mars 29, 2024

Sorry to Bother You – Futur Chaos

De : Boots Riley

Avec Lakeith Stanfield, Tessa Thompson, Armie Hammer, Omari Hardwick

Année: 2019

Pays: Etats-Unis

Genre : Comédie, Fantastique, Science-Fiction

Résumé :

Après avoir décroché un boulot de vendeur en télémarketing, Cassius Green bascule dans un univers macabre en découvrant une méthode magique pour gagner beaucoup d’argent. Tandis que sa carrière décolle, ses amis et collègues se mobilisent contre l’exploitation dont ils s’estiment victimes au sein de l’entreprise. Mais Cassius se laisse fasciner par son patron cocaïnomane qui lui propose un salaire au-delà de ses espérances les plus folles…

Avis :

Boots Riley n’est pas un nom qui est connu chez nous, et encore moins dans le monde du cinéma. En fait, Boots Riley est un rappeur qui fait partie de deux groupes, The Coup, groupe qui existe depuis le début des années 90 et Street Sweeper Social Club, qui s’est formé en 2006. Ayant des envies de cinéma, Boots Riley a tout d’abord fait quelques apparitions dans des courts-métrages ou à la télévision. Puis il nourrit des envies de réalisation, partant sur le délire de l’un de ses albums, il va alors écrire un scénario étrange, si étrange qu’il ne va trouver personne pour le produire. Parcourant les soirées de Los Angeles pour essayer d’avoir son casting rêvé (Viggo Mortensen, Colin Firth, déclineront l’offre), Boots Riley arrivera finalement à ses fins et après avoir écrit, réalisé, monté et composé la BO, « Sorry to bother you » est présenté au festival de Sundance et c’est là que tout va changer. Le film plaît, le buzz commence et la société de distribution Annapurna achète le film.

Présenté au PIFFF de Paris en film de clôture, voici donc que déferle l’étrange, fun et complétement décalé « Sorry to bother you« . Partant comme un drame décalé sur une société dystopique, pour son premier film Boots Riley va frapper un grand coup. Inattendu, imprévisible, drôle, jouissif, « Sorry to bother you » est une montée en puissance dans le n’importe quoi. C’est une montée en puissance délirante qui va aussi très vite diviser, car ce que va nous raconter « Sorry to bother you » est si fou, si flou, qu’il ne peut avoir que deux résultats possibles, on adore ou on déteste… Nous, on a adoré, mais vraiment adoré !

Amérique, dans un futur proche, Cassius Green, la trentaine, peine pour survivre. Un jour, il décroche un emploi dans une société de télémarketing. Lui, qui n’avait rien, découvre alors une manière de se faire de l’argent et potentiellement beaucoup d’argent. Alors que sa « carrière » décolle et qu’il tape dans l’œil de ses boss, ses collègues et amis se battent pour être mieux payé et avoir plus de droits…

Il est bien difficile de commencer à écrire sur « Sorry to bother you » sans parler de l’inattendu et l’imprévisibilité du film, de l’idée, du concept. Le premier film de Boots Riley est un ovni totalement délirant, qui ne va faire que surprendre de scène en scène, tant le réalisateur est parti dans quelque chose d’unique.

Comme je le disais plus haut, « Sorry to bother you » est une montée en puissance. Le film commence comme une carrière drôlissime et osée d’une société qui aurait basculé dans un certain totalitarisme. Ici, l’esclavage moderne est cool. On vit mieux en tant qu’esclave qu’en essayant de s’en sortir par soi-même et ce n’est pas moi qui le dis, mais la télé qui en fait de magnifiques publicités. La télé d’ailleurs diffuse des émissions d’une bêtise sans nom, comme cette émission où l’on peut regarder des gens se faire tabasser pour arrondir ses fins de mois. Dans ce pays en déshérence, la parole est libre, seulement jusqu’à un certain point. Le pauvre croule sous les charmes et finalement les riches « blancs » vivent très bien. Le décor est donc planté et c’est justement avec ce décor on ne peut plus dramatique que Boots Riley va oser faire en première partie une caricature drôle au possible. Puis peu à peu, au gré de la montée en puissance de son personnage principal dans l’entreprise, il va faire basculer son film ailleurs et cet ailleurs, c’est le fantastique. Oui, oui, le fantastique, voire même la science-fiction et le truc encore plus incroyable dans tout ça, c’est que ça fonctionne parfaitement. « Sorry to bother you » est un film qui part dans tous les sens, qui ose des choses assez folles. Des choses qui auraient fait se casser la gueule à beaucoup de réalisateurs et ici, Boots Riley tient tout d’une main de maître. Le réalisateur sait comment nous emporter dans cette aventure dingue, il sait comment s’amuser à dénoncer et critiquer, sans pour autant tomber dans le lourdingue, alors même que son film est dingue. Franchement, on n’avait pas vu un tel bordel jouissif, organisé et cohérent depuis un long moment.

En plus de son fond sociétal génial, « Sorry to bother you » a tout pour devenir un objet culte. Avec ce film, on ne sait où donner de la tête tant il y a de l’idée dans ce que le film dit et comment il le dit. La couleur, la BO, cette société qui nous ressemble, dont on connaît les codes et qui s’avère si différentes quand on y prête attention. Puis il y a les boucles d’oreilles de Tessa Thompson qui sont un film à elles seules. Tout ce qui se passe dans les télévisions, les scènes de télémarketing, les accents, les voix des personnages, les manifestations, ou encore la salle olive d’Armie Hammer… Bref, ce premier film a tout pour devenir un objet de culte, à la condition bien entendu que l’on arrive à entrer dans ce délire. Car oui, si l’on a adoré le film, que l’on s’est éclaté à le suivre jusqu’aux géniales scènes dans son générique, on pourra lui reprocher un côté très extrême dans son délire. Un côté qui risque fort bien de perdre une partie du public.

Tourné en vingt-huit jours seulement avec simplement de la débrouille, « Sorry to bother you » est une grosse surprise ! Imprévu, jouissif, décalé, aussi intéressant dans son fond que barjo dans sa forme, ce qui commençait comme une petite comédie originale s’est transformé en un objet génial, dont il va falloir plus d’une séance jouissive pour être sûr d’en comprendre toutes les nuances. Imprévisible de bout en bout, osant la comédie à fond, sans oublier de raconter quelque chose… Bref, pour son premier film, Boots Riley tape très fort, peut-être même un peu trop.

Note : 17/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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