
D’Après une Idée de : Nick Santora
Avec Alan Ritchson, Maria Sten, Sonya Cassidy, Johnny Berchtold
Pays : Etats-Unis
Nombre d’Episodes : 8
Genre : Thriller, Action
Résumé :
Reacher tombe au cœur d’une vaste entreprise criminelle alors qu’il essaie de sauver un informateur sous couverture de la DEA, dont le temps est compté. Il découvre alors un monde de secret et de violence, et se retrouve confronté à des affaires non réglées de son propre passé.
Avis :
S’il y a bien une chose qui est redondante avec les séries, c’est la saison de trop. Rares sont les shows télévisés qui s’arrêtent au bon moment et proposent une véritable fin, sans pousser le bouchon trop loin. Et cela peut se comprendre, car quand on détient une poule aux œufs d’or, on ne veut pas la lâcher, jusqu’à aller trop loin et ne plus faire dans la qualité. Fort heureusement pour Reacher, chaque saison représente une histoire à part entière, et même si l’on a une continuité dans l’évolution de certains personnages, on peut se dire que chaque saison est différente, afin d’offrir des fins satisfaisantes, ou alors de faire le choix de ne pas continuer sans tomber dans la frustration de ne pas avoir une fin convenable. S’appuyant encore sur les romans de Lee Child, cette troisième saison proposait un récit totalement différent de la précédente aventure.

Pour rappel, dans la première saison, Reacher se fait arrêter dans une petite bourgade de l’Amérique profonde, étant suspecté de meurtre, et il va remonter une filière mafieuse qui est à l’origine de la mort de son frère. Dans la deuxième saison, ce sont ses anciens coéquipiers de l’armée qui se font buter les uns après les autres, et il va découvrir un important trafic orchestré par un de ses anciens membres. Pour cette troisième saison, les choses changent. Le premier épisode commence avec une tentative d’enlèvement en plein centre-ville d’une petite ville du Maine, et Reacher se retrouve au mauvais endroit, au mauvais moment, et il va sauver un jeune homme d’un kidnapping. Ce dernier est le fils d’un riche homme d’affaires qui, derrière sa société de tapis, fait du trafic d’armes. Par la suite, on va comprendre que Reacher n’est pas là par hasard.
Après une première saison violente et percutante, une deuxième qui le fut tout autant mais jouait la carte de la démesure, cette troisième saison va plus être dans l’infiltration et l’enquête. En effet, le héros se retrouve embauché dans une grande demeure, au sein d’un trafic d’armes, pour retrouver un indic de la DEA, et découvrir que derrière ce trafic se cache un ancien ennemi à qui il veut absolument faire la peau. De ce fait, la tension va constamment être à nos côtés, puisqu’il faut que Reacher puisse communiquer avec l’extérieur sans se faire prendre, et il doit composer avec toute une milice, dont le boss ultime est un golgoth qui est plus grand et plus fort que lui. En faisant ainsi, les showrunners ont réussi à maintenir un suspens assez fou, où tout un chacun risque sa vie en essayant de manipuler l’autre, ou de tromper son monde.
Cela ne veut pas dire pour autant que la série est moins percutante en termes d’action. Reacher balance de la fusillade et de la bagarre sur quasiment tous les épisodes, jouant sur différentes échelles. On aura droit à des fusillades, à des séquences à mains nues qui font mal, et à un dernier épisode en apothéose, qui ne sera que violence et affrontements divers. Au fil des saisons, la série garde son côté sanglant et virulent, sans pour autant tomber dans la surenchère. Tout est crédible là-dedans. On est encore dans une Amérique profonde, avec des trafiquants sans vergogne, qui n’hésitent pas à buter femmes et enfants pour quelques kopecks. De plus, tous les éléments autour des personnages et du trafic se révèlent plausibles, même si on rentre tout de même sur quelque chose de grandiloquent, où les fédéraux n’interviennent quasiment pas. Ou avec des pincettes.
Mais la grande force de cette troisième saison, outre la réalisation inspirée de Sam Hill, c’est clairement ses personnages. Reacher occupe encore le centre des intérêts, avec notamment une vendetta personnelle qui permet d’explorer son passé, et d’atteindre son gros cœur musclé. La réflexion finale définit parfaitement ce gros nounours, où il est dit qu’il ne supporte pas les tyrans qui usent de la force. Cependant, il n’est pas le seul à être très intéressant. Ses nouveaux partenaires de la DEA sont vraiment bien. Il va même tomber amoureux de Sarah, sa « supérieure » dans cette histoire, une femme de caractère, qui veut à tout prix sauver son indic. Il s’agit-là d’une femme droite, forte, avec ses faiblesses, mais qui manipule comme elle veut le héros, supposé inébranlable. A ses côtés, on retrouve Villanueva, un agent quasi à la retraite, qui a un énorme cœur.
Bref, on ressent une forte empathie pour tout ce petit monde. Le seul regret que l’on peut avoir, c’est le retour de Neagley, sans que cela soit très important. On sait qu’une série spin-off sur elle est en cours de production, mais on aurait aimé la voir plus souvent, et avec plus d’implication. Il faut aussi noter des antagonistes solides et charismatiques. A commencer par McCabe (ou Quinn), la némésis de Reacher, qui sera un homme sans scrupule, d’une violence folle, et qui n’hésite pas à mettre en péril la vie de femmes et d’enfants. Le personnage est détestable. Tout comme son bras droit, Paulie, un géant plus grand et plus fort que Reacher (l’acteur Olivier Richters mesure 2m18 et pèse 160kg), qui sera un ennemi redoutable. Mais comme à son habitude, la série propose des personnages troubles, qui sombrent dans le trafic tout en restant empathiques.
A l’image de ce père de famille qui se rend compte trop tard qu’en étant hors la loi, il met en danger la vie de son fils, qu’il enferme alors dans sa maison, par peur de représailles. Cette troisième saison joue aussi avec les émotions, où Reacher va devenir une sorte de grand frère pour cet adolescent, tout comme il commence à avoir des sentiments pour sa coéquipière. Malgré la brutalité de l’histoire et des ennemis, la série arrive à nous capter via des émotions qui surgissent, en étudiant de façon fine des rapports humains en dehors de toutes velléités. Le seul regret que l’on peut avoir, c’est que finalement, on ne ressent pas vraiment de tension pour le héros, notamment à cause de Prime Video qui avait annoncé un renouvellement de saison, ce qui veut dire que le héros ne peut pas mourir, et cela enlève du suspens.

Au final, cette troisième saison de Reacher est encore une fois une réussite. La mise en scène est toujours aussi inspirée, on retrouve des fulgurances d’une rare violence pour une série, mais d’un point de vue scénaristique, c’est aussi très bon. Le show arrive à se renouveler avec ses personnages, leur apportant de la profondeur dans un contexte complètement différent des deux précédentes saisons. Outre l’action et l’infiltration, on aura aussi de l’émotion, de l’amour et de belles phases de tension, avec en prime des personnages très bien écrits. Bref, on reste dans une qualité impressionnante, et pour l’instant, la saison de trop n’a pas pointé le bout de son nez.
Note : 17/20
Par AqME