septembre 26, 2025

Imperial Triumphant – Goldstar

Avis :

Si l’on considère la musique dans toutes ses teintes, il faut parfois accepter d’écouter des choses qui nous sortent de notre zone de confort, et qui peuvent s’apparenter à des expériences sonores étranges, voire à des concepts bruitistes inattendus. Bien évidemment, les groupes qui participent à cela ne sont jamais mis en avant, et il faut gratter le net pour découvrir quelques pépites. Ou avoir une imagerie tout aussi étrange que la musique abordée. C’est le cas des américains de chez Imperial Triumphant, groupe fondé en 2005 et qui opère dans un Post-Black métal avant-gardiste, avec quelques pointes techniques. Fort d’une imagerie qui pourrait paraître grotesque avec des toges noires et des masques grandiloquents, le groupe se fait connaître aussi bien par sa musique impalpable que pour ses ambiances éthérées et ses chansons déstructurées qui peuvent laisser sur le carreau.

Sortant un album tous les deux/trois ans, Imperial Triumphant nous revient cette année avec Goldstar, leur sixième opus, et une jaquette qui promet un voyage dans un univers rétrofuturiste, tout en jouant avec les codes des années 1920 (oui, la référence à Metropolis est tellement évidente). Ça, ce sera plutôt pour l’atmosphère et l’imagerie, car d’un point de vue musical, on est plutôt sur du Black avant-gardiste, avec des éléments étranges qui viennent se greffer à l’ensemble, pour fournir une expérience délicate, difficile d’accès, et qui parfois peut nous laisser sur le bas-côté. Premier constat, et premier avantage, l’album ne dure pas trop longtemps, moins de quarante minutes, ce qui va permettre de bien se concentrer sur les titres, et de mieux saisir où veut nous amener le groupe. Mais malgré cela, ce n’est pas si évident que ça, la faute à des passages complètement lunaires.

Le skeud débute avec Eyes of Mars, et le démarrage laisse échapper quelques bruits bizarres, qui semblent sortir d’une vieille radio. On a quelques voix en fond, puis le groupe envoie alors la sauce avec une énorme batterie qui offre du gigantisme à l’ensemble, avant de faire quelques riffs très Black. On notera aussi de la trompette, comme pour les combats de gladiateurs romains, et le tout forme quelque chose d’assez insaisissable, qui flirte autant avec le génial que l’incompréhensible. Techniquement, c’est irréprochable, mais d’un point de vue structurel, c’est ultra compliqué. Et globalement, tout l’album est comme cela, avec des titres qui semblent bordéliques, à la lisière de la mélodie. Gomorrah Nouveaux, par exemple, débute avec des claps de main avant de lâcher les fauves et de fournir un Black d’une rare densité, sans autre mélodie qu’une lourdeur pesante et angoissante.

Lexington Delirium laisse planer un peu d’espoir sur une mélodie qui viendrait poindre le bout de son nez, mais le groupe ne lâche pas l’affaire si facilement, et après une introduction toute douce (avec des sirènes de police tout de même), on se retrouve avec un morceau lourd, puissant, qui laisse beaucoup de place à la basse. L’un des points intéressants et redondants de l’album, c’est cette volonté de toujours placer des sons urbains dans les titres. En corrélation avec sa jaquette, le groupe tente de nous plonger dans un environnement rempli de bruits, comme si nous étions sur le toit d’une grande cité cyclopéenne, où la vie bât son plein. Hotel Sphinx aura un certain groove, mais l’ensemble sera vite « gâché » par une multitude de nappes sonores à saisir, et c’est très difficile d’accès. Et il faut y ajouter des sons incongrus qui viennent se glisser.

Histoire de se complaire dans la bizarrerie, Imperial Triumphant fait le choix de fournir deux interludes coup sur coup. Tout d’abord avec NEWYORKCITY, qui peut se voir comme un long cri de quarante-sept secondes avec un gros blast. Puis avec Goldstar, qui joue avec les codes rétrofuturistes d’une vieille pub à la radio, façon Bioshock. Rot Moderne viendra alors jouer les trouble-fêtes en revenant à un Black quasi bruitiste pour mieux nous saper le moral, avant de laisser la place à Pleasuredome, peut-être le morceau le plus accessible de l’album, avec la présence de Dave Lombardo, batteur de Slayer, et Tomas Haake, batteur de Messhugah. Enfin, Industry of Misery viendra clôturer cet album, avec longueur et ambiance toujours plus étrange, nous forçant alors à plonger dans un univers très particulier, unique, mais parfois trop compliqué à réellement apprécier. Ce qui fait du tort à l’ensemble.

Au final, Goldstar, le dernier album d’Imperial Triumphant, est une véritable expérience à part entière. Il faut accepter d’être dérouté, de ne pas suivre des sentiers tout cuits que l’on a l’habitude, et se laisser aller à une écoute mystérieuse, qui propose des moments de grâce, comme des passages où toute mélodie a foutu le camp. Et s’il est vrai que parfois, le groupe va trop loin, il n’en demeure pas moins que ce genre d’exercice est tellement rare, qu’il serait dommage de passer à côté.

  • Eyes of Mars
  • Gommorah Nouveaux
  • Lexington Delirium
  • Hotel Sphinx
  • NEWYORKCITY
  • Goldstar
  • Rot Moderne
  • Pleasuredome
  • Industry of Misery

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.