avril 28, 2024

Le Troisième Œil

Titre Original : Mata Batin

De : Rocky Soraya

Avec Jessica Mila, Bianca Hello, Citra Prima, Voke Victoria

Année : 2017

Pays : Indonésie

Genre : Horreur

Résumé :

Quand sa jeune sœur affirme voir les morts, Alia fait appel à un médium qui lui ouvre les yeux sur les esprits vengeurs qui hantent la maison de leur enfance.

Avis :

En l’espace de quelques années, Rocky Soraya est devenu une figure « notable » du paysage horrifique indonésien. Sa notoriété tient surtout au succès commercial et non critique de ses projets. On peut aussi y ajouter une distribution internationale généreuse grâce à Netflix. Cependant, ses réalisations s’avèrent peu convaincantes, sinon médiocres. La faute à des intrigues sans ambitions, une mise en scène trop expansive et une inspiration qui frôle le plagiat avec des productions occidentales similaires. Entre deux volets de la franchise The Doll, pâle ersatz d’Annabelle, le cinéaste forge son propre « ConjuringVerse » avec Le 3e œil.

Au même titre que ses précédents projets, il est aisé de rapprocher le présent métrage des dossiers Warren. Le passé sordide associé à la demeure et les phénomènes paranormaux qui s’y manifestent ont tôt fait d’interpeller le spectateur. Au regard du concept initial avancé, on fait également l’amalgame avec Le 6e sens sur fond de croyances locales. Il ne s’agit pas de simples clins d’œil ou de références admiratives, mais plutôt d’une copie éhontée de leurs ressorts narratifs. On songe à ces révélations aussi attendues que grossières ou à cette manière de présenter telle ou telle séquence. Le manque d’identité va jusqu’à reproduire l’une des scènes cultes de L’Exorciste avec toute l’esbroufe coutumière du réalisateur.

« On délaisse toute approche psychologique, pourtant indissociable des sujets exploités. »

Car, au-delà de ce florilège d’éléments plagiaires, on délaisse toute approche psychologique, pourtant indissociable des sujets exploités. Il y a bien quelques mises en condition appréciables où la caméra joue sur le caractère suggestif d’une présence invisible. D’ailleurs, l’obscurité et la gestion de l’espace sont bien travaillées. Seulement, on assiste à un problème de taille lorsque les apparitions ou les manifestations deviennent tangibles. On sombre dans le grotesque, dans des situations convenues où les subterfuges de la réalisation annihilent tout effet de surprise dans les jumpscares. Par conséquent, ceux-ci s’avèrent sans fondement.

Pour chaque phénomène paranormal, on réitère des mécaniques similaires qui aboutissent à un traitement frontal, sans subtilité aucune. Blessures physiques, forces et cris à l’appui, on éprouve une indifférence manifeste à ces spectres errants mal embouchés. Le manque de crédibilité tient aussi compte d’effets spéciaux médiocres, voire obsolètes avec des incrustations douteuses. Mention spéciale au fantôme du parking qui profite d’une animation à deux images par seconde ! Quant à la distinction des vivants ou des morts, l’idée tombe vite à plat étant donné que la production semble incapable de maîtriser son potentiel.

« On évolue vers une vision cartoonesque de l’affaire. »

À l’image de The Doll ou Sabrina, le dénouement s’étend plus que de rigueur. L’amorce finale occupe près d’un quart de l’intrigue, sans compter une tentative d’expédier ad patres les squatteurs d’outre-tombe. Dès lors, on évolue vers une vision cartoonesque de l’affaire. La poursuite du meurtrier est risible tant la première blessure aurait suffi à le tuer, voire à l’empêcher de fuir et de courir comme un cabri. Et que dire de son exécution où le plaisir de le voir souffrir supplante toute vraisemblance ? En guise de conclusion en pointillé, on assiste même à une incursion dans le monde des morts (ou l’entre-deux) à la manière d’Insidious, photographie écarlate saturé à l’appui.

Au final, Le 3e œil est un film sans âme. Ce qui peut paraître un comble au vu du sujet. Toujours est-il que Rocky Soraya, fidèle à ses habitudes, s’inspire dans les grandes largeurs de ses modèles occidentaux. À mi-chemin entre Le 6e sens et The Conjuring, il délaisse pour autant tout travail psychologique pour se cantonner à une approche sommaire, voire primaire, du genre. À aucun moment, un semblant d’atmosphère glauque ou oppressante n’est étayé. Quant à l’effroi… À noter que le réalisateur se copie lui-même en empruntant des éléments propres à The Doll, comme la voix des possédées, les révélations alambiquées ou le personnage de Mme Windu, pendant de Laras. Mis à part grossir le catalogue Netflix, on s’interroge sur la pertinence d’une telle production…

Note : 07/20

Par Dante

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