avril 26, 2024

Knock at the Cabin – Apocalypse en Huis-Clos

De : M. Night Shyamalan

Avec Dave Bautista, Jonathan Groff, Ben Aldridge, Kristen Cui

Année : 2023

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller, Horreur

Résumé :

Tandis qu’ils passent leurs vacances dans un chalet en pleine nature, une jeune fille et ses parents sont pris en otage par quatre étrangers armés qui leur imposent de faire un choix impossible. S’ils refusent, l’apocalypse est inéluctable. Quasiment coupés du monde, les parents de la jeune fille doivent assumer leur décision avant qu’il ne soit trop tard…

Avis :

Shyamalan est un réalisateur qui s’est imposé dès le début des années 2000, marquant cette année-là avec « Sixième sens » et « Incassable« . Par la suite, il a continué d’acquérir une grande popularité avec des films comme « Le village » et « Signes« . Puis il s’est cassé les dents avec « La jeune fille de l’eau » (c’est dommage, parce que je l’aime beaucoup celui-là), « Phénomènes » et l’on ne parlera même pas de son passage au blockbuster, où là, on a vraiment eu l’impression qu’on avait perdu Shyamalan pour de bon. Enfin est arrivée 2015 et son « The Visit« , petit film d’horreur tourné en found footage, et là, d’un coup, Shyamalan proposait quelque chose d’intéressant et avait l’air de remonter la pente. Une remontée, voire une renaissance, qui s’est confirmée par la suite avec « Split« , sa suite, ou encore « Old« .

Pour commencer son année 2023, c’est au milieu des bois, dans l’intimité d’un chalet de vacances que le réalisateur indo-américain nous invite pour un choix impossible. Écrit par Steve Desmond et Michael Sherman, lorsque « Knock at the cabin » arrive en 2019, le scénario s’est retrouvé sur la célèbre blacklist où l’on y met les meilleurs scénarios qui n’ont pas de producteurs. Acheté par la maison de prod de Shyamalan, « Knock at the cabin » ne devait être au départ que produit par cette dernière, puis Shyamalan a exprimé l’envie de le réécrire et derrière ça, de le réaliser lui-même, et il a très bien fait, puisque « Knock at the cabin » se pose comme un excellent Shyamalan. Un Shyamalan fort, émouvant, intéressant, et surtout bien moins facile qu’il ne le laisse paraître au premier abord.

«  »Knock at the cabin » signe le retour d’un Shyamalan en très grande forme. »

Andrew, Eric et leur fille Wen passent des vacances dans un chalet perdu au milieu des bois. Un moment de détente pour se retrouver en famille, mais cette plénitude est très vite contrariée lorsque quatre étrangers armés font irruption chez eux. Pris en otage, Léonard, celui qui se « pose » comme leur chef, leur annonce qu’ils vont devoir faire un choix. Un choix impensable et impossible, sacrifier l’un des membres de la famille, et s’il refuse, alors l’apocalypse s’abattra sur Terre. Que faire et qui croire ? Ces gens font-ils partie d’une secte ou d’un groupe de dégénérés, ou disent-ils la vérité ? Au fur et à mesure de la journée, le doute s’installe et bientôt, l’heure du choix ultime va arriver…

« Knock at the cabin » signe le retour d’un Shyamalan en très grande forme. Avec cette histoire de choix impossible, le réalisateur nous entraîne dans un film sombre et bien plus intelligent qu’il n’y paraît. « Knock at the cabin » est un film qui, au premier abord, apparaît comme très simple, puis une fois qu’il distille son intrigue et ses arguments, une fois qu’il fait se confronter et s’opposer les visions, derrière son idée d’apocalypse (ou pas), Shyamalan parle, au travers de cette histoire, du monde d’aujourd’hui, entre croyance, catastrophisme, fantasme, réalisme, ultra-connexion et informations et sujets de société. Tous ces sujets, avec ces personnages dont on ne sait qui croire tant ils vont vaciller les certitudes, font que « Knock at the cabin » nous tient de bout en bout de film.

«  »Knock at the cabin » arrive très facilement à jouer avec le côté fantastique de son histoire. »

De plus, au travers des prophéties dont parle le personnage de Léonard, « Knock at the cabin » aborde certains des plus gros sujets de notre société actuelle, l’environnement, le médical avec une épidémie, ou encore l’éducation. Alors c’est vrai que dans un sens, on pourrait reprocher au film de manquer de suspens, avec quelques éléments prévisibles, mais à ça, on peut facilement lui opposer ce final bouleversant qui emporte le film vers une fin très sombre, très dure, et réaliste à la fois.

