De : M. Night Shyamalan
Avec Olivia DeJonge, Ed Oxenbould, Deanna Dunagan, Peter McRobbie
Année: 2015
Pays: Etats-Unis
Genre: Horreur
Résumé:
Deux enfants sont envoyés passer une semaine en Pennsylvanie, dans la ferme de leurs grands-parents. Mais lorsque l’un d’eux découvre qu’ils sont impliqués dans quelque chose de profondément dérangeant, leurs chances de retour s’amenuisent de jour en jour.
Avis:
Réalisateur déchu depuis un bon moment maintenant, M. Night Shyamalan est l’homme qui aime alimenter la chronique. Ayant commencé sa carrière de manière tonitruante, l’homme a vite montré ses faiblesses, accumulant des films d’une bêtise crasse ou d’une histoire rocambolesque incompréhensible. Si après After Earth, Phénomènes ou encore La Jeune Fille de l’Eau, on le croyait perdu à tout jamais, le voilà qu’il revient avec un petit film d’horreur, produit par Jason Blum, The Visit. Mais outre son aspect discret e le peu de communication dessus, ce qui surprend le plus dans ce choix de la part de Shyamalan, c’est de faire de l’horreur, genre sur lequel il n’a jamais bossé, tout en surfant sur la vague pestilentielle du found-footage. Tous les éléments étaient réunis pour faire de ce film une catastrophe annoncée et une nouvelle étape vers la chute aux enfers du réalisateur. Et pourtant.
Deux jeunes enfants acceptent l’invitation de leurs grands-parents pour venir une semaine chez eux. Fâchée avec eux depuis 15 ans, leur mère en profite pour partir en croisière avec son compagnon. Voulant faire un reportage sur la jeunesse de sa mère, la jeune fille de seize ans embarque avec elle deux caméras pour interviewer ses grands-parents qu’elle découvre pour la première fois. Seulement, les deux personnes âgées ont un comportement très bizarre la nuit et petit à petit, cette visite d’une semaine risque fort de ne jamais avoir de fin.
Porté par des acteurs quasiment inconnus, The Visit est sûrement la petite surprise horrifique de cette année avec l’excellent It Follows. Et pourtant, rien n’était gagné d’avance. Enfant maudit du cinéma, Shyamalan tient là sa revanche contre ses détracteurs. Poursuivant son œuvre en intégrant à ce film son principe de film à twist, The Visit se révèle une bonne surprise grâce à trois ingrédients qui font que le métrage est efficace.
Premièrement, si le film se repose sur la technique du found-footage (ou documenteur), il n’est pas aussi vomitif et creux que ses concurrents. Ce qui frappe en premier lieu, c’est que le principe est expliqué dès le départ et que l’on sait pourquoi il y a un montage et pourquoi il y a cette technique. Si la volonté de faire un documentaire sur sa mère demeure une note d’intention, elle se révèle porteuse à la fin et prend tout son sens. Mais en dehors de cette excuse qui permet de faire beaucoup d’économie, Shyamalan instaure une mise en scène très efficace, réfléchissant à tous ses plans et proposant alors de véritables cauchemars. Si quelques passages se révèlent maladroits, très souvent les choix de placement sont judicieux et contribuent à ne pas sombrer dans le bête scare-jump. Certains éléments dérangeants sont savamment amenés et quelques passages, complètement banals au demeurant, bénéficient d’une mise en scène qui favorise la montée en tension du spectateur. D’autant plus que l’actrice Deanna Dunagan est complètement habitée par son personnage de vieille folle.
Deuxième point d’ailleurs, les personnages sont très intéressants et surtout collent à une réalité. Si l’on excepte les deux grands-parents bizarres, le liant à tout cela est constitué par le couple frère/sœur qui fonctionne à merveille. Non seulement les acteurs sont très bons, mais leurs personnages sont crédibles. Il y a une sorte d’osmose entre eux qui oscille entre blagues potaches (qui font souvent mouche) et sincère complicité, à un tel point que l’on croit en eux et que l’on ressent vraiment de la crainte pour eux. D’autant plus qu’ils ont aussi leur part de mystère, leur brisure suite au départ de leur père qu’ils gèrent différemment. En ce sens, le film est beaucoup moins con qu’il n’y parait. Mais bien entendu, que serait le film sans le couple de vieux qui semble pour le moins étrange. Ils sont eux aussi très convaincant, très inquiétant et ils sont la pierre angulaire qui fait basculer le film vers l’horreur pure à la fin.
Enfin, troisième chose et dernière chose, le film véhicule plusieurs messages sous-jacents, lui évitant de tomber dans une bêtise crasse. Sous couvert d’horreur, Shyamalan en profite pour parler des liens familiaux et de la famille en générale. Il tisse une sorte de fil rouge sur la triangulaire enfant/parents/grands-parents, dont les interactions sont parfois difficiles, parfois effrayantes et parfois touchantes. Le film montre aussi les différentes réactions que l’on peut avoir lorsque l’on se sent abandonné par un parent, en l’occurrence le père et il met en avant des troubles chez les deux jeunes qui seront utilisés par la suite du film comme élément moteur pour s’en sortir. Ainsi, chaque détail à son importance, chaque interview possède son moment clé qu’il ne faut pas rater. Et si le film possède encore les scories propres au genre et au style, on se laisse facilement berner par le twist final qui peut être totalement crédible.
Au final, The Visit est une très bonne surprise et s’avère franchement plaisant et effrayant. Sans pour autant détrôner les piliers du genre, le dernier film de Shyamalan montre qu’il a encore du talent et des idées qu’il peut exploiter à sa guise. Efficace, avec des personnages creusés et attachants, The Visit surprend et étonne par son culot et sa simplicité et par son intelligence en deuxième lecture qui lui permet de s’éloigner grandement de la bêtise des derniers films d’horreur en found-footage sans fond et sans forme.
Note: 15/20
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Par AqME
Une réflexion sur « The Visit – Papy et Mamy Font de la Résistance »