Titre Original : The Happening
De : M. Night Shyamalan
Avec Mark Wahlberg, Zooey Deschanel, John Leguizamo, Ashlyn Sanchez
Année : 2008
Pays : Etats-Unis, Inde
Genre : Horreur, Thriller
Résumé :
Surgi de nulle part, le phénomène frappe sans discernement. Il n’y a aucun signe avant-coureur. En quelques minutes, des dizaines, des centaines de gens meurent dans des circonstances étranges, terrifiantes, totalement incompréhensibles. Qu’est-ce qui provoque ce bouleversement radical et soudain du comportement humain ? Est-ce une nouvelle forme d’attaque terroriste, une expérience qui a mal tourné, une arme toxique diabolique, un virus qui a échappé à tout contrôle ? Et comment cette menace se propage-t-elle ? Par l’air, par l’eau, ou autrement ?
Pour Elliot Moore, professeur de sciences dans un lycée de Philadelphie, ce qui compte est d’abord d’échapper à ce phénomène aussi mystérieux que mortel. Avec sa femme, Alma, ils fuient en compagnie d’un ami, professeur de mathématiques, et de sa fille de huit ans.
Très vite, il devient évident que personne n’est plus en sécurité nulle part. Il n’y a aucun moyen d’échapper à ce tueur invisible et implacable.
Pour avoir une mince chance de survivre, Elliot et les siens doivent à tout prix comprendre la véritable nature du phénomène, et découvrir ce qui a déchaîné cette force qui menace l’avenir même de l’espèce humaine…
Avis :
Certains réalisateurs trouvent le succès dès leur début de carrière. C’est le cas pour M. Night Shyamalan qui va devenir un cinéaste adulé en 1999 après son troisième film, Sixième Sens. Film à la fois poétique et macabre, Sixième Sens jouait beaucoup sur son twist final, qui deviendra une sorte de marque de fabrique pour Shyamalan. Enchainant avec Incassable, puis Signes, Hollywood ouvre alors grand les portes pour que le jeune réalisateur fasse ce qu’il veut. Sauf que rapidement, le navire prend l’eau. Shyamalan commence à avoir la grosse tête et ces projets sentent assez vite le rance. Le Village, malgré une belle ambiance, se casse la gueule en milieu de film. La Jeune Fille de l’Eau va se prendre les pieds dans le plat avec un script d’une rare prétention. Quant à Phénomènes, il va un peu sceller le parcours chaotique du réalisateur.
Plante a faim
Un matin comme un autre, des gens se mettent à se suicider. Alors que le gouvernement américain songe à un attaque terroriste en plein parc arboré, un exode se prépare pour rejoindre une autre ville plus sûre. Malheureusement, des attaques vont se perpétuer dans d’autres lieux, tuant des millions de gens. Elliott, professeur de sciences, va fuir avec sa femme et la fille de son meilleur ami et tenter de trouver une explication à ces phénomènes. Dès lors, il pense que ce sont les plantes qui sont la cause de tout ce mal et que la nature se venge de l’être humain. Une course contre la montre se met alors en branle pour échapper au vent et aux plantes. C’est le pitch initial de ce film qui va accumuler les erreurs de parcours et les défauts.
M. Night Shyamalan propose un récit d’aventures dans un monde qui semble ravagé par une nature qui décide de se débarrasser de l’Homme. Sur le papier, c’est plutôt excitant, surtout quand on connait le potentiel du type. Mais rien ne se passera vraiment comme prévu. Il faut dire que le script est assez cryptique dans son démarrage et que l’on ne va pas vraiment comprendre comment un professeur de sciences plutôt rationnel va arriver à la conclusion, sans aucune preuve, que ce sont les plantes qui font cela. Le réalisateur se fiche largement de la cohérence de réflexion de ses personnages et préfère filmer une fuite en avant, avec des clichés et autres protagonistes en dehors des clous. Tout comme sa fin, Phénomènes n’arrive pas à prendre aux tripes et n’arrive pas à terroriser son spectateur. La faute à une histoire très simpliste, mais surtout des personnages imbuvables.
