
Avis :
Dans tous les sous-genres que peut proposer le Death, le Technical a une place un peu particulière. Car s’il s’acoquine d’un chant souvent growlé, ainsi que de riffs velus, il se veut aussi très technique (comme son nom l’indique), avec des solos qui flirtent parfois avec le délire personnel. Dans ce style, les américains de chez Allegaeon ont toujours tiré leur épingle du jeu, avec un Technical Death accessible, puissant et envoûtant. Fondé en 2008, le groupe sort un album tous les deux/trois ans, et il déçoit rarement. The Ossuary Lens est le septième album studio du groupe, et il arrive trois ans après le précédent effort, qui fut plutôt bien accueilli. Mais comme on le sait, une formation n’est jamais loin d’un faux pas, et on peut se poser la question si ce septième album va être la première déception.
Et la réponse va être très rapide. C’est un non. Allegaeon poursuit son excellente route, sans faire un seul faux pas. Restant dans ce Technical Death qu’ils maîtrisent à la perfection, les américains vont jouer avec les styles, et voir cet opus comme une montée crescendo vers quelque chose de plus épais, de plus lourd, de plus inéluctable. Car oui, s’il s’agit-là de l’album le plus court de la carrière du groupe (un peu plus de quarante-quatre minutes), on va commencer avec des titres courts pour monter progressivement, jusqu’à tutoyer les étoiles avec quelques pièces qui se révèleront impressionnantes. D’ailleurs, l’album débute avec Refraction, une introduction à la guitare sèche qui démontre toute la maestria des musiciens. Par la suite, on aura droit à Chaos Theory, qui rentre parfaitement dans le cadre que l’on se fait avec ce groupe. Les guitares sont complètement folles.
On a de l’agressivité, des grattes plus aériennes qui fournissent une mélodie plus douce, et une batterie qui n’est pas là pour rigoler. Puis le chant en growl est surpuissant, donnant une dimension épaisse à l’ensemble. Mais le plus important dans tout ça, c’est que ça reste hyper accessible. Malgré une structure complexe et une absence de refrain, on est vraiment sur quelque chose qui s’écoute tout seul. Bon, il faut être sensible à la technique des musiciens, mais normalement, tout amoureux de la musique l’est plus ou moins. Driftwood va rentrer dans cette succession de trois titres plus courts et percutants. Le démarrage peut sembler lent, mais rapidement, ça part en cacahuète avec des riffs véloces et une batterie qui blaste à tout va. Le résultat est impressionnant. Tout comme Dies Irae qui va bénéficier d’une orchestration magistrale., donnant au titre une sensation de symphonie infernale.

Et encore, ce n’est rien si on compare cela à The Swarm, qui verse dans le Deathcore, tout en jouant avec son titre (l’essaim en français), avec cette sensation d’écouter une nuée d’insectes faisant de la musique. Carried by Delusion va jouer avec les textures, et marquera de ce fait le tournant de l’album vers quelque chose de plus lyrique, de plus technique encore. Le morceau s’amuse à faire des va-et-vient entre agressivité et douceur, et l’ensemble tient parfaitement la route. Mais c’est avec Dark Matter Dynamics que le groupe frappe un très grand coup. Il fait équipe avec Adrian Bellue, qui est un guitariste spécialiste de la guitare sèche, jouant de cet instrument de façon très lyrique, avec une technique à faire tomber nos mâchoires inférieures. Le morceau est une masterpiece incontournable, réussissant l’exploit de rendre la guitare sèche entendable au milieu d’un maelström de violence.
Outre la technique hallucinante, on retrouve une mélodie très entrainante, et un savoir-faire qui laisse sur le cul. C’est probablement le morceau le plus inventif de cette année. Et s’il est difficile de passer après cela, le groupe impose trois derniers titres de haute qualité. Imperial se joue de tous les codes pour approfondir une guitare sèche qui ne s’était pas assez faite entendre. Puis le morceau bénéficie d’une production solide. Wake Circling Above se pare d’un début tonitruant, avec une symphonie lyrique grandiloquente. Le groupe ne se fixe plus de limite, et offre un morceau imposant, qui nous laisse sans voix. Enfin, pour clôturer tout cela, Scythe viendra nous cueillir avec son chant clair au début, pour ensuite nous assommer avec un déluge fracassant de virulence, de technique et de moments hors du temps. Une véritable prouesse qui érige Allegaeon au-delà du ciel.
Au final, The Ossuary Lens, le dernier album en date de Allegaeon, est une déflagration qui nous laisse pantois. Les américains offrent un album d’une puissance incroyable, bénéficiant d’une technique hors-normes, tout en restant accessible, et n’oubliant jamais l’aspect mélodique. Album parfait du premier morceau jusqu’au dernier, on peut dire que le groupe n’a pas fait encore un seul faux pas, et cela force le respect. Sans doute l’un des albums qui finira dans le top de fin d’année.
- Refraction
- Chaos Theory
- Driftwood
- Dies Irae
- The Swarm
- Carried by Delusion
- Dark Matter Dynamics feat Adrian Bellue
- Imperial
- Wake Circling Above
- Scythe
Note : 19/20
Par AqME