Seether – The Surface Seems so Far

Avis :

Il est très difficile de trouver des successeurs à la scène Grunge qui a été portée par des groupes cultes tels que Nirvana, Alice in Chains ou encore Soundgarden. A ce petit jeu, ça a toujours été Seether qui a tenu la dragée haut à beaucoup de monde, notamment à cause (ou grâce) à la voix rocailleuse du frontman Shaun Morgan. Cependant, à force de maturité et de chemins parcourus d’épreuves, le groupe s’est petit à petit immiscé vers le métal Alternatif, proposant des riffs plus lourds et des mélodies plus sombres. The Surface Seems so Far est le neuvième album de la formation sud-africaine, et autant dire que l’on n’est pas là pour rigoler. Dépression, difficulté à sortir la tête de l’eau, démons du passé qui pèsent, Seether semble sombrer et tente de nous entrainer avec lui.

Le skeud débute avec Judas Mind, et on retrouve tous les éléments qui font le Seether contemporain. Sombre, décrochant des riffs ultra nerveux qui lorgnent vers le Métal alternatif plus que vers le Grunge, les sud-africains ne sont pas là pour rigoler. On retrouve toujours les mêmes membres derrière les instruments, et il y a finalement une certaine logique album après album. La voix de Shaun Morgan fait sa part aussi, avec des partitions douces et sinistres, laissant par la suite la place à des cris plaintifs puissants. Bref, il n’est pas étonnant que le groupe ait choisi ce titre pour vendre leur effort. Illusion suivra le même chemin, à un détail près, la structure sera plus simple et le refrain plus catchy. On pourrait presque y voir un clin d’œil à Deftones lors du démarrage avec la voix feutrée qui évoque celle de Chino Moreno.

Mais encore une fois, le groupe retombe sur ses pattes et sa propre identité à travers un morceau qui demeure assez mélancolique, surtout sur son refrain entêtant. Beneath the Veil se fait moins percutant que les deux précédents titres. Ici, le groupe renoue avec une sorte de ballade qui se réveille lors du refrain, mais on ressent plus de nostalgie et le sentiment de mal-être se fait plus prégnant. Ce qui a toujours été le mot d’ordre du frontman, qui lâche ses démons sur le papier, prend une belle forme ici, même si on reste sur quelque chose de très calibré et qui ne surprendra jamais. Et c’est un peu le problème sur cet effort. On reste dans une zone de confort pour le groupe qui ne propose rien de vraiment neuf et refait inlassablement la même recette.

On ne va pas trop s’en plaindre, car on apprécie, mais on est en droit d’en attendre davantage du groupe. D’ailleurs, Semblance of Me aurait pu être une bonne surprise, avec son démarrage tout doux, avec un superbe chant clair et une mélodie qui peut évoquer le Punk californien, mais on reste dans un mélo qui ne possède qu’un éclair de génie dans son break, histoire de booster un peu l’ensemble. Puis Walls Come Down manque cruellement de verve et d’énergie. Le groupe offre un titre un peu bouche-trou qui manque d’ampleur et de surprise. Très clairement, on a l’impression d’écouter un morceau interchangeable avec d’autres titres issus d’albums précédents. Et encore une fois, oui, c’est agréable, mais on en veut plus de la part du groupe qui, on le sait, est capable de fournir des pièces plus complètes et plus complexes.

C’est alors que surgit Try to Heal, et là, c’est le gros banger. Le titre est puissant, les riffs sont agressifs, il y a une belle montée en tension, et surtout, Shaun Morgan fait exploser sa voix granuleuse dans un break qui donne une patate d’enfer. Et les paroles, pour une fois, sont plus lumineuses, donnant un espoir de guérison. Paint the World sera du même acabit, avec une belle force, et quelques saillies qui font plaisir. Same Mistakes renoue avec un aspect Grunge qui colle à la peau du groupe. On retrouve certains aspects qui peuvent évoquer Alice in Chains, et les paroles ont du sens, énonçant ces erreurs que l’on répète inlassablement, alors que l’on sait que l’on fait de la merde. Lost All Control sera plus groovy que le reste, alors que Dead on the Vine va frapper fort pour clôturer le tout sur la ballade Regret.

Au final, The Surface Seems so Far, le dernier album de Seether, est un bel effort, qui est dans la continuité de ce que propose le groupe depuis des années. Si on prend du plaisir à écouter, on se rend compte, petit à petit, que la lassitude prend rapidement le pas, tout simplement parce que le groupe ne se renouvelle pas et propose encore et toujours la même recette. Et force est de constater que sur cet album, il manque une paire de morceaux forts et entêtants, qui ferait sortir l’ensemble du lot. Bref, on fait face à un skeud de qualité, qui plaira sans aucun doute aux fans du groupe, mais qui manque tout de même d’une petite prise de risque.

• Judas Mind
• Illusion
• Beneath the Veil
• Semblance of Me
• Walls Come Down
• Try to Heal
• Paint the World
• Same Mistakes
• Lost All Control
• Dead on the Vine
• Regret

Note : 14/20

Par AqME