
Avis :
Il est clairement inutile de présenter Alice Cooper. Débutant sa carrière au début des années 70, il se fait connaître via des prestations scéniques uniques à base de films d’horreur, inventant alors ce que l’on appellera le Shock Rock. Forcément, en étalant sa carrière sur plus de cinquante ans, son groupe a connu une valse de musiciens, avec de nombreux changements de musiciens. Et de ce fait, le chanteur s’amuse à donner divers noms à ses groupes, même s’il garde toujours le blaze de Alice Cooper. The Revenge of Alice Cooper ne fait pas succession à Road, sorti en 2023, puisque l’on a ici la réunion de tous les musiciens du Alice Cooper Band, celui des années 70, et donc The Revenge of Alice Cooper est considéré comme le huitième album studio de la formation américaine. Un album qui fait suite à Muscle of Love, paru en 1973.
Alors, quand on parle de tous les musicos de départ, ce n’est pas tout à fait vrai, puisqu’il manque Glen Buxton, ce dernier étant décédé. Néanmoins, il sera présent dans le skeud, puisqu’Alice Cooper utilise l’un de ses riffs pour l’un des morceaux de l’album. Bref, avec tous ces éléments réunis, ainsi qu’une pochette qui renoue avec les films d’horreur des années 40, on est en droit d’en attendre beaucoup, et le groupe ne déçoit pas. Tout commence avec Black Mamba, qui s’amuse justement avec les codes des films d’épouvante. Alice Cooper susurre une introduction malsaine, avant de faire parler la basse, qui va aligner un petit rythme lancinant. Le reste s’oriente vers un Rock un peu bluesy qui garde toujours en tête ce petit élan sombre qui fait la touche du groupe. L’entrée en matière est donc parfaite et donne envie d’écouter la suite.
Wild Ones se voudra un peu plus rock’n’roll, avec notamment un solo d’entrée de jeu qui donnera le tempo. Le titre demeure classique, mais très efficace, avec une mélodie assez dansante. Puis Up All Night sera un titre ultra festif qui épouse à merveille un Rock teinté de Country. Kill the Flies sera un clin d’œil à Renfield, le suppôt de Dracula, qui ne supporte plus les mouches, et qui fait écho à un précédent titre du groupe. Ici, on est sur un morceau un peu deçà des autres, notamment à cause de son mid-tempo qui ne prend jamais de risque. Si le refrain est marrant, ça reste un peu moins percutant que le reste. One Night Stand profitera de la basse de Dennis Dunaway qui claque bien et offre une dynamique très intéressante au titre. Après, on reste sur quelque chose de très simple et qui manque de surprise.

Blood on the Sun sera la pièce maîtresse de l’album, notamment parce qu’il s’agit du titre le plus long, dépassant les six minutes. On retrouvera ici des éléments assez progressifs, comme le tout début qui évoque le rock un peu psychédélique des années 70, et le refrain et tout bonnement parfait. Néanmoins, malgré sa totale maîtrise, le morceau aurait gagné en augmentant encore un peu son tempo. Heureusement, Crap That Gets in the Way of Your Dreams revient à un style plus épuré et plus Rock’n’Roll dans son rythme. Le morceau est court, mais il octroie un regain d’énergie à l’album, et c’est très plaisant. Tout comme Famous Face et son Blues Rock puissant et addictif. Impossible de résister au refrain, ultra efficace. Et Money Screams fait amplement le taf, avec un aspect plus léger et presque Punk sur certains moments.
Avec What a Syd, Alice Cooper s’oriente vers un petit Jazz qui n’est pas piqué des vers. Ici, le groupe garde son côté un peu sombre bon enfant, tout en jouant avec des codes qui oscillent entre le Jazz et le Blues. Le résultat est grisant, même si ça sera difficile de défendre ça sur scène. Inter Galactic Vagabond Blues revient à des racines ultra bluesy et l’ensemble tient bien la route, donnant une furieuse envie de danser. On replonge dans les années 70 avec délice, et une pointe d’harmonica. What Happened to You est un titre dédié à Glen Buxton, et c’est un excellent titre de Hard Rock qui pourrait presque faire penser à du Elvis version énervée. Quant à I Ain’t Done Wrong, on reste sur un morceau classique mais relativement efficace. Enfin, See You on the Other Side clôture l’album avec grâce et nostalgie.
Au final, The Revenge of Alice Cooper, le dernier album du véritable Alice Cooper Band, est une belle réussite. Ce n’est guère une surprise quand on sait qui est aux commandes, mais force est de constater que la magie continue d’opérer après cinquante ans de carrière. L’album réussit l’exploit d’être à la fois rétro dans ses mélodies, mais addictif dans ses structures, et propose alors différents genres qui s’associent parfaitement dans un cocktail osmotique. Bref, c’est tout bonnement excellent, et à 77 ans, Alice Cooper semble plus en forme que jamais.
- Black Mamba
- Wild Ones
- Up All Night
- Kill the Flies
- One Night Stand
- Blood on the Sun
- Crap That Gets in the Way of Your Dreams
- Famous Face
- Money Screams
- What a Syd
- Inter Galactic Vagabond Blues
- What Happened to You
- I Ain’t Done Wrong
- See You on the Other Side
Note : 17/20
Par AqME