
Avis :
Fondé en 1991 autour du bassiste/guitariste et chanteur Nergal, Behemoth s’est rapidement fait un nom sur la scène métal, avec un Black qui tire à boulets rouges sur la religion chrétienne. Avec le temps, et quelques changements de line-up, le groupe polonais est allé vers un Blackened Death peut-être un peu plus accessible, et encore une fois, chaque album est attendu au tournant. Ne cessant de vouloir marquer l’histoire de la musique extrême, Behemoth est le premier groupe de métal à avoir joué au philarmonique de Paris, et depuis quelques albums, il baigne dans des orchestrations magistrales qui ne cessent de surprendre par leur richesse et leur envie de mettre des baignes à tout ce qui touche de près comme de loin à la religion. Après un Opvs Contra Natvram qui fut accueilli avec quelques réserves, les polonais proposent The Shit ov God, leur treizième effort studio.
Et rapidement, les avis vont aller vers le positif. Avant même d’écouter, on sent que Behemoth veut revenir à un style plus concis et plus percutant. Huit morceaux, une durée d’écoute qui dépasse à peine les trente-sept minutes, on sent que Nergal et sa bande ne sont pas là pour tergiverser. Cependant, après plusieurs écoutes, on va vite se rendre compte que malgré la faible durée du skeud, le groupe n’a pas perdu de sa superbe, ni même de ses orchestrations grandiloquentes. L’album débute avec The Shadow Elite, et pour bien montrer qu’il s’agit-là d’une renaissance, on a droit à un petit son de doppler, avant que les grattes balancent la sauce. Le morceau est assez classique dans sa structure, mais il parvient à créer une atmosphère particulière, et surtout, il bénéficie d’un refrain qui reste un long moment en tête.
En abordant Sowing Salt, le groupe démontre une certaine envie de revenir à un Blackened Death court et virulent, qui ne laisse aucun répit. Le chant de Nergal, toujours à la lisière du growl et du cri de souffrance, délivre une excellente partition qui permet au titre de bien nous frapper. Mais c’est avec The Shit ov God que les choses sérieuses commencent. Outre un démarrage tonitruant, l’orchestration à base de chœurs féminins en arrière-plan est tout simplement sublime, et malgré la violence de l’ensemble, on ne peut que tomber amoureux de ce titre qui compose tout ce que l’on aime chez les polonais. Puis Lvciferaeon viendra confirmer tout le bien que l’on pense de cet album. Les paroles ont vraiment du sens (If I’m God, Everyone is) et le morceau est maîtrisé du début à la fin. De plus, malgré les nombreux blasts, la mélodie est toujours présente.

Après ces deux grands morceaux, le groupe continue son bonhomme de chemin avec des titres plus concis et plus bourrins. To Drown the Svn in Wine ne laisse place à la tergiversation, et on va droit au but, avec un joli riff, et un petit « captain, my captain » qui évoque un célèbre film avec Robin Williams. Le résultat est impressionnant, mais il permet aussi de laisser plus de place aux morceaux suivants. Nomen Barbarvm frappe très fort, avec un riff surpuissant, des « abracadabra » d’outre-tombe et une forte envie de construire un morceau complexe mais largement accessible. Il s’en dégage une puissance phénoménale qui démontre la grande forme de Behemoth. Rien n’est laissé au hasard sur ce titre, qui joue aussi avec les textures, et montre une technique sans faille. Les quelques fulgurances à la guitare sont vraiment très intéressantes et bien incorporées.
Quand on aborde O Venvs, Come !, on va rapidement se rendre compte que nous sommes sur un titre très théâtralisé, qui joue énormément sur son ambiance. C’est assez pesant, et le final, qui se jour avec des chœurs masculins, finit de nous montrer que ce morceau n’est pas forcément taillé pour la scène, mais il peaufine un environnement inquiétant, propre au groupe. Pour conclure son album, Behemoth propose alors Avgvr (The Dread Vvltvre), et on renoue avec un Blackened Death plus percutant et virulent. Le morceau va très vite, proposant toujours une batterie martiale et des riffs de gratte qui vont vite, créant presque un bourdon mélodique assez entêtant. Et puis les quelques envolées lyriques féminines finissent de construire un environnement inquiétant à souhait.
Au final, The Shit ov God, le dernier album de Behemoth, est bel et bien une réussite sur quasiment tous les points. En faisant moins de morceaux, et en se focalisant sur une durée amoindrie, le groupe nous assène de huit pièces destructrices et parfaitement maîtrisées, tout en n’oubliant pas de poser une ambiance délétère à souhait, fidèle à son image. Bref, il s’agit d’un effort qui montre la grande forme du groupe, qui semble prêt à repartir sur les routes pour faire pogoter les amateurs de musique extrême.
- The Shadow Elite
- Sowing Salt
- The Shit ov God
- Lvciferaeon
- To Drown the Svn in Wine
- Nomen Barbarvm
- O Venvs, Come !
- Avgvr (The Dread Vvltvre)
Note : 17/20
Par AqME