection, jouant alors sur un aspect mélancolique plutôt bien vu. On ressent aussi toute la fraîcheur du groupe sur ce titre.
Taniwha est peut-être le morceau le plus complet de l’album. La présence de Randy Blythe de Lamb of God n’y est sûrement pas étrangère, et on fait face à un excellent titre qui envoie du lourd et propose un vrai fond puissant et tonitruant. Difficile de résister à l’envie de tout casser sur son passage. Blackened Sky revient à quelque chose de plus simpliste, avec un riff lourd de sens, un refrain ultra catchy, mais un petit manque d’originalité. Te Riri o Tawhirimatea revient à quelque chose de plus complet et de plus dense. Si on reste sur quelque chose de calibré, la puissance de l’ensemble emporte tout sur son passage et fait plaisir à entendre. Ponaturi se veut plus mélodique, avec un jeu de guitare plus technique, et il démontre tout le talent des musiciens. Enfin, Te Kore prend la forme d’une outro lourde de sens et puissante.
Au final, Te Râ, le dernier album d’Alien Weaponry, est une belle réussite dans le genre. Si le mélange de culture néo-zélandaise et de Thrash métal plus conventionnel est moins prégnant, le trio allant plus volontiers vers le dernier pour être plus accessible, on ressent encore les hakas et autres moments plus folkloriques qui viennent parsemer l’ensemble. Plus brut que le précédent opus, mieux produit, on retrouve le jeune trio en grande forme, confirmant alors qu’il est un groupe ascendant, dont on attend les morceaux avec une certaine impatience.
- Crown
- Mau Moko
- 1000 Friends
- Hanging by a Thread
- Tama-Nui-Te-Râ
- Myself to Blame
- Taniwha feat Randy Blythe
- Blackened Sky
- Te Riri o Tawhirimatea
- Ponaturi
- Te Kore
Note : 17/20
Par AqME