De : François Ozon
Avec Hélène Vincent, Josiane Balasko, Ludivine Sagnier, Pierre Lottin
Année : 2024
Pays : France
Genre : Comédie, Drame
Résumé :
Michelle, une grand-mère bien sous tous rapports, vit sa retraite paisible dans un petit village de Bourgogne, pas loin de sa meilleure amie Marie-Claude. A la Toussaint, sa fille Valérie vient lui rendre visite et déposer son fils Lucas pour la semaine de vacances. Mais rien ne se passe comme prévu.
Avis :
François Ozon est sûrement le réalisateur français le plus prolifique du moment, réalisant depuis quelques années au moins un film par an. Puis en plus d’être prolifique, François Ozon est aussi un metteur en scène qui jouit d’une certaine rigueur, dans le sens où même lorsqu’il réalise un film moins bon que d’ordinaire, un Ozon, c’est rarement, pour ne pas dire jamais, mauvais. Après plusieurs années à avoir fait des adaptations, le réalisateur a eu l’envie de revenir avec un scénario original. Scénario qu’il a alors écrit lui-même, et dont le point de départ est un événement familial qu’Ozon a réellement vécu.
S’il y a bien un film que j’attendais pour cette fin d’année, c’est « Quand vient l’automne« , car je ne cacherais rien en disant que je suis un grand admirateur du travail d’Ozon. Puis derrière ça, en plus d’avoir une histoire écrite par Ozon, « Quand vient l’automne » a une bande-annonce qui donne très envie, avec ce doute sur la culpabilité du personnage principal, avec son « – c’était pas prémédité ? N’est-ce pas ? »… Puis le regard perdu d’Hélène Vincent…
« »Quand vient l’automne » est un film tout en intimité. »
Mais alors, que vaut le nouveau Ozon ? Eh bien, « Quand vient l’automne » est un film assez inégal, qui sait se faire très intéressant, notamment dans les sujets qu’il traite (même s’il y en a peut-être de trop), de par ses actrices et acteurs, offrant une grande Hélène Vincent, mais avec ça, malheureusement, aussi, « Quand vient l’automne » est un film manque de rythme, se faisant peut-être trop intimiste. Après, comme je le disais plus haut, même un petit Ozon, ça reste un film bien plus intéressant que beaucoup de ce qui sort tous les ans.
Michelle est une grand-mère qui se réjouit d’accueillir son petit-fils pour une semaine de vacances. À son arrivée, accompagné de sa mère, Michelle cuisine un repas avec des champignons qu’elle a ramassés le matin même. Or, ce repas va lui causer bien des ennuis et une réaction en chaîne commence…
Un peu plus d’un an après « Mon crime« , François Ozon revient donc en salle avec son vingt-troisième long-métrage, « Quand vient l’automne« . Pour ce nouveau film, le metteur en scène français en a écrit l’histoire, et il a voulu faire un film qui navigue entre les genres, et surtout un film qui sera moins spectaculaire que ses dernières œuvres. Ainsi, « Quand vient l’automne » est un film tout en intimité, qui nous propose d’entrer dans le quotidien d’une vieille dame. Le genre de petite mamie à qui l’on donnerait le bon dieu sans confession. Très vite, « Quand vient l’automne » nous fait comprendre que le rythme sera lent, un peu comme la vie de son personnage. François Ozon décrit bien ce quotidien fait de pas grand-chose, entre des sorties avec sa meilleure amie, la vie à la campagne, ou encore et surtout l’attente de l’arrivée de son petit-fils pour une semaine de vacances.
« Ce scénario aura aussi un défaut, il en fait de trop. »
Ce qui avait tout pour être une jolie petite comédie dramatique va très vite se transformer et s’enfoncer dans le drame, avec des personnages tout en relief (peut-être trop). Ici, ce sera une petite heure quarante de non-dits, de suggestions (c’est même très bon, car sur certains éléments, tout le monde peut se faire son propre avis), de drame lourd, de révélations, de poids du passé, d’envies et de regrets. Ces vacances attendues qui n’arriveront pas finalement à cause d’une intoxication aux champignons, vont offrir un film et une histoire qui est tout autre. Finalement, cette intoxication n’est que le point de départ, une ouverture pour entrer dans la vie de Michèle, et de ceux qui l’entourent.
Si le scénario est intéressant, car il soulève de beaux sujets, comme la solitude des personnes âgées, comme la vie à la campagne, la seconde chance, ou encore le poids des secrets et celui de la famille, ce même scénario aura aussi un défaut, il en fait de trop. Ce qui intéresse beaucoup au départ, c’est qu’il livre ses secrets au compte-goutte, mais petit à petit, il va y avoir comme une overdose de secrets, ou plutôt une overdose d’éléments, qui font que l’intrigue se fait lourde. On pourrait presque même dire que c’est cliché, tant le film pousse le bouchon un peu loin par moment.
« Hélène Vincent est sublime et formidable dans la peau de cette mamie perdue. »
Puis avec tout cela, le film a aussi tendance à osciller entre les genres, au point qu’on peut se demander s’il ne se cherche pas en cours de route. Un sentiment qui est agaçant, car François Ozon gère bien les genres parmi lesquels il fait passer son film. Lorsque « Quand vient l’automne » a des allures de drame, il est touchant, tout comme lorsqu’il donne dans le thriller, il sait très bien instaurer son suspens. Avec ça, autre petit point faible, sur son ensemble, « Quand vient l’automne » est un film qui se veut intimiste, allant chercher au plus vrai, au plus réel, et s’il y arrive sans mal, du côté de son rythme, « Quand vient l’automne » est un film qui en manque. En fait, le film fonctionne comme un accordéon, avec parfois des moments qui vont être prenants et d’autres fois, des moments où le temps se fait quelque peu longuet.
Heureusement, on restera comme accroché au film grâce à ses comédiens et surtout ses comédiennes. Si, pour le plaisir cinéphile, retrouver Ludivine Sagnier et Malik Zidi chez le cinéaste, c’est extrêmement plaisant, d’autant que chacun d’eux offre de bonnes prestations, si Pierre Lottin, Josianne Balasko, Garlan Erlos, ou encore Sophie Guillemin sont très bons, (surtout Pierre Lottin, que décidément plus rien n’arrête) « Quand vient l’automne« , c’est surtout Hélène Vincent, sublime et formidable dans la peau de cette mamie perdue. On peut remercier d’ailleurs François Ozon de mettre Hélène Vincent au premier plan, car l’actrice est incroyable et elle mériterait bien plus de premier rôle.
« Quand vient l’automne » n’est pas un grand François Ozon, mais malgré ses inégalités, malgré son manque de rythme, et malgré son côté trop poussif parfois, il n’en demeure pas moins que sur l’ensemble, « Quand vient l’automne » est un film qui se laisse gentiment regarder avec un certain intéressement et parfois de belles émotions, offertes notamment par une Hélène Vincent impeccable d’un bout à l’autre. Si « Quand vient l’automne » se pose comme une petite déception, il n’empêche que même une déception chez Ozon, ça reste un film intéressant à plus d’un titre.
Note : 13/20
Par Cinéted