avril 16, 2024

Willow

De : Ron Howard

Avec Warwick Davis, Val Kilmer, Jean Marsh, Joanne Whalley

Année : 1988

Pays : Etats-Unis

Genre : Fantasy

Résumé :

Il était une fois un royaume peuplé de petits habitants appelés les Nelwyns. Ce peuple paisible était dominé de temps immémorial par les Daikinis, gens de grande taille gouvernés par la cruelle reine Bavmorda. Or il advint qu’un prophète annonçât la naissance d’une princesse appelée à détrôner Bavmorda. La terrible reine ordonna alors de tuer céans tous les nouveaux-nés du royaume. Elora échappa au massacre et ce fut Willow, un jeune Nelwyn féru de magie, qui la recueillit. Mais Bavmorda n’avait pas dit son dernier mot…

Avis :

Il y a des films qui restent dans l’inconscient collectif car ils ont bercé durant de nombreuses années des enfances plus ou moins riches. Certaines générations se souviennent des films qu’elles regardaient à la maison, ces VHS qu’elles ont poncé en long, en large et en travers et qui aujourd’hui sont devenues des madeleines de Proust qui font saliver à l’avance. Pour les trentenaires (et même les quarantenaires) qui sont tombés dans le cinéma très tôt, Willow fut une sorte de révélation, de petit choc, mettant en image de la Fantasy presque pour la première fois, avec une quête qui semble impossible, des créatures fantastiques, des sorcières maléfiques et une prophétie. La plupart des rôlistes d’aujourd’hui vous le diront, Willow marque un tournant pour ce sous-genre qui était peu représenté à l’époque et c’est peut-être Ron Howard qui a permis au Seigneur des Anneaux de voir le jour bien des années plus tard. Car quand on regarde un peu ce film datant de 1988, on retrouve tous les ingrédients des films de Peter Jackson (bien évidemment le budget et les effets spéciaux de Weta en moins).

Le scénario est relativement simple. Il s’agit d’un récit d’accumulation où u petit être qui rêve de magie va se retrouver à mener une quête pour sauver son royaume. Ici, un Nelwyn du nom de Willow retrouve une enfant Daikini porteuse d’une marque. Il va alors découvrir que cette enfant fait l’objet d’une prophétie et qu’elle sonnera la perte de la reine sorcière maléfique Bavmorda. Cette dernière est bien décidée à tuer le bébé et Willow décide alors de partir pour un autre château afin d’y retrouver une armée. Sur sa route, il trouvera un Daikini en la présence de Madmartigan, deux lutins et une sorcière qui a été métamorphosée en animal. Cette petite troupe hétéroclite part alors pour sauver la petite Elora et le royaume. Comme dans un roman de jeunesse, Willow se construit en accumulation, c’est-à-dire que le héros va rencontrer de nouveaux personnages qui vont l’accompagner dans sa quête afin de le sortir d’une situation embarrassante. Très simple, relativement divertissante, cette aventure met surtout en avant un univers très riche et une capacité pour Ron Howard de naviguer entre les genres, sortant alors d’une comédie fantastique, Splash, et d’une histoire de science-fiction dramatique avec Cocoon.

Le principal défi du réalisateur avec ce film, c’était les effets spéciaux. Peu habitué aux technologies à l’époque, Ron Howard va tout de même prendre confiance en lui et propose alors un film qui est blindé de créatures, d’incrustations et autres effets visuels qui, pour l’époque, étaient révolutionnaires. Aujourd’hui, plus de trente ans plus tard, ces effets spéciaux ont pris un sacré coup dans l’aile. Les incrustations ne sont pas très belles, le film manque de finesse et parfois, on a l’impression que c’est coupé à mort au montage pour cacher quelques misères, notamment lors de l’attaque du château pour cette sorte d’hydre à deux têtes. Mais, outre le fait que ça donne du cachet au film, une sorte de patine très agréable, il faut aussi reconnaître le travail gargantuesque de Phil Tippet qui a fait des créatures splendides et dont la stop-motion n’a quasiment pas pris une ride. Et outre des effets visuels qui ont mal vieilli, la mise en scène de Ron Howard est très belle, proposant une action non-stop et des passages qui fonctionnent toujours aujourd’hui, comme cette course de chars ou encore la bataille finale entre les deux sorcières. Willow, aujourd’hui, peut paraître fatigué, mais il reste très attachant par ses thématiques, ses personnages, mais aussi sa générosité.

Sorte de Seigneur des Anneaux avant l’heure, le film propose des thèmes communs au livre de J.R.R. Tolkien. Un être, un peu faible, un peu rêveur, que rien ne laissait présager à son destin de héros, va partir dans une quête folle. Il va alors se révéler, se dépasser, pour finalement devenir le maître de son destin, voire même de celui de son monde en le sauvant d’un terrible mal. Pour parvenir à ses fins, il va s’entourer d’une communauté qui va tout faire pour l’aider, un homme un peu voyou au départ qui va trouver l’amour et une destinée, deux lutins un peu fous qui seront les éléments drôles de l’histoire ou encore une sorcière dans la peau de différents animaux qui sera toujours positive. Bien évidemment, les thèmes brassés sont l’entraide, l’altruisme, la confiance en soi, mais aussi le dépassement de soi et se découvrir, trouver une raison de vivre, un destin, une passion. L’amour sera aussi au centre du récit. L’amour pour sa femme, pour ses enfants, pour un enfant qui n’est pas le sien, et c’est finalement cet amour qui viendra à bout d’une sorcière maléfique, dénuée de sentiments, ambitieuse et foncièrement mauvaise. Le casting joue forcément aussi en faveur d’une certaine nostalgie, avec un tout jeune Val Kilmer insouciant et athlétique, un Warwick Davis touchant et une Jean Marsh diabolique à souhait, extrêmement détestable.

Au final, Willow est un petit film doudou qui continue aujourd’hui à enchanter les parents qui l’ont découvert lors de sa sortie et les enfants qui le regardent avec des yeux émerveillés. Malgré des effets spéciaux vieillissants et une histoire que l’on connait tous, le film de Ron Howard fonctionne grâce à sa générosité, son cœur, mais aussi ses personnages attachants et empathiques ou encore sa quête, précurseur d’un certain Seigneur des Anneaux. Un film à ranger aux côtés de l’Histoire Sans Fin, Legend ou encore Labyrinthe.

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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