avril 19, 2024

Phenomena

Titre Original : Fenomenas

De : Carlos Theron

Avec Belen Rueda, Gracia Olayo, Toni Acosta, Emilio Gutierrez Caba

Année : 2023

Pays : Espagne

Genre : Comédie, Horreur

Résumé :

Trois Espagnoles d’âge mûr enquêtant sur les événements paranormaux doivent faire face à la disparition de leur guide, le père Pilón. Inspiré de l’histoire du vrai groupe Hepta.

Avis :

L’Espagne est une terre vivace en matière de cinéma horrifique, notamment grâce à des réalisateurs qui baignent là-dedans depuis des années. On pense bien évidemment à Paco Plaza, Jaume Balaguero, Alex de la Iglesia ou encore Alejandro Amenabar. Là où le pays ibérique est un peu plus à la traine, c’est dans la comédie. Peut-être est-ce à cause de peu de sorties en France en comédie de qualité, mais bien souvent, on tombe dans des trucs lourds et sans grand intérêt. C’est pourtant le cheval de bataille de Carlos Theron qui, avant de réaliser le film qui nous préoccupe entre ces lignes, a fait une paire de comédies qui n’ont pas trouvé grâce chez nous. Ainsi, Fenomenas (rebaptisé chez nous Phenomena) est le premier long-métrage du cinéaste à parvenir jusqu’à nous, via Netflix. Mais est-ce réellement une bonne chose ?

La comédie horrifique est un genre très difficile à maîtriser. Il faut trouver le bon équilibre entre des moments drôles et des passages qui suscitent une certaine crainte. Le problème, c’est que bien souvent, ces films sombrent dans des délires surjoués où la peur n’a plus sa place, et un humour lourdingue se met en route. Pour autant, c’est là-dedans que se plonge Carlos Theron, qui va s’inspirer d’une histoire vraie pour tisser une intrigue qui n’aura pas vraiment d’enjeu. Dans les années 90, un prêtre va former le groupe Hepta, où trois femmes médiums d’âge mûr vont résoudre des enquêtes paranormales. Forcément, ici, c’est plutôt romancé, et on va avoir droit à une histoire rocambolesque au sein d’un vieil immeuble qui jouxte un théâtre à l’abandon. Et globalement, le récit s’arrête là, puisque le scénario ne propose rien d’autre, si ce n’est la recherche d’un esprit malfaisant.

« Rien n’est fait pour nous faire ressentir de l’empathie pour elles. »

Le film ne dure pas longtemps, et pourtant, il semble s’étirer sur une longueur insupportable. Le début de l’histoire propose de rencontrer ce prêtre qui va mourir, et ses trois drôles de dames qui ont toute un rapport plus ou moins fort avec l’occultisme. Ainsi, on aura Sagrario qui peut ressentir les esprits dans une maison, Gloria qui arrive à deviner l’avenir avec sa boule de cristal, et Paz, qui a aussi des sensibilités avec le l’autre monde. Cette rencontre se fait autour d’un jeune homme sceptique, qui va les suivre dans cette enquête pour démontrer que tout ce qu’elles font, c’est de l’esbroufe. Malheureusement, cette entrée en matière est trop longue, et on restera sur notre faim avec une caractérisation des personnages sommaire et sans grand intérêt. Même les relations entre elles sont pénibles à suivre et maladroites dans leur évolution.

Il faut dire que rien n’est fait pour nous faire ressentir de l’empathie pour elles. Si Sagrario est celle qui a le plus de succès grâce à ses bouquins, elle est aussi la plus fidèle et la plus dure, mais ce sera tout. Gloria sera constamment à la recherche d’un homme, ce qui fournira un petit running gag, mais rien d’autre ne sera proposé. Quant à Paz, ce sera un peu la roue du carrosse, car on ressort du film en l’ayant oubliée. Et les personnages secondaires ne sont pas en reste, comme cet étudiant qui disparait en milieu de film, ou encore la concierge et sa fille handicapée, qui tiendront la barre sur la seconde partie du métrage, mais qui n’auront finalement que peu d’impact sur la globalité de l’histoire. De plus, l’humour n’est pas vraiment drôle, jouant sur des situations ubuesques, comme Paz qui conduit comme une folle.

« On sent que le réalisateur pédale pour rendre cela plus ou moins effrayant. »

La fin du film va plus jouer sur l’aspect horrifique de la chose. On va aller, littéralement, dans les tréfonds de l’immeuble et découvrir un vilain secret. Les teintes jaunes deviennent alors bleues, et on va tomber dans un délire d’exorcisme qui est fait avec les pieds. On ne va rien comprendre à ce qui se passe, mais il faudra saluer les performances des actrices qui, avec leur âge, se donnent à fond, et le tournage n’a pas dû être facile. Cependant, et c’est l’un des plus gros reproches que l’on peut faire au film, c’est qu’il ne joue pas avec l’âge de ces femmes, prouvant par la même occasion que ce n’est pas une limite, et que parfois, le corps humain fait faire des choses extraordinaires. Il y a un vrai manque de contexte et de fond. Tout comme il y a un manque de liaison entre ces trois femmes et l’affaire qu’elles veulent démêler.

Au-delà de cet aspect, Phenomena est un film propre. Dans le sens où, même si d’un point d vue scénaristique, c’est assez mauvais, la réalisation est bien faite. Nous ne sommes pas face à un téléfilm fait avec un budget riquiqui, et qui joue avec nos yeux. Comme dit auparavant, les teintes sont recherchées en fonction de l’ambiance que veut mettre en place le réalisateur, et certains éléments sont plutôt plaisants, surtout les scènes sous la pluie. Il est dommage qu’il y ait autant d’inégalité sur certaines séquences, qui n’arrivent jamais à se rendre flippante, comme ce type qui perd ses cheveux et les pédales. C’est très mauvais et ça ne sert finalement à rien. Et on sent que le réalisateur pédale pour rendre cela plus ou moins effrayant, mais il n’arrive jamais à trouver la bonne mise en scène.

Au final, Phenomena est un mauvais film. Si l’on peut se rattraper rapidement sur une mise en scène qui, parfois, arrive à redresser la barre, on reste dans le bas du panier des comédies d’épouvante qui veulent mettre en place des femmes fortes face à de méchants démons pas beaux. Carlos Theron piétine tant et si bien qu’il brasse du vent pendant plus d’une heure, n’arrive jamais à rendre sympathique ces trois bonnes femmes, et sombre dans la facilité sur son dernier tiers. Bref, un film bancal qui se sert pourtant d’un bon matériau de base, puisqu’on a envie d’en savoir plus sur le véritable groupe Hepta, phénomène de mode espagnol des années 90.

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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