
Avis :
Fondé en 1988, Deftones a rapidement été affilié à la scène Nu-Métal américaine, aux côtés de groupes comme Slipknot ou Korn. Cependant, la bande de Sacramento s’est démarquée de la masse avec des sonorités plus aériennes, et un chant qui utilisait des éléments propres au Shoegaze. Souvent considéré comme un groupe pour dépressifs, Deftones a pourtant su tirer son épingle du jeu, jusqu’à devenir un mastodonte du genre. Bien sûr, les américains ont connu des hauts et des bas, et certains albums ont laissé une grande partie des fans dubitatifs, comme par exemple Gore sorti en 2016. Nous avions laissé le groupe en 2020 avec Ohms, un effort post-Covid pas inintéressant, mais qui n’était pas non plus une grosse claque, le groupe restant dans sa zone de confort. Cinq ans ont passé (la plus longue période sans activité de Deftones), et voici que déboule dixième effort studio.
Private Music n’était pas forcément attendu par les fans, puisque c’est avec surprise que le groupe a annoncé la sortie pour fin Août de ce nouvel opus. Gardant un line-up stable, la seule nouveauté va venir du nouveau bassiste, Fred Sablan (qui assurait déjà les sessions live depuis 2022) qui remplace alors Sergio Vega parti en 2021. Hormis cela, les américains n’ont pas forcément eu de grands changements dans leur vie, pouvant alors laisser libre cours à leur inspiration pour ce dixième skeud. Et on sent que le groupe a eu envie de nous en mettre plein la tronche. Même s’il n’égal pas des albums comme Around the Fur ou White Pony, on fait face à un album généreux, dense, qui reprend tous les éléments que l’on aime chez Deftones, nous faisant alors faire un saut en arrière de plusieurs dizaines d’années, et ce fut très agréable.
Tout commence avec My Mind is a Mountain, qui fut aussi le premier titre dévoilé par le groupe. Le morceau est assez court, moins de trois minutes, mais il possède une énergie folle. Stephen Carpenter balance des riffs rugueux et agressifs qui donnent une furieuse envie de headbanger, et on retrouve un Chino Moreno très aérien, qui fait étalage de son savoir-faire. C’est à la fois doux et puissant, avec un côté très enivrant et une rondeur dans le son qui est vraiment très intéressante. Bref, en moins de trois minutes, le groupe fait une synthèse parfaite de tout ce qui fait son identité. Et ce sera la même chose avec Locked Club, qui reprend un peu la même rythmique, la même structure, la même durée, mais avec un couplet très lourd, et un refrain beaucoup plus planant. Bref, en deux titres courts, les américains nous démontrent leur retour fracassant.

Le début de Ecdysis porte à croire que le groupe va aller vers quelque chose de plus calme, mais ce ne sera pas le cas. Rapidement, les riffs deviennent plus lourds, et le chant va osciller entre chant clair aérien et moment un peu plus crié. Et il en ressort un bel équilibre que l’on n’avait plus retrouvé chez Deftones depuis un long moment. Infinite Source sera un moment plus éthéré au sein de l’album. Si on retrouve les riffs propres au groupe, il se dégage de cette chanson une certaine mélancolie touchante, ainsi qu’une mélodie relativement catchy. Elle forme d’ailleurs un joli duo avec Souvenir, titre le plus long de l’album, dépassant les six minutes, qui détient aussi une émotion toute contenue qui fait du bien, qui touche au plus profond. Et le chant presque murmuré de Chino Moreno dans les couplets permet de donner plus d’ampleur au refrain.
cXz reprend alors la fin de Souvenir, pour par la suite balancer la sauce, dans une rythmique beaucoup plus véloce. Et on sera alors surpris par la direction prise avec I Think About You All the Time, LA ballade de l’album, d’une rare douceur, et d’une technique irréprochable à la guitare. Milk of the Madonna, deuxième single dévoilé, renouera avec une certaine violence, démontrant alors la palette technique impressionnante du groupe. Les virages sont percutants, et ces variations sont vraiment intéressantes, maintenant alors notre attention à chaque fois. Puis Cut Hands renoue avec le Nu Métal des débuts du groupe, avec un chant plus tranchant, plus haché, qui donne envie de tout casser. Metal Dream sera un peu le morceau le moins intéressant de l’album, sans pour autant être mauvais. Et il permettra à l’excellent Departing the Body de clôturer l’album de la meilleure des manières.
Au final, Private Music, le dernier album de Deftones, est une réussite sur quasiment tous les plans. Le groupe de Sacramento trouve une deuxième jeunesse avec ce dixième opus qui renoue avec les premiers albums, et ce mélange détonant entre Shoegaze et Métal. L’équilibre entre virulence, douceur et moments planants est maîtrisé du début à la fin, et on sent que cet effort a été mûrement réfléchi pour revenir de façon percutant sur le devant de la scène. Et c’est réussi !
- My Mind is a Mountain
- Locked Club
- Ecdysis
- Infinite Source
- Souvenir
- cXz
- I Think About You All The Time
- Milk of the Madonna
- Cut Hands
- Metal Dream
- Departing the Body
Note : 17/20
Par AqME