
De : Jason Wulfsohn
Avec Scott Bairstow, Rachel Shelley, Warrick Grier, Patrick Shai
Année : 2003
Pays : Afrique du Sud, Canada, Angleterre
Genre : Horreur
Résumé :
Quatre chercheurs de diamants disparaissent brutalement dans le désert de Namibie. Quand ils réapparaissent enfin, c’est sous la forme d’un amas d’os. Ont-ils été assassinés par des rebelles ? Sont-ils morts de soif ? La vérité est bien plus horrible encore…
Avis :
Parmi toutes les créatures dangereuses pour l’homme, les insectes ont une place de choix. Il faut dire qu’ils sont petits, d’un point de vue morphologique, il y a en pour tous les goûts, ils ont souvent des défenses et des attaques surprenantes, et on ne peut pas savoir s’ils ressentent des émotions. Bref, c’est le joujou idéal pour les scénaristes et réalisateurs de films d’horreur, qui peuvent faire un peu ce qu’ils veulent avec ça. Et on peut aussi compter sur la diversité des espèces, voire des sous-espèces, pour créer de jolis petits monstres à tendance vorace. Moins impressionnantes que les araignées ou les scorpions, les fourmis font partie de la grande famille des animaux qui peuvent hanter nos esprits à travers divers films d’horreur. Production sud-africaine, canadienne et anglaise, The Bone Snatcher propose une itération assez surprenante qui, malheureusement, baigne dans un amateurisme à peine feint.

Comme tout bon film d’horreur des années 2000 qui se respecte, l’histoire commence dans le désert de Namibie, avec trois gus qui recherchent une faille pour trouver des diamants. En arrivant sur place, l’un d’eux casse une sorte de bosse dans le sol, et il se fait happer par une masse noire. Après un générique désuet qui nous fait partir quelques années en arrière, le film se focalise sur un ingénieur qui est envoyé en Namibie, justement, pour revoir le système de sécurité d’un centre de recherches. Une fois sur place, il fait la connaissance d’une équipe de reconnaissance, qui va partir sur le terrain pour retrouver nos trois compères paumés dans le désert. Sauf qu’une fois sur place, l’équipe ne trouve que deux squelettes, et il ne faudra pas longtemps pour que des attaques nocturnes se produisent. Bref, vous l’aurez compris, on est dans le survival basique.
« Le film souffre aussi du poids des ans. »
Un survival qui va prendre son temps pour définir les contours de trois personnages parmi une fine équipe. On se doute que ces trois protagonistes seront les plus difficiles à tuer, voire les survivants, et que le reste ne sera que de la chair à canon. Le scénario s’évertue alors à montrer trois tempéraments différents, avec la forte tête qui veut venger l’un de ses compatriotes, le scientifique qui est plus terre à terre et tente de trouver des solutions, et la jolie jeune demoiselle qui va faire chavirer les cœurs. Tout ce petit monde rentre dans un carcan bien connu, et rien ne viendra déroger aux règles que l’on connait déjà. Les personnages moins travaillés vont prendre sur la tronche, et les trois autres vont survivre comme ils peuvent, jusqu’à trouver le pot aux roses pour éventuellement s’en sortir.
Ce côté trop classique pèse sur le film, qui souffre aussi du poids des ans. La mise en scène demeure trop timide pour vraiment nous impacter. On est souvent près des personnages pour ne pas montrer la misère autour, alors qu’il y avait sans doute mieux à faire avec ce beau désert. Puis d’un point de vue esthétique, ce n’est pas très beau. Les couleurs sont ternes, il n’y a pas de travail de fait sur la lumière, et on sent que le budget a été limité. Tout comme les phases d’action qui sont illisibles, notamment dans son dernier tiers, qui arrive comme un cheveu sur la soupe, et démontre une folle envie d’en finir avec cette histoire. Une histoire trop classique, qui ne s’appuie pas assez sur son monstre, ou tout du moins sur sa multitude de petits monstres.
« on reste dans un tout-venant qui manque d’ambiance »
Car oui, tout n’est pas à jeter dans cette histoire. Il y a un véritable effort de fourni quant à la créature qui vient cueillir nos pauvres humains. Le réalisateur a cru bon de faire des effets artisanaux lorsque la créature est assez loin, lui donnant alors un aspect visqueux, avec une peau noire et des os saillants. Le résultat n’est pas si dégueulasse, et on peut saluer la volonté de faire appel le moins possible à des effets numériques qui, on le sait, vieillissent souvent très mal. D’ailleurs, lorsqu’il y a des mutations, ou quand il faut représenter les fourmis, on a droit à des amas de pixels, et c’est tout bonnement imbuvable. Le film a plus de vingt ans aujourd’hui, et forcément, cela se voit, et on ne peut accorder aucun crédit à ces phases qui sont ignobles d’un point de vue visuel.
Cependant, on peut laisser au film un moment assez dérangeant, et relativement bien fait, lorsque la créature ne mange pas la peau du visage de la conductrice, et offre alors un hybride bien sale et hypnotisant. Malheureusement, il n’y aura pas grand-chose de plus à dire sur le film. Le scénario s’avère banal, et ne se repose finalement pas vraiment sur les interactions entre les personnages, le final est attendu, le mise en scène au ralenti démontre un côté désuet qui aurait presque son charme si le film était bon, et on reste dans un tout-venant qui manque d’ambiance et d’impact. Par exemple, le dernier acte, dans la mine désaffectée, aurait mérité une atmosphère plus poisseuse, plus pesante, plus suintante, et là, on n’a rien de tout cela, ce qui est dommage. On ne peut que voir le potentiel d’un tel film.

Au final, The Bone Snatcher est un film décevant, mais pour lequel on n’attendait pas grand-chose. On peut percevoir les bonnes intentions du réalisateur, mais il ne fournit pas vraiment d’efforts pour rendre son film plus beau, et son atmosphère plus sombre, ou dérangeante. On sent que le budget est faible, on peut ressentir quelques fulgurances, mais malgré cela, le long-métrage ne tient pas vraiment la route. Bref, sans être véritablement mauvais, le film de Jason Wulfsohn ne mérite pas vraiment que l’on s’y attarde…
Note : 06/20
Par AqME