
Avis :
Certaines attentes sont plus longues que d’autres. Quand un groupe se sépare, on se doute bien que l’on n’aura pas de nouvel album, mais quand il se reforme, on a toujours tendance à espérer un nouvel effort dans la foulée. Ce n’est pas ce qu’a fait Coroner. Groupe suisse de Thrash métal souvent qualifié de technique, Coroner s’est formé au début des années 80, avant de splitter une première fois en 1985, pour se reformer la même année, tenant jusqu’en 1996 et sortant pas moins de cinq albums. C’est quatorze ans plus tard, soit en 2010, que les suisses se remettent ensemble et font le Hellfest l’année suivante. Les fans y croient dur comme fer, un nouvel album va voir le jour. Mais pour cela, il va falloir se montrer très patient puisque ce sixième album ne verra le jour que quinze ans plus tard, soit en 2025.
Dissonance Theory est donc le sixième effort studio de Coroner, et il était très attendu par une partie des fans. Considéré comme un groupe culte de la scène Thrash, la seule chose qui a changé après cette reformation, c’est l’arrivée d’un nouveau batteur, à savoir Diego Rapacchietti, qui a notamment fait des lives avec Eluveitie. Pour le reste, le groupe reste un trio, et il balance un nouveau skeud dans la lignée des précédents skeuds. Dissonance Theory est un album plein, bourré de qualités techniques, et qui montre que même si l’attente fut longue, elle en valait amplement la peine. Tout débute avec Oxymoron, une introduction lugubre qui donne le ton de l’album, qui va se vouloir sombre, et faire écho à notre société moderne qui se fait manger petit à petit par les nouvelles technologies et des croyances de plus en plus omniprésentes.
Consequence va suivre alors cette ambiance. Pendant plus de six minutes, le groupe va nous offrir une vision sans concession sur l’intelligence artificielle, et sur notre incapacité à réfléchir par nous-même. Le titre est puissant, les riffs sont incisifs, et on sent que le groupe est revenu parce qu’il avait des choses à dire. Sacrifial Lamb sera du même tonneau, tout en abordant un autre thème : la religion et les croyances. Toujours aussi sombre, le titre se laissera volontiers déguster, avec en prime un solo très étonnant dans son dernier tiers, car contrairement à l’atmosphère globale du morceau, il est très lumineux, presque solaire. Coroner joue avec les textures et les ambiances, et c’est tant mieux. Puis Crisium Bound continue sur ce coté sombre, avec un gimmick à la guitare qui appesantit l’ensemble, avec notamment un joli travail sur la basse qui appuie bien.

Symmetry sera un titre bien plus concis que les précédents. Ici, le groupe fonce tête baissée vers un Thrash old school qui vise principalement l’efficacité, et c’est réussi. Notamment grâce à un refrain qui énumère quelques paroles en latin, et cela fonctionne à plein régime. Par la suite, The Law renoue avec quelque chose de plus complexe dans sa construction. Mais malgré sa structure alambiquée, le morceau retombe toujours sur ses pattes, notamment grâce à un refrain efficace qui reste immédiatement en tête. Ici, le groupe parle des lois et de leurs imperfections, mais aussi de leur rigidité. Bref, un sujet intelligent et relativement porteur. Quant à Transparent Eye, il rentre dans le même carcan que le titre précédent, avec une mélodie hyper catchy et une nervosité palpable qui fait bien bouger les nuques. Le titre peut paraître moins percutant que les précédents, mais il reste une valeur sûre.
Pour la dernière partie de l’album, Coroner nous offre trois pièces bien différentes. Trinity aura toujours cette aura pesante et ces riffs incisifs, mais rentrera un petit peu dans le tout-venant. Le résultat est très intéressant, et on reste dans ce que propose le groupe depuis des années, mais on est quand même sur un titre classique. On sera plus attiré par Renewal qui est un vrai titre puissant et percutant. Le groupe suisse balance la sauce dès l’introduction et montre un talent technique impressionnant. Il s’agit-là d’un morceau taillé pour la scène, qui risque fort de faire bouger les foules dans la fosse. Enfin, pour conclure son album, le groupe envoie Prologing, qui sera une extension de Renewal. Sorte de outro aux paroles succinctes, le titre s’amuse à intégrer du clavier, évoquant alors les années 80, et leur passé pas si lointain.
Au final, Dissonance Theory, le dernier album de Coroner, après plus de trente ans de silence, est une excellente réussite, et on a vraiment l’impression que le groupe ne s’est jamais arrêté de tourner. Les riffs sont incisifs, les mélodies accrocheuses et les thèmes abordés sont intelligents. Malgré ses quarante ans de carrière, le groupe ne montre aucun signe de fatigue, et nous sort un album complet et dense, qui pourrait bien figurer dans les tops de l’année.
- Oxymoron
- Consequence
- Sacrifial Lamb
- Crisium Bound
- Symmetry
- The Law
- Transparent Eye
- Trinity
- Renewal
- Prolonging
Note : 17/20
Par AqME