Narines déployées
Le fait de prendre des gens lambda comme héros est plutôt malin, puisque l’histoire doit suivre des personnes qui luttent pour leur survie. Elliott est un professeur aimé de ses élèves et qui a une bonne répartie. Il s’agit d’un homme aimant et assez agréable, proche de son meilleur ami. Cependant, il a une relation d’amour compliqué. Sa femme est très bizarre et étouffe tous ses sentiments. Cette dernière est pénible au possible, s’emportant pour un rien et s’isolant dès que les choses ne vont pas dans son sens. Le meilleur ami en question, professeur de maths, se rassure avec les chiffres et est une véritable caricature. Il délaisse d’ailleurs sa fille à son meilleur ami pour retrouver sa femme, preuve d’une certaine lâcheté. Quant à la jeune fille en question, elle est mutique et ne sert strictement à rien.
Les personnages secondaires sont aussi inintéressants, et comme à son habitude, Shyamalan propose des gens un peu hors des clous. On aura droit à un couple amoureux des plantes et amateur de hot dog. On pourra voir aussi une mémé fanatique et paranoïaque, qui accepte de loger des inconnus chez elle, mais a peur de se faire cambrioler. C’est avec ce personnage d’ailleurs que le réalisateur essaye d’instaurer un climat délétère et glauque, mais n’y parvient pas vraiment à cause d’un personnage ridicule et qui prêtera plus à rire qu’autre chose. L’autre souci, c’est que tous les acteurs jouent comme des brelles. Mark Wahlberg semble avoir des extensions de narines tant il respire fort. Zooey Deschanel est d’une pauvreté d’émotion affligeante et John Leguizamo transpire dès qu’il tire une phrase. Bref, le cinéaste semble avoir perdu de sa superbe dans la direction d’artistes. C’est triste à voir.
Gorechidée
Si l’on excepte les personnages ineptes et une réalisation assez terne et triste, tout n’est pas à jeter dans Phénomènes. Il faut savoir qu’à la base, Shyamalan avait un film relativement soft en tête, et ce sont les studios qui lui ont permis d’aller plus loin dans l’horreur, et donc le gore. Ainsi donc, la scène d’introduction est bien percutante, avec ces hommes qui sautent tous d’un toit. Certains passages sont aussi assez cradingues, à l’image de se type qui se fait passer dessus par une tondeuse à gazon géante. L’effet a de l’impact. Tout comme le crash de la voiture qui est impactant. L’effet marche à plein régime et on ressent vraiment la percussion entre la voiture et l’arbre. Ainsi donc, Phénomènes possède quelques fulgurances qui surnagent dans un maelström de bêtises. Un film qui tourne d’ailleurs à vide sur ses thématiques.
La relation toxique entre Elliott et sa femme ne sert à aucun moment le propos écolo du film. Au contraire, cela les rend encore plus antipathiques, faisant passer leur querelle amoureuse au premier plan. Il en va de même avec les émotions, qui ne sont pas forcément visibles, la faute à des personnages taiseux et sans relief, presque sans vie dès le départ. Et il ne suffit pas de faire tuer quelques gosses pour rendre son film sulfureux, ce que laisse à penser certains moments du métrage où Shyamalan joue au plus malin.
Au final, Phénomènes est un film bel et bien raté. Shyamalan enchaine les déconvenues durant cette période de sa carrière, où il ne conçoit ses films qu’avec un simple concept. Si l’idée est bonne et évoque L’Invasion des Profanateurs de Sépulture, le résultat ne l’est pas, la faute à des personnages ineptes et une histoire trop simple qui suit une structure toute tracée et sans surprise. Bref, c’est peut-être à partir de ce film que le cinéaste va connaître une traversée du désert assez dure, durant laquelle, il ne va pas forcément se remettre en question…
Note : 06/20
Par AqME
Une réflexion sur « Phénomènes »