De : Daniel Auteuil
Avec Daniel Auteuil, Grégory Gadebois, Sidse Babett Knudsen, Alice Belaïdi
Année : 2024
Pays : France
Genre : Drame
Résumé :
Depuis qu’il a fait innocenter un meurtrier récidiviste, Maître Jean Monier ne prend plus de dossiers criminels. La rencontre avec Nicolas Milik, père de famille accusé du meurtre de sa femme, le touche et fait vaciller ses certitudes. Convaincu de l’innocence de son client, il est prêt à tout pour lui faire gagner son procès aux assises, retrouvant ainsi le sens de sa vocation.
Avis :
Daniel Auteuil est un immense acteur que l’on ne présente plus, et après presque quarante ans de métier, en 2011, l’acteur est passé pour la première fois derrière la caméra avec « La fille du puisatier« . Par la suite, Daniel Auteuil a très vite enchaîné les tournages, continuant à travailler sur Marcel Pagnol, avec la trilogie « César« , « Marius » et « Fanny« . Puis en 2018, Daniel Auteuil change de registre avec « Amoureux de ma femme« , qui est l’adaptation d’une pièce de théâtre de Florian Zeller, et là, c’est la catastrophe, aussi bien critique que publique. Une telle catastrophe que Daniel Auteuil pose sa caméra et ne pense plus refaire de film.
Il va alors se passer six ans avant que l’on revoie un film signé Daniel Auteuil. Et c’est en tombant sur le blog d’un ancien avocat que le comédien/réalisateur se passionne pour les récits de celui qui se fait appeler « Maître Ho ». Dévorant les écrits, une histoire plus qu’une autre en ressort, celle de Nicolas Milik, un homme accusé d’avoir tué sa femme et que Maître Ho a défendu. Film de procès assez classique, « Le fil » se pose toutefois comme un bon film, qui signe un excellent retour de Daniel Auteuil en tant que réalisateur. Intriguant, étant placé à la même hauteur que cet avocat, tenu par un suspens bien fichu, et d’une révélation assez terrible, « Le fil« , sans être l’un des meilleurs films français sortis cette année, arrive à être un divertissement solide et plus largement un bon film qui nous offre un bon moment de cinéma.
« »Le fil » intrigue et passionne . »
Jean Monier est un avocat qui ne prend plus de dossier criminel depuis une quinzaine d’années. Un soir, pour dépanner sa femme, il se rend à la gendarmerie en tant qu’avocat commis d’office. Ce devait être le temps d’une soirée, après sa femme aurait repris ce client, mais ce soir-là, Jean fait la connaissance de Nicolas Milik, la cinquantaine, père de famille plus inquiet pour ses enfants que pour lui. Milik est accusé du meurtre de sa femme, et lors de cette rencontre avec lui, Jean est convaincu de l’innocence de ce client, et c’est ainsi qu’il décide de reprendre « du service »…
J’adore les films de procès, et ce mois de Septembre 2024 a de quoi me ravir entre ce film et « Le procès du chien« . Adapté d’une histoire vraie, Daniel Auteuil se lance dans un film qui résonne comme très classique finalement.
« Le fil » est un film qui nous présente un homme qui s’apprête à être jugé pour le meurtre de sa femme et tout ou presque l’innocente. Construit comme un puzzle où les pièces se rassemblent au fur et à mesure des jours de procès, « Le fil » intrigue et passionne évidemment de par le mystère autour de la culpabilité de son personnage. Nicolas Milik était-il coupable ou non ? Si le personnage tenu par Daniel Auteuil est persuadé de son innocence, pour nous, spectateurs, c’est une autre paire de manches, car au fil des interrogatoires et des éléments et autres indices étayés ici et là, on restera dans le perpétuel doute, ce qui est excellent et permet de nous tenir jusqu’aux derniers instants, même si le film laisse quelque peu perplexe dans sa dernière scène qui se pose comme mal fichue, car elle n’était pas utile finalement, le film et l’histoire s’étant déjà « bouclés ».
« Grégory Gadebois est excellent en présumé coupable. »
« Le fil » est aussi un film qui se fait très intéressant dans ce qu’il raconte du métier d’avocat, notamment lorsque ce dernier est convaincu de l’innocence de son client. Chercher et trouver le petit détail qui appuie ce sentiment, choisir les bons moments pour convaincre, ou encore l’impact qu’un procès peut avoir sur la vie de son accusé certes, mais aussi sur la vie de son avocat. Solitude, contradictions, doutes, orgueil aussi, font plus ou moins bon ménage et Daniel Auteuil incarne tout cela et plus encore à merveille.
D’ailleurs, du côté des interprétations, Grégory Gadebois est excellent en présumé coupable. L’acteur, de par son innocence et la chaleur de son personnage, sème le doute en permanence et il est presque impossible de savoir s’il est coupable ou non. A noter aussi une étonnante Alice Belaïdi en procureure qui défend la victime avec une grande conviction.
« Le film tient parfois de belles longueurs. »
Mais alors si tout est bon de ce côté-là, qu’est ce qui fait que finalement ce « … fil » ne s’inscrit pas dans les grands films de l’année ? Eh bien c’est du côté de sa mise en scène qu’il faut regarder, car si on y trouve bien suspens, mystère et doute, l’ensemble est plutôt plat et dans son rythme, le film tient parfois de belles longueurs. Avec ça, on trouve une autre affaire qui s’incruste et qui n’apporte pas grand-chose à l’intrigue, si ce n’est de la longueur. Puis il y a le choix des couleurs et de la lumière qui assombrissent le film, au point que parfois, on aurait l’impression qu’il est mal éclairé (un peu comme le personnage de l’avocat).
Et enfin, il y a cette BO qui est à côté de la plaque. Une BO trop envahissante qui ne fait que se faire remarquer dès qu’elle est là. Ces éléments ne sont pas abominables non plus, mais ils ont tendance à abîmer le ressenti et la passion que l’on peut éprouver face à cette affaire.
Au bout du compte, lorsque l’on fait la somme de tout cela, ce « … fil » est un film qui se fait intéressant dans ce qu’il raconte de son affaire et de ses personnages, et si parfois, le doute se fait passionnant, ce que l’on aurait aimé, c’est que cette passion se fasse ressentir sur tout le film. Malheureusement, ça n’arrive pas, et entre ses qualités et ses défauts, « Le fil » de Daniel Auteuil se laisse suivre comme un bon film, qui se fera peut-être oublier en fin d’année. Après, sur l’instant, l’ensemble s’est posé comme un bon divertissement, et ça, c’est déjà pas mal, surtout après « Amoureux de ma femme« …
Note : 12/20
Par Cinéted