Avis :
Il semble se passer des choses intéressantes sur la nouvelle scène Metalcore. Alors que le genre est dénigré par ceux qui se revendiquent « true » métalleux (pour ce que ça veut dire…), on voit débouler de nouveaux groupes qui piochent allègrement dans différents styles pour offrir un Metalcore différent, à la fois plus violent, mais aussi plus mélodique. Il suffit d’écouter le dernier album des suisses de Paleface Swiss pour s’en rendre compte. Cursed est le troisième opus de la formation qui a vu le jour en 2017. Bourreau de travail, le groupe va sortir deux EP, puis deux albums entre 2020 et 2022. En partie produit par Florian, le frontman du groupe français Landmvrks, Cursed va être autant une grosse mandale dans la tronche qu’un album court mais complet, qui démontre à quel point en peu de temps, les suisses ont tout compris à leur genre.
Car oui, comme Knocked Loose l’année dernière, Paleface Swiss sort un album qui dure moins d’une demi-heure. C’est peu, on peut même se plaindre quand on voit le tarif des Cd et des vinyles, mais d’un autre côté, cela a deux avantages non négligeables : une réécoute très facile et très rapide, ainsi que la possibilité de bien saisir tous les éléments de chaque morceau, allant même gratter quelques lyrics pour comprendre le fond de l’album. Ainsi donc, dans sa globalité, Cursed est un effort intelligent, un condensé de violence qui trouve petit à petit ses marques pour se calmer sur les deux derniers morceaux, plus longs, plus construits, mais surtout plus mélancoliques. Mais le plus fort dans tout ça réside surtout dans les influences du groupe, qui se trouvent dans le Deathcore, le Metalcore, bien évidemment, mais aussi et surtout dans le Nu Métal.
Car après une introduction qui flirte avec le film d’horreur (on entend une sorte d’incantation en espagnol qui vrille sur la fin en mode film de possession), le groupe balance la sauce avec Hatred, et il sera difficile de ne pas sentir la patte de Corey Taylor et de Slipknot à ses tout débuts. Le chanteur possède le même grain de voix lorsqu’il crie, et on retrouve aussi cette sensation avec les riffs de guitare. Une affiliation qui ne s’arrête pas là, puisque le titre déverse aussi un haut débit de parole, flirtant avec le rap, ce qui donne une rythmique endiablée et qui ne peut que nous faire headbanger dans tous les sens. Même le final, plus lent, offre une envie de bagarre. Quand on aborde …And With Hope You’ll be Damned, on ressent une autre vibe Nu Métal.
En effet, le chant évoque celui de Jonathan Davis de Korn, avec de nombreux gimmicks, avant de s’en éloigner en faisant quelque chose de plus lourd et de plus percutant. Les suisses ont parfaitement su assimiler des réminiscences de leur passé avec leur envie de faire un Deathcore plus violent encore. Puis Don’t You Ever Stop continue ce travail de mélange optimal, donnant du grain à moudre dans le domaine du Deathcore, même si parfois, on a la sensation que le groupe se répète un peu. Néanmoins, c’est surtout à partir de ce titre que l’on découvre que les musiciens ne sont pas des manches, notamment avec un final qui apporte de la variété sur les riffs, tentant même un petit solo. Enough crée la surprise avec un démarrage Hip-Hop hyper bien réalisé, avant de repartir dans un Deathcore surpuissant et donnant une grosse envie de mettre de grosses baignes.
Youth Decay va annoncer la suite de l’album, qui va un petit peu s’assagir. Pour cela, il faut attendre la fin du titre, et son solo de gratte qui va bien, car au début, ça tabasse toujours aussi fort. Néanmoins, le titre est plus travaillé que les autres et montrent que les jeunes suisses ont de la suite dans les idées. D’autant plus que ce morceau rentre plus dans une veine Metalcore que le reste, avec un refrain plus marqué. My Blood on Your Hands peut se voir comme un interlude d’une rare violence, avec une répétition des paroles qui restent bien en tête et un petit cri de cochon qui confine le titre au Grind.
Puis les deux derniers morceaux seront plus « calmes » et plus longs. Love Burns renoue avec le côté Slipknot, tout en allant vers un final plus doux et plus entêtant. Le chant clair se prête à merveille au côté mélancolique recherché par le groupe, et si cela peut surprendre, c’est en bien. D’autant plus que la grosse surprise provient de River of Sorrows. Ici, ça emprunte au dernier album de Whitechapel, avec une mélancolie poignante, qui se retrouve aussi dans le sens des paroles. Le titre est une réussite totale, jusqu’à son final plus nerveux, mais qui bénéficie d’un solo parfaitement exécuté. Bref, une grosse claque qui ne demande qu’à être écoutée encore et encore.
Au final, Cursed, le troisième album de Paleface Swiss, est une superbe réussite qui démontre que le Metalcore à tendance Deathcore, voire Nu Métal, a encore de beaux jours devant lui, surtout quand il est porté par de jeunes gens talentueux qui ont savamment digéré leurs influences. Bref, malgré sa courte durée, cet effort dévoile de nombreuses facettes, et se révèle suffisamment dense pour que l’on y prenne un plaisir monstrueux.
- Un Pobre Nino Murio
- Hatred
- …And With Hope You’ll be Damned
- Don’t You Ever Stop
- Enough
- Youh Decay
- My Blood on Your Hands
- Love Burns
- River of Sorrows
Note : 17/20
Par AqME