Toujours du côté de l’écriture, « Knock at the cabin » arrive très facilement à jouer avec le côté fantastique de son histoire, ou plutôt des dires de ces quatre illuminés qui sont là pour une mission ultime. Après, là encore, on pourrait reprocher à Shyamalan de décevoir, avec un film qui, pour le coup, sera sans twist, le twist étant la marque de fabrique du metteur en scène, mais justement, c’est aussi tout ce qui en pose la saveur de ce film. On pourrait presque dire qu’ici, le twist du film, c’est qu’il n’y en a pas, et c’est cela qui est intéressant, et scelle énormément de ce que j’ai raconté plus haut.

«  »Knock at the cabin« , c’est deux très belles révélations, à commencer par Ben Aldridge. »

Bien sûr, on ne peut pas vraiment parler de « Knock at the cabin » sans aborder cette évolution assez incroyable en proposant de suivre au travers de cette histoire, une famille dont le couple est un couple d’hommes. Si, évidemment, le rejet et l’homophobie y sont forcément abordés, Shyamalan pose surtout cette histoire de manière universelle, et au travers de son intrigue, et ce dilemme qu’il pose à ses personnages, le réalisateur n’appuie pas les traits et livre une histoire qui saura se faire bouleversante de bout en bout, et au final, qu’importe que ce soient deux hommes, deux femmes, ou un homme et une femme, cette histoire, ces émotions, ces choix parlent à tout le monde. En posant ses personnages de manière simple et émotionnelle, le cinéaste prend un risque, celui de perdre une partie de ses spectateurs, mais le geste, dans un film de cette production et cette portée, est salutaire.

D’ailleurs, lorsqu’on parle de ces personnages, il faut s’arrêter sur ce casting en or qu’a réuni le réalisateur. Un casting où l’on retrouve un excellent Jonathan Groff, puis un étonnant Rupert Grint, une très touchante Nikki Amuka-Bird ou encore Abby Quinn et la petite Kristin Cui. Mais « Knock at the cabin« , c’est deux très belles révélations, à commencer par Ben Aldridge qui compose un personnage intense d’une grande sincérité et qui m’a totalement bouleversé. Puis il y a Dave Bautista, qui est bien loin de tous les rôles qu’on lui connaît, et ce personnage si inquiétant est finalement aussi bouleversant que les autres.

« Le plus étonnant avec ce film, c’est la façon dont le réalisateur gère l’émotion. »

Enfin, dans sa forme, Shyamalan gère très bien son film, imposant une sorte d’épée de Damoclès sur toute son histoire, ce qui le rend assez anxiogène. Si parfois, il utilise mal certains flashbacks (qui nous permettent pourtant de mieux connaître bien plus les personnages de ces deux pères), sur son ambiance, dans ce mélange de fantastique, de prophétique et en même temps de réalisme, le film assure de bout en bout, nous tenant en intrigue et en intérêt (même si, comme je le disais, il y a une certaine prévisibilité). Puis derrière ça, le plus étonnant avec ce film, c’est la façon dont le réalisateur gère l’émotion, car rarement un Shyamalan aura été aussi émouvant dans ce qu’il raconte.

Ainsi, « Knock at the cabin » se pose comme un excellent Shyamalan, peut-être même son meilleur depuis un grand nombre d’années, car là où un « Split » par exemple, savait nous prendre et nous surprendre avec son intrigue, ce dernier n’avait pas l’émotion que le réalisateur propose ici. Au travers de cette prise d’otage en huis clos dans un chalet perdu au milieu de nulle part, avec cette histoire de choix impossible et de conséquence on ne peut plus dramatique, avec ce doute qui peut habituer l’intrigue, avec tous les sens que le film évoque, « Knock at the cabin » est bien moins simple qu’il n’y paraît et derrière ça, il est bien plus sombre et triste que « prévu ». Bref, ce film m’a tenu de bout en bout, et j’aurais même envie d’y retourner, histoire de voir peut-être certaines choses qui auraient pu m’échapper.

Note : 16,5/20

Par Cinéted

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