mars 29, 2024

Les Crevettes Pailletées – La Nage aux Folles

De : Cédric Le Gallo et Maxime Govare

Avec Alban Lenoir, Nicolas Gob, Michaël Abiteboul, Davod Baiot

Année : 2019

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

Après avoir tenu des propos homophobes, Mathias Le Goff, vice-champion du monde de natation, est condamné à entraîner « Les Crevettes Pailletées », une équipe de water-polo gay, davantage motivée par la fête que par la compétition. Cet explosif attelage va alors se rendre en Croatie pour participer aux Gay Games, le plus grand rassemblement sportif homosexuel du monde. Le chemin parcouru sera l’occasion pour Mathias de découvrir un univers décalé qui va bousculer tous ses repères et lui permettre de revoir ses priorités dans la vie.

Avis :

Maxime Govare, c’est un mec qui traîne depuis des années dans la comédie française et c’est un mec qui a envie de faire bouger les choses. Après deux films avec la réalisatrice Noémie Saglio (réalisatrice à qui l’on doit la création de la série « Connasse« ), Maxime Govare avait en 2017 réalisé un premier film en solo, « Daddy Cool« , avec Vincent Elbaz entre autres. Le film avait rencontré son petit succès à sa mesure, avec qualités et défauts, mais c’était au final une comédie sympa. Aujourd’hui, Maxime Govare revient en compagnie de Cédric Le Gallo, un tout jeune réalisateur qui fait ses premiers pas derrière la caméra, pour une fiction. Une fiction qui s’inspire très librement de sa vie, puisque le réalisateur fait partie de la véritable équipe des crevettes pailletées.

Il y a des films dont on n’attend pas grand-chose et qui finalement se trouvent être des putains de révélation et clairement « Les crevettes pailletées » fait partie de ceux-là. Malgré le fait d’avoir apprécié les précédents métrages de Maxime Govare (qui s’était déjà confronté à l’homosexualité avec « Toute première fois« ), j’avais la crainte de tomber dans un film qui serait une caricature vulgaire et ne fasse finalement que de la blague sous couvert d’une ode à la différence. Heureusement, le film de Maxime Govare et Cédric Le Gallo est à mille lieues de ça. Mieux encore, entre éclats de rire, moments et répliques qui ne peuvent que devenir cultes, personnages hauts en couleurs et tous adorables, et une intrigue bien construite, bien ficelée qui dépasse grandement l’ode à la différence qu’on s’attendait de voir, « Les crevettes pailletées » s’inscrit comme l’une des meilleures comédie de ce début d’année 2019.

Mathias Le Goff, la trentaine, est un gagnant par excellence. Vice-champion du monde de natation, Le Goff, après avoir perdu une course, tient des propos homophobes face à un journaliste qui l’interviewe. Condamné par la fédération des sports, contraint et forcé, Le Goff devient alors le coach d’une équipe de water-polo gay qui va concourir aux Gay Games. Autant dire qu’entre ce nouveau coach qui tire plus sur le connard que l’homophobe et les joueurs de l’équipe, c’est le choc des cultures.

S’inspirant donc de la véritable équipe des crevettes pailletées, Maxime Govare et Cédric Le Gallo nous livre là une belle et grande comédie. Une comédie qui s’amuse avec les stéréotypes, qui ose s’aventurer aussi bien dans la caricature que l’autodérision, mais qui jamais ne le fait de manière gratuite, il y a toujours une réflexion, un but, un sujet.

Si le projet sur le papier peut faire susciter les craintes, moi-même, je les ai eues, et encore plus face à la bande-annonce, à l’écran, heureusement, tout s’envole pour laisser place à un film comme on en voit peut, pour ne pas dire plus, tant aujourd’hui le politiquement correct est devenu le mot d’ordre.

Je vais donc m’attarder tout d’abord sur ce qui fera le plus débat je suppose avec ce film, c’est-à-dire la peinture qu’offre-là le duo de réalisateurs. « Les crevettes pailletées« , c’est un film qui est une ode à la différence. C’est un film qui ose proposer des personnages hauts en couleurs, comme pouvait le faire des films comme « Priscillia folle du désert » ou autres « La cage aux folles« , mais pas que. Le piège de l’outrance et du vulgaire était bien présent, en plus de réduire l’homosexuel à une folle chaudasse comme bon nombre de réalisateurs ont pu le faire et très sincèrement, la bande-annonce laissait transparaître ça. Heureusement, Maxime Govare et Cédric Le Gallo sont plus intelligents que ça et ici, ils nous offrent une palette de personnages tous très différents les uns des autres et c’est là la principale force du long-métrage. Si le scénario est très bien ficelé, si le film est aussi bien un film de pote qu’un road trip à travers l’Europe, ou encore un film qui prône la tolérance et la différence, c’est bien l’écriture de chacun de ces personnages et leur évolution au sein de cette histoire qui est le plus prenant, le plus intéressant et surtout le plus touchant.

Maxime Govare et Cédric Le Gallo ont su écrire et donner de l’importance à ces neufs personnages qui résonneront tous comme principaux. Ils sont tous bourrés de tendresse, mais aussi bourrés d’humanité et d’exubérance, d’amour et de drame, de légèreté et de gravité. Ces personnages sont tous simplement beaux et justes. Puis à travers chacun d’eux, le duo explore tellement de sujets, comme l’amour bien sûr, le regard de l’autre, l’amitié, la paternité et la famille, le rêve d’une vie meilleure, l’acceptation de soi, le dépassement de soi, et bien sûr l’homophobie et ça, même au sein de la communauté homosexuelle ce qui n’est pas courant. Bref, le film est un petit concentré de sujets d’actualité, qui sans trop en faire, tient sa ligne, sa justesse et surtout touche en plein cœur.

On notera aussi le casting parfait que les deux réalisateurs ont réuni. Si on sera plus touché par certains de ces personnages et ces acteurs, Alban Lenoir, Nicolas Gob, Michaël Abiteboul, Romain Brau, tous ces acteurs sont beaux et essentiels à ce film et cette histoire.

Après, pour en revenir au film lui-même, « Les crevettes pailletées » est un festival d’humour, d’autodérision, d’éclats de rire, ça faisait bien longtemps que je ne m’étais pas autant amusé devant un film et attention, je ne parle pas de se moquer du film, mais bien de s’amuser avec lui, avec des situations souvent délirantes ou encore des répliques savoureuses. Et tout cet humour est toujours contrebalancé de manière assez imprévisible avec des moments bien plus touchants. Le scénario tient des rebondissements assez durs, qu’on ne voit pas arriver et qui à chaque fois vont donner encore plus de fond à cette comédie, qui du coup, ne sera pas qu’une simple comédie.

« Les crevettes pailletées » c’est donc un très grand et très beau oui. C’est un film qui est bien plus intelligent et surprenant qu’il ne le laisse paraître. C’est un film qui est tout en justesse et en même temps qui ose être haut en couleurs. Maxime Govare et Cédric Le Gallo livrent une grande comédie pleine de cœur. Une comédie qui a bien des arguments pour devenir culte, une comédie qui ose, et en même temps, qui sait être tout en émotion et retenue. Film sociétal, road movie, feed good movie, prônant la tolérance et peignant des personnages tous plus différents les uns des autres, « Les crevettes pailletées » s’impose au fil des minutes comme un délicieux mélange qui fait du bien.

Note : 18/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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