mars 19, 2024

Beau is Afraid

De : Ari Aster

Avec Joaquin Phoenix, Nathan Lane, Amy Ryan, Stephen McKinley Henderson

Année : 2023

Pays : Etats-Unis

Genre : Comédie, Drame, Aventure

Résumé :

Beau tente désespérément de rejoindre sa mère. Mais l’univers semble se liguer contre lui…

Avis :

En l’espace de très peu de temps et très peu de films, « Hérédité » et « Midsommar« , le cinéaste américain Ari Aster s’est posé comme un maître du cinéma d’horreur. Ou plutôt non, il s’est posé comme une valeur sûre du cinéma d’horreur et quelqu’un qui a envie de renouveler le genre. Il faut dire qu’avec ses deux films, Ari Aster a su insuffler quelque chose de nouveau qui a diablement piqué notre intérêt.

Après le terrible et terrifiant « Midsommar » sorti en 2019, voici qu’Ari Aster est de retour avec un troisième film (qu’on juge souvent comme le plus difficile, d’autant plus quand la personne a convaincu avec ses deux premiers films comme c’est le cas ici), « Beau is Afraid« , présenté comme un cauchemar de trois heures.

Cauchemardesque, ça on peut dire sans mal tant le metteur en scène nous entraîne dans l’anatomie d’un cauchemar. Film choc, expérience de cinéma singulière, il est difficile de poser des mots sur le nouveau Ari Aster tant ce dernier est une expérience terrible, qui bouscule tant qu’on ne sait pas trop quoi en penser à la sortie de la salle. Il faut un temps de digestion, un temps de réflexion avec nous-même pour coller les morceaux, et « savoir » ce que l’on en a pensé, d’ailleurs, je pense que mon avis prendra force au fur et mesure de cette chronique, qui pourrait se poser comme une thérapie… Quoi qu’il en soit, la première chose que je puisse dire sur « Beau is Afraid« , c’est qu’il est une expérience de cinéma qui ne laisse pas indifférent.

«  »Beau is Afraid » est un film qui reste en tête, et qui demande plus que d’être un cauchemar. »

Beau, la quarantaine bien passée, doit aller voir sa mère l’espace de quelques jours, mais alors qu’il aurait dû prendre l’avion ce jour-là, à 17 h 30, une série d’événements se met en place, qui vont en permanence repousser le départ de Beau…

« Beau is Afraid » est l’une des très grosses expériences de cinéma de cette année 2023. Au départ, le projet d’Ari Aster devait être une comédie cauchemardesque de quatre heures. Après coup, le réalisateur qui nourrit ce projet depuis très longtemps, en fait un cauchemar de trois heures, et c’est déjà largement assez.

Au départ, et même pendant tout le film, je suis resté sur la vision d’un cauchemar. Ari Aster nous entraîne au cœur du rêve noir d’un homme, mais une fois sorti de la salle, « Beau is Afraid » est un film qui reste en tête, et qui demande plus que d’être un cauchemar. « Beau is Afraid » est un film très riche et très intense, et derrière ça, c’est aussi un film si particulier dans ce qu’il raconte, qu’il sera totalement libre d’interprétation pour chacun d’entre nous. Avec tous les thèmes qu’il brasse, ainsi que le portrait qu’il construit de cet homme qui a peur de tout, « Beau is Afraid » se trouve être un cauchemar dans le cerveau d’un homme qui souffre d’un délire de persécution. Avec cet élément-là, le film d’Ari Aster prend beaucoup de sens à mes yeux et mon ressenti.

«  »Beau is Afraid » n’est pas là pour nous mettre à l’aise. »

Alors bien sûr, tout n’est pas clair dans ce film à l’image d’un cauchemar, mais aussi d’un esprit dérangé. Le voyage de Beau pour rejoindre sa mère est un chemin de croix avec beaucoup d’obstacles, mais avec aussi beaucoup de thématiques qui vont se mettre sur sa route. Ici, Ari Aster, à travers Beau, mais aussi d’autres personnages qui vont intervenir, parle de sujets aussi divers et variés que la relation mère/fils, la mère castratrice, que du sentiment d’étouffement, ou encore les traumas de guerre, la perte d’un enfant, le délire de persécutions ou la folie d’un monde à la dérive, et encore ça, ce sont les premiers qui me viennent en tête, mais sur trois heures de film, « Beau is Afraid » offre plus que ça.

Pour parler de tout cela, Ari Aster a décidé de s’éloigner du genre horrifique de ses deux premiers films, mais il va en garder le sentiment de malaise qui les parcourait. Autant le dire, « Beau is Afraid » n’est pas là pour nous mettre à l’aise, c’est tout le contraire, et ça, on le ressent dès les premières images du film, avec la naissance de Beau.

Descente en enfer, trip hallucinant, névrosé, fou, sombre, conjuguant les ambiances et les ruptures de ton, Ari Aster pousse son cinéma encore plus loin, et si parfois, on peut trouver ça long, à contre sens, il y a quelque chose qui fait que jamais je ne me suis ennuyé. Même si parfois, un peu comme son personnage, je me suis senti perdu, jamais je ne suis sorti du film, car Ari Aster a une façon terrible de tenir mon intérêt, et tout ce que j’ai pu ressentir en bon comme en mauvais de cette expérience.

«  »Beau is Afraid » offre des séquences qui marquent, des séquences qui, plus loin encore, peuvent nous torturer. »

Mélangeant le drame à l’humour, mélangeant le sombre et le clair, « Beau is Afraid » est fou dans sa mise en scène, qui ne cesse de se faire toujours plus inventive et surtout surprenante. Film imprévisible, une fois lancé dans ce voyage au fin fond d’un esprit torturé, névrosé et tout en souffrance, « Beau is Afraid » offre des séquences qui marquent, des séquences qui, plus loin encore, peuvent nous torturer tant elles restent en tête et jouent avec nos sens, d’où le fait qu’on ressorte de la salle bousculé et perdu le temps que le film fasse son chemin en nous, en bon comme en mauvais. Et le meilleur, c’est d’en parler avec ceux avec qui on a été le voir.

Pour donner corps à ce cauchemar, Ari Aster a choisi Joaquin Phoenix et comme toujours, l’acteur est incroyable, terrifié par ce qui l’entoure, ne sachant où aller, et quoi faire pour arriver à son but. Le rôle est dense et intense et Phoenix y est passionnant, drôle, irritant et touchant en même temps. Pour l’effrayer, on trouvera des acteurs comme Nathan Lane, Amy Ryan, Denis Ménochet, Julian Richings, Karl Roy, Parker Posey, puis au-dessus d’eux tous, il y a Patti LuPone, qui incarne la terrible mère de Beau et la comédienne est tout bonnement impériale, au point qu’elle en volerait presque la vedette à Joaquin Phoenix lorsqu’elle apparaît.

Ainsi, au bout de ce chemin, au bout de cette vision, cette proposition de cinéma et cette séance unique, « Beau is Afraid » est un film qui va me marquer pour son cauchemar, son esprit dérangé, ses scènes, ses personnages, et les émotions contraires qui se sont bousculées au cours de cette descente dans les abysses. Ari Aster bouscule les codes, et livre un film dérangé et dérangeant, et même si l’on n’en comprend pas toujours le sens, il demeure une expérience aussi terrifiante qu’hypnotique et finalement plaisante, très plaisante. D’ailleurs, une fois digéré, je ne suis vraiment pas contre une deuxième vision, pour explorer mes théories, ou les réfuter, car je pense aussi que le film ne fonctionne pas de la même manière selon l’état dans lequel on est.

Note : 15/20

Par Cinéted

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