La Chambre d’à Côté – Almodovar Cale

Titre Original : The Room Next Door

De : Pedro Almodovar

Avec Tilda Swinton, Julianne Moore, John Turturro, Alessandro Nivola

Année : 2025

Pays : Espagne, Etats-Unis

Genre : Drame, Comédie

Résumé :

Ingrid et Martha, amies de longue date, ont débuté leur carrière au sein du même magazine. Lorsqu’Ingrid devient romancière à succès et Martha, reporter de guerre, leurs chemins se séparent. Mais des années plus tard, leurs routes se recroisent dans des circonstances troublantes…

Avis :

Cela fait un peu plus de vingt ans maintenant que je suis tombé dans le cinéma de Pedro Almodóvar, et je dois dire que j’y suis allé franco le jour où je l’ai découvert. Directement, le metteur en scène espagnol s’est imposé comme l’un des réalisateurs qui m’a fait le plus vibrer, et depuis, chaque nouvelle sortie d’un film est devenue comme un événement pour moi. J’attendais avec autant de curiosité que d’amour, fantasmant presque ma séance de cinéma qui, si elle n’est pas immense, sera forcément belle et bonne.

« La chambre d’à côté« , pour ce mois de Janvier 2025, est l’un des films que j’attendais le plus, car pour la première fois, Pedro Almodóvar sort totalement d’Espagne. À soixante-quinze ans, le réalisateur tourne son premier long en langue anglaise, et pour cela, il a posé sa caméra à New York pour y suivre deux grandes, très grandes, actrices, Tilda Swinton et Julianne Moore.

« Pedro Almodóvar livre un film long, qui n’arrive pas à se faire aussi émouvant »

Pour ce premier film « américain », Pedro Almodóvar s’attaque à un sujet pour le moins complexe, puisqu’il s’agit de la fin de vie, et surtout du droit à mourir dans la dignité, sujet ô combien d’actualité. Si tout le film est bien fait, si l’esthétisme est poussé et sublime, si le regard d’une amie sur l’autre est touchant, cette « … chambre d’à côté » reste néanmoins une déception, car au bout du compte, malgré ses actrices, Pedro Almodóvar livre un film long, qui n’arrive pas à se faire aussi émouvant que son sujet le promettait.

Ingrid est une romancière à succès qui est de retour à New York. Lors d’une dédicace, elle croise une amie, qui lui apprend qu’une très vieille amie, Martha, est très malade. Ingrid est secouée, car elle ne s’est jamais brouillée avec Martha, non, c’est tout simplement la vie qui les a éloignées. Alors, avant qu’il ne soit trop tard, Ingrid rend visite à Martha, et cette visite va rapprocher les deux amies plus qu’elles ne le croient.

Eh bien me voilà bien embêté avec la sortie de ce nouveau film de Pedro Almodóvar. Après avoir fait de l’œil au cinéma américain, ou du moins aux films en langue anglaise avec deux courts-métrages, « La voix humaine » et  » Strange Way of Life« , voici donc qu’Almodóvar se lance dans un premier long. Avec « La chambre d’à côté« , film qui est reparti tout de même avec le Lion d’Or de la dernière Mostra de Venise, le réalisateur se lance dans un drame qui a tout pour bouleverser le spectateur. « La chambre d’à côté« , c’est un film qui parle de la fin de vie et du droit à mourir dans la dignité, lorsqu’il n’y a plus d’espoir. Le sujet est d’actualité et on commence à recenser pas mal de films qui ont abordé le sujet. Là, comme ça, les derniers qui me viennent en tête sont « Blackbird » de Roger Mitchell et « Tout s’est bien passé » de François Ozon.

« visuellement parlant « La chambre d’à côté » est un petit bijou. »

Dans son intrigue, « La chambre d’à côté » raconte les retrouvailles de deux vieilles amies qui se sont perdues de vue. L’une d’entre elle est atteinte d’un cancer, elle ne tient pas à attendre que la maladie fasse son œuvre, la diminuant petit à petit. Alors, elle va prendre LA décision, et demander à sa vieille amie, non pas de l’aider, mais d’être simplement là, dans la chambre d’à côté. Avec cette ligne directrice, « La chambre d’à côté » avait tout pour être un film bouleversant et à part, car on imaginait bien la vision et l’esthétisme d’Almodóvar se conjuguer à cette histoire.

En pratique, le film est lent et apporte des longueurs au film, visuellement parlant « La chambre d’à côté » est un petit bijou. Cadrages, lumières, couleurs, plans, décors, séquences, mouvements de caméra, tout est superbe. L’univers d’Almodóvar va très bien à l’Amérique et inversement. De plus, le réalisateur prend soin de magnifiquement filmer ses actrices, sur qui reposent tout le film. D’ailleurs, lorsque l’on parle de ses actrices, il est difficile de ne pas dire du bien de Tilda Swinton et Julianne Moore qui forment un très joli duo à l’écran. On retiendra notamment la deuxième, qui pose un regard plein de compassion, de tendresse et de non-jugement sur la première, qui prend la décision de sa vie.

Mais voilà, malgré tout cela, comme je l’ai dit, ce nouveau Pedro Almodóvar se pose une déception, et même une belle déception, peut-être bien à la hauteur des attentes que le projet véhiculait. L’une des choses qu’Almodóvar voulait absolument éviter avec cette histoire, c’est de tomber dans le misérabilisme et dans le sentimentalisme. Il ne voulait pas d’un mélo qui déborderait, et pour cela, il a tout épuré et à force de cela, sa « … chambre d’à côté » se voit enlever de toute vie et surtout toute émotion. Il reste des moments, ou plutôt des instants, qui sont touchants, mais sur l’ensemble, le film ne l’est pas vraiment, se posant surtout comme un film qui ne cesse de bavarder autour de la mort, des regrets et autres remords, et malheureusement, en plus de se faire longuet, le film finit par s’essouffler, un peu comme la vie qui s’en va petit à petit de Tilda Swinton et ça, c’est tellement dommage.

Au bout du compte, « La chambre d’à côté » nous fait rester que spectateur, alors que le film avait tout pourtant pour nous emporter. Pas vraiment bon, ni mauvais non plus, ce premier film d’Almodóvar tourné en Amérique déçoit plus qu’autre chose. Il est vrai que l’idée de ne pas en faire trop, pour éviter l’écueil du misérabilisme, était bonne, mais à force de vouloir éviter cela, Pedro Almodóvar, malgré ses actrices, a oublié d’injecter de la vie dans son film, et le résultat fait qu’on s’ennuie.

Note : 10/20

Par Cinéted