mai 2, 2024

Katatonia – Sky Void of Stars

Avis :

Les changements de registre, dans le monde du métal, sont nombreux. On trouve beaucoup de groupes qui ont su évoluer au cours de leur carrière, allant parfois dans d’autres styles, au risque de se mettre des fans à dos, ou alors en peaufinant et glissant un sous-genre déjà bien prononcé. C’est le cas de Katatonia, fer de lance du Doom métal suédois. Fondé au début des années 90, le groupe se destine à jouer un Black mélodique, avec quelques fulgurances déjà doomesques. Mais assez rapidement, la formation se plait à jouer quelque chose de plus progressif, de plus doux, tout en gardant des riffs lourds et gras. Ainsi, Katatonia va glisser doucement vers un style qui leur est propre, jouant constamment dans les rouages du Doom, leur premier amour, mais aussi du Rock, du Prog et parfois de l’Alternatif. Il en résulte alors des albums toujours surprenants.

Sky Void of Stars est le treizième album de la formation suédoise, et il suit City Burials, qui était un petit chef-d’œuvre mélancolique et assez sombre. Ici, malgré une pochette qui laisse présager un moment tout aussi dark, on va être dans un autre registre. Car même si le groupe garde en tête des riffs puissants et virulents, on va se retrouver avec des chansons assez douces, et parfois peu marquantes, mais qui s’insèrent dans un tout cohérent, où la beauté prime sur la lourdeur et la violence. Ainsi, cet effort peut paraître en deçà de l’album précédent, mais il réserve son lot de surprises et se révèle au fur et à mesure des écoutes.

Austerity est le premier titre à s’offrir à nous, et il pourrait être une parfaite synthèse de tout ce qu’est l’album. Si le début est assez percutant, avec un chant d’entrée de jeu sans aucune volonté de mettre en avant une introduction, on va vite retrouver le Katatonia du dernier album, avec un refrain relativement beau et marquant. Il faut aussi noter un break intéressant, avec un petit solo de gratte qui plonge le titre dans un Doom puissant et assez nerveux. Ce qui ne sera pas tout le temps le cas avec cette galette. Colossal Shade en sera un exemple parmi d’autres, avec notamment une bonne rythmique et une ambiance assez sombre, mais aussi un côté lumineux dans l’ambiance générale. Le titre s’accroche à un riff malin et entêtant, qui va permettre de capter notre attention et ne plus vraiment nous lâcher.

On retrouvera une certaine lourdeur dans les breaks, avec de gros riffs puissants, mais globalement, c’est assez doux. Tout comme Opaline et son début grandiloquent qui pourrait presque fonctionner dans un Power Métal. Ici, on est dans quelque chose de très mélancolique, de très « sage », tout en gardant un aspect presque dépressif dans la mélodie. C’est beau et ça fonctionne bien, même si on s’éloigne vraiment d’un Doom attendu. Une surprise pas désagréable et qui détient un très joli refrain. Birds va renouer avec quelque chose de plus nerveux, de plus percutant et de plus rapide. Le groupe garde toujours un petit riff aérien en fond pour donner un aspect mélodieux à l’ensemble et ça marche du tonnerre. Encore une fois, le groupe mélange toutes ses références pour avoir une identité propre qui nous accroche et reste en tête un long moment.

On sera plus circonspect autour de Drab Moon. Si on retrouve l’aura de Katatonia, on reste tout de même dans l’attente que le morceau décolle vraiment, ce qu’il ne fera jamais vraiment. Et même si c’est doux et beau, on reste face à un morceau qui manque d’un petit truc en plus pour nous accrocher. Author viendra rattraper le tout avec des riffs plus marqués et un refrain hyper catchy qui va marcher à tous les coups. Il y a même un côté Prog plaisant qui se dégage du titre. Impermanence sera un titre qui va revenir à un style plus posé, mais il se fera plus touchant et plus beau que Drab Moon. Cela est dû à une mélodie plus prégnante et surtout à un refrain qui fonctionne à plein régime. C’est à la doux et puissant, ce qui peut paraître antinomique, mais marche à fond.

Sclera retombera un peu dans les clichés du groupe, avec un côté assez peu marquant en voulant à chaque fois dissocier sa douceur et sa lourdeur dans les riffs. On sent que c’est peu inspiré. Mais malgré ça, il y a tout de même un aspect cohérent avec le reste, que ce soit dans la mélodie, ou dans la façon d’aborder le morceau. C’est assez introspectif et au final, ça marche plutôt bien. Atrium sera un peu dans le même moule, avec même un petit aspect presque Pop, mais cela n’entache en rien l’écoute qui va ensuite débouler sur No Beacon to Illuminate Our Fall, pièce maîtresse de l’album, juste sublime et incandescente. On ne voit pas passer les six minutes et on en prend plein les oreilles. Une conclusion parfaite pour un album solide qui donne envie d’y retourner à chaque fois.

Au final, Sky Void of Stars, le dernier album de Katatonia, peut paraître en deçà de l’effort précédent, mais il en est finalement l’allongement logique. Restant toujours dans un Métal assez doux et éthéré, les suédois proposent un voyage intéressant, moins dense qu’auparavant, mais plus éthéré et plus onirique. Si vous êtes à la recherche d’un peu de percussion et de violence, il faudra passer son chemin, mais ce serait louper quelques compositions sublimes et une invitation à un voyage assez sombre plaisant. Bref, un album assez sensible, touchant et qui montre que le Métal n’est pas uniquement un monde de brutes.

  • Austerity
  • Colossal Shade
  • Opaline
  • Birds
  • Drab Moon
  • Author
  • Impermanence
  • Sclera
  • Atrium
  • No Beacon to Illuminate Our Fall
  • Absconder (Bonus Track)

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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