octobre 10, 2024

The Outrun – S’Eloigner pour Revivre

De : Nora Fingscheidt

Avec Saoirse Ronan, Paapa Essiedu, Stephen Dillane, Saskia Reeves

Année : 2024

Pays : Angleterre, Allemagne, Espagne

Genre : Drame

Résumé :

Rona, bientôt la trentaine, brûle sa vie dans les excès et se perd dans les nuits londoniennes. Après l’échec de son couple et pour faire face à ses addictions, elle trouve refuge dans les Orcades, ces îles du nord de l’Écosse où elle a grandi. Au contact de sa famille et des habitants de l’archipel, les souvenirs d’enfance reviennent et se mêlent, jusqu’à s’y confondre, avec ceux de ses virées urbaines. C’est là, dans cette nature sauvage qui la traverse, qu’elle trouvera un nouveau souffle, fragile mais chaque jour plus puissant.

Avis :

Nora Fingscheidt est une réalisatrice allemande qui s’est grandement fait connaître en 2020 avec « Benni« , film où elle raconte l’histoire d’une enfance en proie à des crises de violence incontrôlables. Mais bien avant ce film, Nora Fingscheidt a fait ses premiers courts-métrages à la fin des années 2000. Pendant presque une dizaine d’années, elle met en scène des courts afin de se faire connaître. En 2017, elle réalise un premier documentaire, qui est un long-métrage.

« The Outrun » est son troisième film, et après avoir posé sa caméra aux Etats-Unis, elle nous entraîne cette fois-ci dans une très belle « région » d’Écosse, l’archipel des Orcades, pour y suivre le voyage spirituel d’une jeune femme qui lutte contre son alcoolémie. Si le film est en lui-même beau et se pose comme un moment d’évasion assez poétique parfois, on restera déçu en un sens, de par son intrigue décousue, et au-delà de ça, de par son sujet, l’alcoolémie, car malgré l’excellence de Saoirse Ronan, le film manque d’émotion et tient un côté sans grande surprise, car il y a eu tant de films fait autour de ce sujet, qu’on le connaît déjà.

« On connaît par cœur les ficelles de ce genre. »

Rona, vingt-neuf ans, s’est laissée piéger dans les excès des nuits londoniennes. Alcoolique, la jeune femme est une bombe qui ne demande qu’à exploser. Un soir, après une cuite de trop, elle décide de se reprendre en main, avec pour commencer une cure, puis par la suite, elle fuit Londres, pour trouver refuge dans sa région natale, les Orcades, un archipel qui se trouve tout au nord de l’Écosse. Là, seule, loin de tout, elle va réapprendre à vivre et à s’intéresser aux autres, et à la vie finalement…

L’alcoolisme et ses ravages, c’est un thème que l’on retrouve souvent au cinéma, et faire un film qui sortirait des sentiers battus de ce genre, ça devient compliqué tant tout ou presque a déjà été fait sur le sujet. Ici, si Nora Fingscheidt traite bien l’alcoolisme et l’emprise qu’il peut avoir sur son personnage, ce dernier va être aussi la faiblesse de son film dans le sens où l’on connaît les ficelles par cœur de ce genre, et de ce côté-là, rien ne va être bien surprenant. Évidemment que dans sa présentation, on va découvrir une jeune femme qui brûle la corde par les deux bouts, et évidemment, même s’il n’y a pas vraiment de guérison possible, même après des années, petit à petit, on va suivre la renaissance de cette jeune femme.

Le film adapte les mémoires d’Amy Liptrot, et dans la trajectoire de cette jeune femme, finalement, ce qui va être le plus intéressant, c’est le voyage qu’elle entreprend dans cette région qui n’est pas si connue que cela. Afin de fuir la décadence des grandes villes et se retrouver seule avec elle-même, le personnage de Rona nous invite à découvrir les Orcades, un archipel perdu en mer du Nord composé de soixante-sept îles. Il y a peu d’âmes qui habitent sur ses îles, c’est gris, venteux, il fait froid, les paysages sont balayés en permanence par les vents, il y a beaucoup de phoques qui sortent la tête de l’eau, ici, on recherche à protéger le Roi Caille, un petit oiseau.

« Ce décor, ces îles, c’est le second personnage du film. »

Puis, il y a l’archéologie, les fêtes traditionnelles ou encore les légendes qui nous sont racontées en voix off, et pour une reconstruction de soi, pour le personnage de Rona, le décor résonne comme parfait.

Et plus que l’alcoolisme et l’ancienne de vie de son personnage qui nous apparaît dans des flashbacks de manière totalement décousue et imprévisible, et dans laquelle on peut vite se perdre de temps en temps, ou d’époque, c’est bel et bien tout l’archipel, cette vie où le temps s’arrête, où l’on prend le temps de regarder les vagues se fracasser sur les rochers, où l’on prend une grande bouffée d’air frais, qui va vraiment intéresser. Ici, ce décor, ces îles, c’est le second personnage du film, presque le plus important finalement, et c’est peut-être là que l’on se dit que malgré « la beauté » du film, malgré la mise en scène inspirée, malgré sa BO assez incroyable, « The Outrun » n’est pas si réussi que cela, et c’est là qu’il déçoit.

 À cette déception, on pourrait aussi y ajouter le rythme qui a tendance à s’étirer sur sa fin, avec cette mise en scène qui, certes, est poétique d’un côté, mais elle ne cesse de rebondir et de nous faire « croire » à une fin, qui finalement n’arrive pas. On aurait presque l’impression dans son montage que Nora Fingscheidt est tellement bien avec ses personnages, qu’elle ne sait pas comment les abandonner.

Après, dans un autre sens, « The Outrun » est un film qui se tient et sait nous tenir grâce à la merveilleuse interprétation de Saoirse Ronan, dont le projet est pratiquement de son fait, puisque c’est elle qui a voulu et tenu le montage de ce film sur six ans. Si l’actrice tient un rôle que l’on connaît déjà, son interprétation, son naturel et sa spontanéité sont bluffants et elle illumine le film de manière très poétique. Il est juste dommage que son personnage ne soit pas plus touchant que cela.

« The Outrun » est donc un film qui résonne comme sympathique grâce à son voyage dans l’archipel des Orcades et grâce à son actrice. S’il y a bien un côté déjà vu et déjà raconté, la galère de personnages sous addiction qui essaient de sortir la tête de l’eau, le film de Nora Fingscheidt arrive toutefois à nous tenir par ce voyage, par cette retraite, dans un endroit que l’on se plaît à découvrir. Je ressors donc partagé, déçu d’un côté de par son manque d’émotion et la façon dont on peut se perdre dans ces flashbacks qui arrivent n’importe comment, mais dans un autre sens, j’ai aimé découvrir ce personnage, et surtout là où elle nous a emmenés.

Note : 11/20

Par Cinéted

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