Avis :
Fondé en 2011 à Lancaster, il aura fallu un certain temps à Wytch Hazel pour plus ou moins s’imposer dans la scène musicale actuelle. En effet, leur premier album, Prologue, ne sortira qu’en 2016 après plusieurs EP et autres splits. D’ailleurs, cette difficulté à percer assez vite a dû mettre un coup au line-up, avec le départ du chanteur, d’un guitariste et du batteur, qui est revenu au sein de la formation en 2022. Bref, depuis 2016 et son premier effort, le groupe anglais n’a jamais lâché, signant alors sur le label Bad Omens Records et proposant un album tous les deux/trois ans. Avec une discographie chapitrée, il semblait complexe de commencer par leur troisième album, mais c’est pourtant ce que l’on a fait, et on a bien fait, car on découvre alors un groupe incroyable, qui propose un Hard Rock à la lisière d’autres genres.
En effet, Wytch Hazel demeure une formation assez inclassable, qui rentre dans plusieurs catégories. On y trouve des éléments Heavy, d’autres plus Hard, voire des éléments tout simplement Rock, avec une pointe de Folk. Tout cela donne un ensemble protéiforme à la fois simple et complexe, car le groupe fournit des tubes par paquets de douze, tout en restant sur schéma structurel simple et accessible. Si on veut extrapoler un peu, on pourrait dire que le chanteur possède une voix similaire à Myles Kennedy (mais ne partant jamais dans les aigus), avec un style à l’opposé de Ghost, mais autour d’une musique qui évoque le groupe de Tobias Forge, tout comme il peut faire appel à Black Sabbath. Bref, c’est tout bonnement génial, et on ressent tout le talent du groupe dès le premier morceau, He is the Fight.
Le démarrage fait très années 80, mais il apporte un vrai élan de fraîcheur, notamment dans son refrain qui reste immédiatement en tête et qui accélère bien le rythme. Cette entrée en matière est vraiment excellente et donne envie d’écouter la suite avec avidité. Et on va se prendre une grosse baffe dans la tronche avec Spirit and Fire. Le morceau est tout simplement un véritable hit en puissance. Le début, avec les instruments qui arrivent petit à petit est un vrai délice. Puis le refrain est catchy en diable (on se surprendra à chanter à tue-tête la première écoute). Et enfin, on a même droit à un super break suivi d’un vrai solo qui rend zinzin. Dès le deuxième titre, le groupe frappe fort et nous laisse sur le carreau. Difficile de passer après ça, et pourtant, I am Redeemed est du même tonneau.
On est clairement dans un morceau qui évoque Alter Bridge, tout en gardant une atmosphère propre à Wytch Hazel. Notamment dans les breaks et les solos de guitares qui sont plus aigus. Mais encore une fois, le groupe sort le grand jeu et nous impressionne par sa maîtrise de dingue. Et que dire du clavier qui vient nous faire un petit solo, douce nostalgie d’un Heavy des années 70. Bref, tout est parfait. Archangel sera un titre un peu moins marquant au sein de l’album, notamment parce que son début est assez timide, mais il va rapidement reprendre du poil de la bête. Là, on pensera plus à Ghost dans l’ambiance et la musicalité. La comparaison est flatteuse, mais il y a une vraie corrélation à faire entre les deux groupes, dans la musique, mais aussi dans l’imagerie, l’un se plaçant comme la parfaite antithèse de l’autre.
En attaquant Dry Bones, on va se prendre une mandale monumentale. C’est le meilleur morceau de l’album, sans l’ombre d’un doute. L’introduction montre la puissance des riffs, avant de lâcher un petit couplet relativement doux, qui va permettre de nous atomiser dans le refrain, un pur moment de Hard n’Heavy qui va nous toucher en plein cœur. Et puis d’un point de vue technique, c’est tout simplement irréprochable. Bref, un titre que l’on écoute à foison et qui nous déboîte la nuque à chaque fois. Après une telle claque, le groupe nous balance Sonata, un interlude à l’alto qui est sublime, qui permettra alors à I Will Not de mieux nous marquer, même si on est sur des riffs plus doux et une mélodie mais puissante que le reste des titres. Mais l’ensemble fonctionne avec un certain sens du groove.
Mais le renouveau du groupe se trouve dans Reap the Harvest, qui débute avec une marche funèbre, pour ensuite nous asséner de petites notes de piano, accentuant alors une ambiance assez triste, voire macabre. Les guitares déboulent alors, et arrivent à rester dans une atmosphère un peu mélancolique et le tout forme un morceau d’une richesse rare. On restera cependant plus circonspect sur The Crown, qui embrasse tous les codes de la musique Folk, mais qui ne démarre jamais vraiment et manque un peu d’allant. Heureusement, Ancient of Days redresse la barre très rapidement, avec des riffs plus pêchus et une construction qui force le respect. Bref, un autre excellent titre qui vient compléter un album tout bonnement incroyable.
Au final, III : Pentecost, le troisième album des anglais de chez Wytch Hazel, est une sublime réussite, qui arrive à mélanger énormément de genres et plein de références à d’autres groupes pour avoir son identité propre. C’est à la fois beau, nerveux, maîtrisé au cordeau et on ne se lasse jamais de cet effort qui résonne comme une petite pépite insoupçonnée. Bref, l’album donne une furieuse envie de se jeter sur la discographie du groupe qui, en regardant vite les avis, semble être du même acabit.
- He is the Fight
- Spirit and Fire
- I am Redeemed
- Archangel
- Dry Bones
- Sonata
- I Will Not
- Reap the Harvest
- The Crown
- Ancient of Days
Note : 19/20
Par AqME