décembre 10, 2024

Fantomas

De : Jean Sacha

Avec Simone Signoret, Marcel Herrand, Alexandre Rignault, Lucienne Le Marchand

Année : 1947

Pays : France

Genre : Policier

Résumé :

A l’inverse de son père, Hélène, la fille du célèbre Fantomas, est prête à apporter son aide à la police afin de mettre hors d’état de nuire le dangereux bandit…. Fandor, le journaliste ennemi juré du criminel, est amoureux de celle-ci. Ensemble, ils vont enquêter, en compagnie du commissaire Juve, avec les forces de l’ordre pour le retrouver. D’ailleurs, le temps presse car Fantomas menace de tuer un grand nombre de parisiens.

Avis :

Jean Sacha est un réalisateur oublié du cinéma français. Bon, il faut dire que le bonhomme n’a pas une filmographie des plus incroyables, et malgré une carrière qui s’étale sur presque trente ans, Jean Sacha, en tant que réalisateur, n’a pas forcément marqué les esprits. Jean Sacha commence sa carrière en tant que monteur, puis il passe au scénario ou encore en tant qu’assistant-réalisateur, il travaille alors avec Henri-Georges Clouzot, Max Ophüls, Gilles Grangier, Georges Lacombe ou Orson Welles, pour ne citer qu’eux.

« Fantomas« , c’est le premier film que Jean Sacha réalise. Très loin de l’esprit de la trilogie d’André Hunebelle, le film de Jean Sacha est un film tourné avec peu de moyens et juste après la guerre. Voulant un film sombre et terrifiant, pour pleinement apprécier cette version, il va falloir accepter que le film de Jean Sacha ait plus de soixante-dix ans et qu’il ait pris un sacré coup de vieux (trouvé dans la collection René Château, le film est hachuré, et saute assez souvent, sa pellicule ayant pris un sacré coup). Vieillot mais intéressant, Jean Sacha livre un petit divertissement qui n’est pas désagréable à regarder. C’est « vintage » et malgré ses défauts, ça a son charme. Ce « Fantomas » vaut donc son petit coup d’œil, ne serait-ce que pour ajouter une version à toutes les versions qu’il y a pu avoir de l’homme masqué.

Cela fait un an que le terrible criminel Fantomas est mort. Sa fille, Hélène, va épouser Fandor, un journaliste qui fut l’ennemi juré de Fantomas. Or, c’est précisément le jour du mariage que Fantomas, que tout le monde croyait mort, fait son retour. Fantomas est prêt à tout pour que sa fille ne se marie pas. S’il se débrouille pour que le mariage soit considéré comme nul, Fantomas a d’autres projets diaboliques. Il réclame plusieurs millions au gouvernement français, sans quoi, il menace de tuer un million de Parisiens, et d’ailleurs, pour être sûr qu’il soit pris au sérieux et que son retour soit jugé comme véridique, avant la date ultimatum, tous les jours, trente Parisiens seront tués par une nouvelle arme. C’est l’inspecteur Juve, qui a combattu autrefois Fantomas et qui fut le témoin du mariage d’Hélène et Fandor, qui est en charge de l’enquête.

« Fantomas » de Jean Sacha, comme vous l’aurez compris, est un film qui est au diapason de ce qu’André Hunebelle proposera dans les années 60. Ici, ce « Fantomas » a plus de résonnances avec un film policier en noir et blanc qu’à la comédie qu’on connaît tous. Jean Sacha veut un film sombre, un film presque terrifiant, si on le replace dans son époque bien sûr.

Tiré d’un roman de Marcel Allain sorti en 1911, le film de Jean Sacha a ses défauts et ses qualités. Le film commence sur les chapeaux de roues et laisse penser au départ que nous faisons face à une suite car Fantomas est connu de tous et il est censé être mort. J’ai cherché, au cas où, mais non, ce Fantomas n’est pas une suite et il n’a rien à voir avec les adaptations muettes ou encore avec le film de Paul Fejos sorti en 1932. Ainsi donc, Jean Sacha nous balance comme ça dans son film et je dois dire que c’est assez perturbant au départ. Le sentiment d’avoir raté un épisode est fort, mais finalement, l’enquête, les actions et l’histoire s’imposant petit à petit, on se laisse embarquer et l’angle du metteur en scène est intéressant.

Ici, le programme va être chargé, Fantomas est le mal absolu et les cadavres s’enchaînent à une vitesse folle. Le scénario nous réserve un sacré lot de complots, de bases secrètes, d’objets de torture, de meurtres, de dissimulations, de ruses, de savants fous, et de relations père/fille assez compliquées. L’intrigue est certes facile, et il y a de sacrés trous parfois dans le récit, on a un sentiment parfois d’être un peu largué, mais sur l’ensemble, le film de Jean Sacha a un cœur généreux et une ambiance séduisante. De plus, le film est tenu par des comédiens qui pour la plupart sont bons dans les rôles. Marcel Herrand compose un Fantomas diabolique à souhait. Simone Signoret illumine l’écran à chaque fois qu’elle apparaît. Alexandre Rignault en commissaire Juve tient très bien son personnage d’enquête souhaitant plus que tout éviter le massacre. André Le Gall en Fandor en fait peut-être un peu trop, mais il reste attachant. Et notons Lucienne Le Marchand dans un petit rôle où l’actrice en impose.

Du côté de la mise en scène, Jean Sacha nous entraîne dans un policier et s’il est vrai que le film est un peu plat, que la fin a tendance à s’éterniser et que la mise en scène est quelconque, le film tient toutefois des idées intéressantes. L’ambiance est travaillée et elle est très plaisante, il y a un côté théâtral sur certaines scènes qui est intéressant et puis il y a le temps qui a fait son œuvre, ce qui donne au film un petit charme en plus. Il faudra quand même composer avec une pellicule qui fut abîmée et donc une image qui parfois saute et qui à plus d’une reprise est saccadée.

Je ne regrette donc pas cet arrêt sur ce « Fantomas » de 1947. Jean Sacha livre une version différente et si le film a ses défauts et ses qualités, sur l’ensemble, ce « Fantomas » fonctionne et il nous embarque. C’est donc séduisant et loin d’être désagréable. Après, le film reste un film qui a pris un coup et il n’est pas sûr qu’il ravisse tout le monde, et savoir où l’on met les pieds est peut-être mieux pour éviter des déceptions. Bref, à voir pour les curieux et autres cinéphiles.

Note : 12/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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